
Vingt-cinq excellents disques de 2025, pour nous consoler d'une année vraiment pas terrible sur de nombreux points (conflits, tensions, disparitions, climat...). Puissent-ils faciliter le passage à N+1.
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Micah P. HINSON. The tomorrow man (Panderosa Music)
Naissance à Memphis Tennessee, enfance et adolescence au Texas, dans une famille de fondamentalistes chrétiens, addictions diverses, dépression, divorce, accident de van en tournée (qui l’a empêché de jouer de la guitare pendant un certain temps) et, pour couronner le tout, cheveux rasés sur le côté avec mullet. Pour certains, ça peut faire beaucoup. Cela posé, on oublie rapidement les handicaps de Micah P. HINSON quand on écoute sa musique. Possiblement son plus beau, son quinzième album est une merveille de country-folk orchestrale et gothique, rappelant ce que LAMBCHOP a fait de mieux (du milieu des années 90 jusqu'à l'an 2000) : des compositions incroyables de grâce et de mélancolie portées par une voix gutturale et soutenues par la luxuriance des cordes. Un Noël permanent.
RALC#902
RALC#908 - Bons goûts et mauvaise foi 2/2
Adrian CROWLEY. Measure of joy (Valley Of Eyes Records)
En Irlande, il n'y a pas que du post-punk de stade et du rock épique (ce qui revient un peu au même, hein, quelle différence entre FONTAINES DC et U2 ? ), demeurent encore et aussi de délicats songwriters de folk (cf. le Cold sea d'Oisin LEECH l'an passé). Quatre ans après The watchful eye of the stars, le chanteur irlandais Adrian CROWLEY revient avec Measure of joy, un dixième album produit par John PARISH (qui joue aussi des instruments), qui se situe dans la droite lignée d'ARAB STRAP, des TINDERSTICKS, de Leonard COHEN, de James YORKSTON ou de Matt ELLIOTT. Autant dire que l’ambiance n’est pas à la rigolade : tempo lent, tessiture vocale très basse et mélancolie chaloupée en territoire bossa-folk, avec Nadine KHOURI en vocaliste de luxe. Beau, sobre et sombre.
RALC#878
RALC#907 - Bons goûts et mauvaise foi 1/2
PULP. More (Rough Trade Records) + réédition Different class (Polydor)
Le retour inattendu du classieux Jarvis COCKER (et de sa troupe), qui fête aussi la trentaine de son classique Different class. La méga classe ! À quand une tournée française ?
RALC#895
Ezra FURMAN. Goodbye small head (Bella Union)
Sur ce (déjà) dixième album studio, comme à son habitude, Ms Ezra FURMAN ne livre ni une resucée de ce qu'elle a fait auparavant (son précédent date de 2022), ni un produit consensuel. Une fois de plus, l'auditeur sera décontenancé à la première écoute, mais n’est-ce pas une bonne chose que de ne jamais être en terrain conquis ? Avec ses cordes très rythmiques qui dament le pion aux guitares (Sudden storm, Strange girl, Jump out), des écarts vers la jungle bowiesque (You mustn't show weakness) et une tension permanente, Goodbye small head ne se laissera pas apprivoiser tout de suite. D'aucuns seront séduits par de la ballade acoustique belle à pleurer (Veil song, très Neil YOUNG 74), d'autres par des douceurs éthérées lynchiennes (You hurt me, I hate you, que l’on aurait pu aisément découvrir sur un album d’Hemi HEMINGWAY). En conclusion de disque, voix écorchée et furie des guitares (I need the angel) devraient plaire aux fidèles d'Ezra FURMAN.
RALC#892
RALC#907 - Bons goûts et mauvaise foi 1/2
Matt BERNINGER. Get sunk (Concord Records)
En alternant album de The NATIONAL une année et disque solo celle qui suit, le père BERNINGER garde le rythme. Le millésime solitaire 2025 est un poil en dessous du précédent, mais comporte l'une des plus belles chansons de l'année (Silver jeep).
RALC#892
BAMBARA. Birthmarks (Bella union)
La musique cold du trio New-Yorkais va trouver une place dans votre discothèque au rayon corbacks (BAUHAUS, Nick CAVE, SISTERS OF MERCY, KILLING JOKE), voire ex-garçons coiffeurs (DEPECHE MODE, période Ultra).
RALC#884
RALC#907 - Bons goûts et mauvaise foi 1/2
Ron GALLO. Checkmate (Kill Rock Stars)
Sur son sixième album, la pop folk fond du temps de l'américain Ron GALLO évoque autant John LENNON (Fantasy), Kevin MORBY (notamment dans la diction), la bossa sophistiquée des premiers Jay-Jay JOHANSON, qu'un certain romantisme beautiful loser cher aux regrettés Johnny THUNDERS, EPIC SOUNDTRACKS ou Rowland S. HOWARD.
RALC#902
RALC#907 - Bons goûts et mauvaise foi 1/2
SUEDE. Antidepressants (BMG)
Belle actualité au rayon Top of the pops. Après le retour de PULP (cf. plus haut), Brett ANDERSON (en grand forme vocale) et son équipe ont eux aussi remis le couvert cette année, avec un disque musclé et élégant. Rendez-vous à L'Olympia (unique date française) à la mi-mars.
ECHOLALIA. Echolalia (Full Time Hobby)
L’anglais Spencer CULLUM vit à Nashville depuis des lustres. Avec une bande de cadors américains, il est revenu enregistrer un disque au bled, dans une vieille bicoque (une abbaye de l’Île de Wight, selon la légende biographique), sur du matériel vintage et analogique, sous le nom d'ECHOLALIA. Sur le premier album de ce supergroupe, les DOORS font un saut à Canterbury (plutôt au pub qu’à l’école), Neil YOUNG rêve en regardant les étoiles et un coffre aux trésors contenant des inédits de McCARTNEY et d’Elliott SMITH vient d’être découvert. La folk champêtre d’ECHOLALIA se frotte au jazz, au rock progressif, au psychédélisme, le cabaret berlinois des années 30 est revisité (dans un esprit Nina SIMONE / BAD SEEDS / TIGER LILLIES) et la pedal steel guitar de la country nous fait oublier les horreurs du monde moderne.
RALC#881
RALC#908 - Bons goûts et mauvaise foi 2/2
The APARTMENTS (Talitres) - That's what the music is for
Porté par l'émouvante voix de l'Australien Peter WALSH, empreint de sobriété mélancolique et de beauté mélodique, That's what the music is for... pose en filigrane cette question : à quoi sert la musique ? Quelques notes de guitare, de piano, de trompette et la voix la plus triste au monde pour apaiser, aider, accompagner...
RALC#898
Steve GUNN. Daylight daylight (No Quarter / Modulor)
En épurant son propos guitaristique, le prodige américain Steve GUNN, se rapproche de plus en plus de Tim HARDIN et surtout de Nick DRAKE. Soulignée par de délicieuses corde, sa folk pastorale flirte avec un psychédélisme plutôt anglais ; idéal pour prendre le thé ou passer son temps à glandouiller.
RALC#903
Stephan EICHER. Poussière d'or (Barclay)
De moins en moins underground, notre helvète préféré met magnifiquement en musiques les textes lumineux de son ami Philippe DJIAN. De l'or en barres.
Gus ENGLEHORN. The hornbook (Secret City / Modulor)
Moins lo-fi, car un peu plus produit que son Dungeon master de 2022, plus solaire (Gus, ex-champion de snowboard, a quitté Montréal pour Hawaii, pays de glisse), donc moins cafardeux, ce troisième album n’en reste pas moins dérangé. On sent qu’au plafond, les araignées sont toujours là. The hornbook, c’est Syd BARRETT en pleine redescente sous le soleil, ce sont les PIXIES qui prendraient une leçon d'écriture chez TV PERSONALITIES, c'est BECK qui aurait retrouvé insouciance et inspiration.
Fortement aidé par sa compagne-musicienne Estée PREDA, Gus ENGLEHORN a réalisé un merveilleux abécédaire (hornbook en V.O) pop, fantastique et psychédélique, aux comptines peuplées de monstres gentils, de personnages légendaires, de chevaliers épiques et torturés (Roderick of the Vale, très early BOWIE à Canterbury, voire KINKS au Village Green).
RALC#877
Mixtape #63
RALC#908 - Bons goûts et mauvaise foi 2/2
KACIMI. Mauvaise (Le Pop Club Records)
Après avoir prouvé qu'il maîtrise totalement la question pop, autant avec ses REBELS OF TIJUANA que sur ses précédentes galettes solo (et aussi sur la belle mixtape estivale qu'il nous a concocté la saison dernière), l'esthète Suisse nous montre désormais son côté sauvage, tout en gardant une certaine élégance. Mauvaise est excellent et s'inscrit dans une belle lignée Ronnie BIRD / early Jacques DUTRONC / Gilles TANDY / Tony TRUANT. Du pop garage rock 60’s de très bonne tenue. Le garage, certes, mais sans le cambouis.
RALC#898
RALC#877
Mixtape #96
BALCONY'S PARADISE. Spot the difference (Bretford Records / Cargo)
Attention : le deuxième album du duo berlinois BALCONY'S PARADISE ne sera pas facile d'écoute pour celles et ceux qui aiment les choses lisses et les productions léchées (vous voulez des noms ? Écrivez à la rédaction). Chez BALCONY'S PARADISE, on est dans le post-rock psychédélique à la production minimaliste flirtant avec de grands dérangés désormais au paradis (Syd BARRETT, Daniel JOHNSTON notamment). C'est de la freak music totale, sans limites de styles ou de genres, et c'est Lorenz O'TOOL (de CHUCKAMUCK et de Die VERLIERER, de la galaxie berlinoise Bretford) qui dirige la barque pop-punk en compagnie de Jeremy TAYLER, batteur australien. Outre leurs compositions hirsutes et débraillées, composées sur des instruments pas forcément bien accordés, enregistrées en (très) basse fidélité, possiblement en une seule prise et sans retouches, le duo se frotte à des reprises : deux du groupe lo-fi punk américain M.O.T.O. (MASTERS OF THE OBVIOUS), une de leur ami Jeff CLARKE (Weird ways, jouée à la PALACE BROTHERS ; cf. ci-dessous puisque le guitariste des BLACK LIPS a sorti lui aussi un beau disque cette année) et une des allumés anglais TELEVISION PERSONALITIES. Il y a même un peu de saxophone (assuré par Philipp GROPPER), pour ceux qui aiment le jazz free style (Fishing next to the lillies).
RALC#901
RALC#879
The SAXOPHONES. No time for poetry (Full Time Hobby)
Rien de révolutionnaire sur le nouvel album du duo californien The SAXOPHONES. Les détracteurs trouveront cela mou et soporifique. Les gens de goût relèveront le côté suave, élégant et vaporeux, comme si les TINDERSTICKS invitaient Jay-Jay JOHANSON dans leur chalet (Winter moon, imparable). Idéal pour regarder les premiers flocons de neige tomber.
RALC#903
Jeff CLARKE. Miracle after miracle after... (Bretford Records)
Depuis l'écurie Bretford Records, Jeff CLARKE, guitariste des BLACK LIPS exilé à Berlin, nous offre un deuxième album : Miracle after miracle after... S'il est un peu plus orchestré que le précédent (Locust, 2023), il ne faut quand même pas exagérer non plus dans la débauche de moyens : les guitares sont juste doublées et on décèle un peu de batterie ainis qu'un soupçon de piano en additifs. Ses chansons très courtes propulsent la folk initiale de Jeff CLARKE en terre country-déjantée, soit chez le Daniel JOHNSTON de la période Fun ou le Arise therefore des PALACE BROTHERS : poncée au papier de verre, la voix chevrote sur un lit de guitares folk rapeuses. Malgré une production plutôt minimaliste (pour ne pas dire lo-fi), l'ensemble n'en demeure pas moins harmonieux, notamment grâce aux choeurs de l'ami Oskar WALD (Die VERLIERER, CHUCKAMUCK).
RALC#906
INSECURE MEN. A man for all seasons (Fat Possum)
Saul ADAMCZEWKI, le guitariste de la FAT WHITE FAMILY a retrouvé son ami Ben ROMANS-HOPCRAFT (CHILDHOOD, WARDUSCHER) sur le troisième album des INSECURE MEN. On est loin de ce que l'on pouvait imaginer quand on sait la quantité d'opiacés que les lascars se sont mis dans le cornet. Certes, il y a peu d'unité dans ce disque, puisque ça part dans tous les sens (synth-pop osant la rencontre des garçons coiffeurs d'HUMAN LEAGUE avec T-REX, presque Gary NUMAN chez les PET SHOP BOYS, kraut Bowiesque, indus berlinoise à la Iggy période The idiot, ballade country lacrymale proche du Closer to you de Daniel ASH, hommage à Al GREEN…), mais que de belles chansons !
STARSHOOTER. Garage bandes 1977 - 1981 (Simplex Records)
Les démos-pré prods de la première période de STARSHOOTER et celles de sa dernière sur un double album ? Adoubé par KENT lui-même, un rêve réalisé par Christophe SIMPLEX qui devient le cadeau idéal pour tout fan du meilleur groupe lyonnais du monde. Suggestion : serait-ce possible de faire la même chose avec les démos des deuxième et troisième albums ?
RALC#889
Chris ECKMAN. The land we knew the best (Glitterhouse Records)
Au milieu des années 90, depuis Seattle, il n'y avait pas que du grunge à se mettre dans les oreilles, fort heureusement ! The WALBABOUTS jouaient de la belle Americana, entre tradition (Satisfied mind, 1993) et sophistication (Devil's road, 1996). Malgré la séparation du couple Carla TOGERSON - Chris ECKMAN (qui enregistrèrent en version duo sous le nom de CHRIS & CARLA ; cf. le somptueux Life full of holes en 1995, avec la participation de quelques TINDERSTICKS et de Peter BUCK de R.E.M.), l'aventure musicale durera jusqu'en 2015. Depuis, Monsieur ECKMAN garde le cap de la country-folk song élégante. Un sixième (?) album solitaire indispensable, avec une magistrale chanson de clôture, digne de Bill FAY (The last train home).
TV SUNDAZE. Plastic bags / Packing tape (Howlin' Banana Records / Le Cèpe Records / Tape Source Records)
Sur leur troisième (et excellent) album, Plastic bags/Packing tape, nos gloires locales valentinoises TV SUNDAZE ont non seulement musclé le propos (les guitares sont vraiment bien en avant ! ), mais aussi complexifié les structures des morceaux. Pour la plupart protéiformes et évolutifs (pour ne pas dire labyrinthiques), certains surprendront, voire déstabiliseront bon nombre d’auditeurs qui les ont connus à la station ligne claire du départ. Le groupe se frotte ici à des terrains de jeu encore peu explorés, notamment dans des passages post-punk syncopés à la DEVO (bien en vogue actuellement) ou dans des portions de lourdeur métallique du psyché-stoner. L’excellente production (en partie co-réalisée par Romain DA SILVA, guitariste du groupe, récemment producteur de JOHNNY CARWASH) met en valeur ce qui faisait déjà la force de TV SUNDAZE, tant sur scène (en France, comme récemment lors de leur tournée américaine) que sur Harness, son précédent disque : solide assise rythmique, mélodies vocales imparables, guitares qualitatives (entre cristal harmonique et papier de verre). Un groupe de mecs bien !
Pour prolonger le plaisir, nous vous proposons deux longues rencontres avec le groupe : la première dans le Casbah Webzine, la seconde dans le 215ème numéro de l'émission Dig Dig Diggers de la Ferarock.
RALC#887
RALC#881
RALC#876
Leslie GRAVES and Toby GOODSHANK. Between worlds (BB*Island)
Depuis Brooklyn, Leslie GRAVES, chanteuse délicate (entre Suzanne VEGA et Lana DEL REY) et Toby GOODSHANK, ancien héros de l’antifolk (notamment au sein des MOLDY PEACHES), accompagnés de Jake NICOLL et de Ariel SHARRAT (membres de l’excellent groupe canadien The BURNING HELL), nous livrent un magnifique premier album commun. Boisée, harmonieuse et céleste, autant lumineuse que sombre, leur folk marche sur les pas de R.E.M., MAZZY STAR, voire de LOW. Un album plus frais et surprenant que le dernier BIG THIEF (la grosse déception de 2025 ! ).
RALC#896
STUDIO ELECTROPHONIQUE. LP (Valley Of Eyes Records)
STUDIO ELECTROPHONIQUE est le projet solo du chanteur et compositeur anglais James LEESLEY, originaire de Sheffield, ville riche en talents (PULP et Richard HAWLEY, rien que ça ! ). Si on a parfois l'impression d'entendre JESUS & MARY CHAIN en version ligne claire (sans barbelés de guitares distordues), on pense aussi au troisième album du VELVET UNDERGROUND (leur meilleur malgré l’absence de John CALE) qui aurait été repris par BELLE & SEBASTIAN. De la pure pop d'esthète pour les esthètes.
RALC#897
RALC#907 - Bons goûts et mauvaise foi 1/2
Theo HAKOLA. Truth and common decency (Mediapop Records / Microcultures)
L'ami américain Theo HAKOLA a assemblé ses brûlots anti TRUMP & co. en les agrémentant de nouvelles chansons. L'année 2025 finit plutôt bien La vie est (presque) belle.
Mixtape #90
TROY VON BALTHAZAR. Aloha means goodbye (Vicious Circle)
En parallèle de belles rééditions de son ancien groupe tellurique CHOKEBORE et malgré de sérieux soucis de santé, l'hawaïen TROY VON BALTHAZAR a livré depuis sa Creuse d'adoption une excellente galette cette année, sur laquelle on trouve des morceaux parmi les plus poignants de sa carrière (chaudement recommandés : Hammertime et St. Patience).
RALC#884
RALC#886
. . . B O N U S T R A C K S . . . B O N U S T R A C K S . . .
Puisqu'il est impossible de se limiter à seulement 25 disques,
voici quelques pistes supplémentaires...
PERFUME GENIUS. Glory (Matador Records)
Avec des chansons imparables (mention spéciale pour Me & angel), des harmonies vocales belles à pleurer et une invitée dont on n’avait plus de nouvelles depuis longtemps (Aldous HARDING, évanescente sur No front teeth), Mike HADREAS s’inscrit dans une descendance CROSBY, STILLS, NASH & YOUNG (Déjà vu) - R.E.M. (période Out of time - Monster).
RALC#886
Jeffrey LEWIS & The VOLTAGE. The even more freewheelin' Jeffrey Lewis (Don Giovanni Records/ Blang Records)
Dans la famille des mavericks new yorkais à tendance anti-folk, Jeffrey LEWIS est un véritable pape, puisqu'il conjugue musique home made et bandes dessinées underground depuis la fin du XXème siècle. Avec une pochette très drôle, tant dans le visuel que dans le titre (détournement-hommage au deuxième disque de Bob DYLAN), The even more freewheelin' Jeffrey Lewis ravira les fans de toujours et séduira, espérons-le, celles et ceux qui vont aujourd'hui le découvrir. De moins en moins lo-fi depuis quelques disques, Jeffrey LEWIS et son groupe The VOLTAGE se voient, une seconde fois, produits depuis Nashville par Roger MOUTENOT, qui a bossé avec Lou REED et YO LA TENGO. Comme ce n'est pas le frère à manchot, il arrive à sublimer les compositions do it yourself cra-cra du barde folk urbain. L'essence est préservée, l'efficacité est garantie : dérision textuelle et grammaire loureedienne (riffs, phrasé, nonchalance) accueillent à bras ouverts choeurs et douces harmonies vocales.
RALC#885
Daniel KNOX. Mercado 48 (H.P. Johnson Presents)
Le chicagoan Daniel KNOX se situe entre Bill FAY, Tom WAITS et le Géant Vert (voire le Père Noël). Sachant qu’il a fait chanter Jarvis COCKER sur un titre jazzy, repris les chansons de Twin Peaks, le Last christmas (de WHAM ! ) ou Love will tear us apart (de qui vous savez), il est urgent que le monde entier le découvre.
MAGON. Zoe rainbow days (Autoproduction, 07/11/2025) + Broke (11/07/2025)
+ Tales of a mountain child (T-Rex Recordings, 14/03/2025)
Les habitués de la Casbah le savent, le franco-israélien MAGON est l'un de nos chouchous stakhanovistes. Mais au contraire de bon nombre d'artistes jeunes et contemporains, il se bonifie de disque en disque. Cette année, depuis le Costa Rica, il a produit... 3 albums ! Si les comptes sont bons, en six ans de carrière, il en a commis 13 (tout aussi bon, le prochain paraîtra le 16 janvier). Musicalement, il va pour le mieux. Il semble avoir découvert Pierre HENRY et Syd BARRETT (Face behind the sun sur Broke), explore son côté acoustique (notamment sur Zoe rainbow days), délaisse un peu les PIXIES, tout en continuant de s'abreuver à de belles sources (Lou REED, MAZZY STAR, LOVE, JJ CALE, Van MORRISON, Bob DYLAN, Jonathan RICHMAN et même Jacques DUTRONC). Entre doutes existentiels, mélancolie, insouciance et joie de la vie de famille au soleil, la musique de MAGON nous fait du bien. On l'adore.
RALC#904
RALC#899
RALC#883
PRETTY INSIDE. Ever gonna heal (Flippin’ Freaks Records / Howlin’ Banana Records / Les Disques du Paradis / Tête Froide Records / Permanent FREAK / Hell Vice i Vicious Records / Outatime Records, 12/12/25)
Ce troisième album des bordelais PRETTY INSIDE nous parvient pile au moment du bouclage de fin d'année, ouf ! Alexis DEUX-SEIZE et sa troupe labourent toujours les terres de la power pop et des 90's (imparables Really diggin' you et Jalousy), mais vont aussi faire un tour vers la folk moderne douceureuse ((Please don't hide from) The sunbeams).
JAWHAR. Khyoot (62TvRecords)
En arabe, le mot Khyoot est le pluriel de kheet, qui signifie fil, corde, filament. Et, ça tombe bien car le chanteur belgo-tunisien JAWHAR a plus d'une corde à sa guitare acoustique et des cordes vocales de velours. Sa folk mélancolique se nourrit d’un piano économe, sur le fil, ou encore d’harmonies célestes, rendues possibles grâce à la superbe seconde voix d’Azza MEZGHANI. Aujourd’hui, les délicats filaments musicaux de JAWHAR nous relient au firmament folk du grand et regretté Nick DRAKE.
RALC#874
Jesse SYKES & The SWEET HEREAFTER. Forever, I've been being born (Ideologic organ)
Le monde va mal, oui. Aussi quand une bonne nouvelle arrive, autant se réjouir. Cette année, ce fut le retour discographique de Jesse SYKES et de son SWEET HEREAFTER, soit Phil WANSCHER (ex-WHISKETOWN), après 14 ans d'absence des bacs. Sur un tempo lent, la voix de la country girl demeure envoûtante, la guitare atmosphérique captive. Un beau voyage immobile vers l'Amérique des grands espaces.
EVERYTHING IS RECORDED. Temporary (XL Recordings)
Cela faisait longtemps que nous n'avions pas été envoûté par la voix de Bill CALLAHAN, invité de luxe sur ce disque de producteur qui n'en a aucun travers. L'impeccable Richard RUSSEL fait aussi appel à Samantha MORTON sur la sublime You were smiling. Sont aussi convoqués Jah WOBBLE, Jack PENATE, Florence WELCH...
RALC#890
SEXVERBOT. Sexverbot (Bretford Records)
Sur Tausendeuroschein, premier album de SEXVERBOT (ou S3XVERBOT) produit par Lorenz - O’TOOL - SZUKAL (Die VERLIERER, BALCONY'S PARADISE, voir plus haut), ça joue fort, souvent vite et sans chichis. Évoquant la rugosité de BIRTHDAY PARTY, le groupe allemand flirte également avec l'urgence des BUZZCOCKS et le panache décadent de Johnny THUNDERS et ses HEARTBREAKERS. Textuellement, SEXVERBOT aborde, entre autres sujets, l'autodestruction, les mirages du new age, les injustices et le capitalisme sauvage... Willkommen dans le monde actuel !
RALC#888
SARAKINIKO. Grand oeil (EP) (La Maison Des Corbeaux)
Après deux albums bien aimés par ici, Yann CANEVET revient avec un format court de 4 titres. Entre le Jungle pulse de DAHO (cf. Résérection de St ETIENNE DAHO) et le premier album de MIRWAIS (époque New Rose, avant la rencontre avec la Madonne), tout est fait pour nous séduire : beat redoutablement efficace, paroles empreintes de poésie cryptique voire mystiques/ésotériques portées par des mélodies. Le français lui va si bien !
RALC#898
Mixtape #88
IGNATUS. Dans les virages (Ignatub, 2025)
Dans les virages et très souvent dans la marge, Tonton IGNATUS nous régale de nouveau avec sa poésie mélancolique abordant tracas, doutes et joies de l'être humain au quotidien. Mentions spéciales pour Elle tricotait et Un verre de vin.
Marc DeMARCO. Guitar (Mac's Record Label)
La hype enfin retombée, on commence à apprécier la musique du Canadien, surtout qu'il ne se cache plus derrière des effets sonores perturbants et qu'il écrit enfin de belles chansons. Il était temps !
TH DA FREAK. Negative freaks (Howlin' Banana / Flippin' Freaks Records / Les Disques du Paradis)
La fratrie bordelaise PALIS et leurs camarades enfoncent le clou d'une musique profondément ancrée dans les 90's furibarde. Du bon boulot !
RALC#884
Dig Dig Diggers #206 (Ferarock) 18/04/2025
THIS WILL DESTROY YOUR EARS. Funland (A Tant Rêver du Roi, Luik Music, Cowboy A La Mode et Conicle Records)
Inspiré par le parc d'attractions anglais de Blackpool, le Funland des landais THIS WILL DESTROY YOUR EARS comporte dix chansons urgentes, épiques et atmosphériques. Guitares en avant, voix parfois masquée par les effets, mélodies imparables, l'esthétique musicale évolue entre grunge, émo-core et shoegaze.
RALC#899
Mixtape #100
FOXWARREN. 2 (Anti-)
Beau deuxième essai de musique quasi-cinématique d'Andy SHAUF et ses amis.
RALC#892
HORSEGIRL. Phonetics on and on (Matador, 14/02/2025)
Plaisant et rafraîchissant deuxième disque du trio féminin de Chicago, sous hautes et bonnes influences (Switch girls : comme si CAT POWER reprenait le Beginning to see the light du VELVET UNDERGROUND).
RALC#879
Alan SPARHAWK. With Trampled By Turtles (Sub Pop / Modulor)
Même sans sa Mimi PARKER, Alan S. continue dans la lignée de LOW, depuis Duluth - Minnesota, avec leur fille Hollis (qui a quasiment la voix de sa mère) et le groupe TRAMPLED BY TURTLES, en se tenant loin de ses récentes expérimentations électroniques difficilement digestes.
RALC#892
Benjamin BIOLAY. Le disque bleu (Virgin)
Un disque trop long (car double), un peu décevant (mais pas autant que le BIG THIEF - oui, 2ème couche ! ), avec toutefois quelques belles fulgurances catchy (le gaillard sait quand même écrire et composer de beaux titres).
Julii SHARP. Burning line (Only Lovers Records)
Toucan, le premier EP dépouillé de la Toulousaine Julii SHARP nous avait plu. Elle a cette année passé le cap du premier album, en version groupe. Sa folk se fait désormais plus puissante et ténébreuse, lorgne (sur le papier) la musique de Karen DALTON, mais se rapproche plutôt de Jessie SYKES (qui a enfin produit de nouveau un disque cette année, après presque 15 ans de silence discographique, cf. un peu plus haut), et surtout de TARNATION (à redécouvrir absolument !!!). On l'apprécie cependant autant en version bande que solo (cf. Atmosphere, belle conclusion)
RALC#902
DEPECHE MODE. Memento mory : Mexico City (Sony Music)
Malgré les années et les excès passés (?), Dave G., Martin L. G. et leurs sbires restent au sommet, surtout quand il est question de faire les malins dans un stade. Seul problème : toutes vos étrennes de Noël vont y passer pour la version quadruple vinyle.XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah#907 - Bons goûts et mauvaise foi 1/2 (17/12/2025)
Rock à la Casbah#908 - Bons goûts et mauvaise foi 2/2 (24/12/2025)
Dans nos archives écrites :
Ce que je retiens de 2024, par bingO (31/12/24)
Ce que je retiens de 2023, par bingO (31/12/23)
Ce que je retiens de 2022, par bingO (31/12/22)
Ce que je retiens de 2021, par bingO (31/12/21)
Ce que je retiens de 2020, par bingO (01/01/21)
Ce que je retiens de 2015, par bingO (31/12/15)
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Photographies : b i n g O / DR.
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