#67 MIXTAPE Julien RIBOT

          
     Après nous avoir projeté outre-espace avec son indispensable Do you feel 9 ? (notre OVNI musical préféré de 2021), Julien RIBOT a sélectionné une bande-son propice à un nouveau voyage.

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     Auteur-compositeur, chanteur, vidéaste, plasticien et metteur en scène français, Julien RIBOT est un artiste multi-cartes passionnant. Choisi avec goût, chaque titre de cette Mixtape fait ici l'objet d'une note d'intention. Bon voyage !

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Bernard HERRMANN - Vertigo (Theme)
Vertigo (Mercury, 1958)
Pour l'osmose entre le compositeur et le réalisateur, comme la véritable naissance de leur duo.
Pour le lyrisme époustouflant de l'orchestration.
Pour l'influence espagnole dans les rythmes et les instruments utilisés.
Pour cette musique-référence dans l'histoire du septième art. Un repère iconique.
Pour la collaboration passionnelle, attisée par l'intransigeance maladive du cinéaste et le caractère irascible, indomptable du musicien.

Brian ENO - Third Uncle

Taking tiger mountain (by strategy) (Island Records, 1974)
Pour le rythme de cette chanson qui rend fou.
Pour les guitares ultra-saccadées au rythme sur-soutenu
Pour les voix désabusées et hypertendues.
Pour le texte au comique métaphysique.
Pour le jeu de cartes des Stratégies Obliques développé pour cet album (il me semble).
Pour le mot Tiger dans le titre de l'album qui me rappelle la phrase des MONTY PYTHON « A tiger in Africa ? ».
Il existe aussi une excellente version live de ce titre enregistrée au Queen Elizabeth Hall en 1976, et BAUHAUS en a fait une très bonne reprise en 1982.

David BOWIE - After all

The man who sold the world (Mercury, 1970)
Pour la voix de BOWIE, si particulière sur ce titre. Il a rarement usé de ce timbre très doux, d'une ultime mélancolie.
Pour les choeurs de créatures fantastiques qui lui répondent avec cette phrase mystérieuse « Oh by Jingo ».
Pour les guitares folk renversées.
Pour l'arrivée en glissando du stylophone.

Alice COLTRANE - Firebird 

Lords of Lords (Impulse!, 1972)
Pour le fait de ne pas savoir quoi dire sur cette musique tellement son charme divin vous emmène dans une autre dimension, et vous coupe tout envie d'utiliser un vocabulaire forcément inadapté pour l'évoquer. 
Pour le génie de deux de mes artistes préférés : Alice COLTRANE et Igor STRAVINSKY qui se fréquentent ici dans ces divines fréquences. Alice COLTRANE raconte qu'elle a rencontré l'esprit de STRAVINSKY le 20 mars 1972 (le compositeur était décédé depuis un an). Il lui aurait « fait boire » un élixir magique qui aurait donné à Alice d'incroyables dons dans l'écriture des cordes de l'orchestre.

SUN RA ARKESTRA - Nuclear war

Nuclear war (Y Records, 1983)
Pour la coolitude absolue de SUN RA.
Pour son origine extraterrestre.
Pour sa mythologie égyptienne cosmogonique.
Pour l'afrofuturisme.
Pour le mélange de douceur et d'apocalypse, et son humour sombre et décapant au millième degré.
Pour ses « Yeah » désopilants.

BLACK MIDI - John L

Cavalcade (Rough Trade, 2021)
Pour le clip inspiré par Metropolis, 2001 Space Odyssey, les Teletubbies (peut-être ? ), et aussi les tuyaux du Centre Pompidou qui recrachent de la fumée jaune.
Pour la chorégraphie géniale de Nina McNEELY.
Pour les coupures brutales et les pianos dissonants, et la voix scandée et prophétique.
Pour la liberté zappaesque dans la structure de la chanson.

Fred FRITH - Evolution

Cheap at half the price (Ralph Records, 1983)
Pour le voyage (rare) de Fred FRITH dans le monde de la pop.
Pour le second degré qui imprègne ses chansons.
Pour tout l'album Cheap at half the price.
Pour la liberté et l'inspiration que nous offre Fred FRITH dans le reste de son oeuvre. Il faut le voir avec sa guitare sur les genoux, improvisant, cherchant, laissant tomber toutes sortes d'objets sur les micros de l'instrument, caressant les cordes avec des pinceaux, etc.
Pour la chance que j'ai d'avoir rencontré ce génie musical. C'était en 2018 à Rome à la Villa Médicis, où nous partagions la scène lors du festival Villa Aperta. Nous avons sympathisé et Fred a joué quelques guitares extraordinaires sur mon dernier album Do you feel 9 ?.

Tom WAITS - Somewhere

Blue Valentine (Asylum Records, 1978)
Pour la réunion de la voix de Tom WAITS et de la musique de BERNSTEIN.
Pour les emprunts musicaux faits à BEETHOVEN (dans l'adagio de son concerto pour piano L'Empereur) et à TCHAÏKOVSKY (dans Le lac des cygnes)
Pour le film West Side Story dont la chanson est issue.
Pour le charme infini de Tom WAITS.
Pour la trompette qui semble se promener dans le quartier West de New-York, grimpant aux grillages et se faufilant dans les escaliers de service en Z qui serpentent le long des façades.

MONTY PYTHON - Galaxy Song

Monty Python's The meaning of life (MCA Records, 1983)
Pour le mot qu'il faudrait inventer et qui résumerait « intelligence-humour-génie ».
Pour le film dans laquelle se trouve cette chanson.
Pour les bigoudis de Terry JONES et le costume rose d'Eric IDLE.
Pour la porte magique en forme de frigo.

DEBUSSY - Golliwog's cake walk

Children's corner (1906-1908)
Debussy's Greatest Hits (Columbia, 1970)
Pour la collision spatio-temporelle entre les années 1980 et les années 1906, période à laquelle le titre a été composé par le génie DEBUSSY.  En effet, c'est un titre que j'ai découvert dans un jeu vidéo (!) lorsque j'étais enfant dans une version musicale 8 bits. Le jeu date de 1987 je crois. C'est le genre de petit évènement qui vous marque lorsque vous êtes enfant car vous comprenez que les choses ne sont pas figées, et qu'elles ne doivent surtout pas être rangées dans des cases. DEBUSSY et la musique électronique se sont rencontrés.

Philip GLASS - Heroes

Heroes Symphony (Point Music, 1997)
Pour la sollicitation de l'intelligence de l'auditeur par Philip GLASS.
Pour le labyrinthe fabriqué par Philip GLASS où l'on cherche la chanson originale de BOWIE. On l'aperçoit de temps en temps, puis elle disparait, pour réapparaitre un peu plus loin.
(et donc) pour la double écoute que provoque cette oeuvre.
Pour l'orchestration divine.

PINK FLOYD - See Emily play

Single (Columbia, 1967)
Pour les paroles imbibées de rêverie shakespearienne.
Pour le piano accéléré.
Pour le bottleneck joué avec une règle en plastique.
Pour cette frontière dans laquelle le groupe évolue sans jamais se décider entre la comptine  pour enfants et la pop psychédélique.
Pour l'artiste-sculpteur Emily YOUNG qui a probablement inspiré la chanson à Syd BARRETT.
David BOWIE en a fait une excellente reprise dans son album Pinups en 1973.

 

Julien RIBOT

(10 août 2022)
 

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jribot_pochette_cd_machine_ecrire.jpg, by Bingo
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Julien RIBOT. Do you feel 9 ? (December Square, 2021)
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Pour prolonger...

Julien RIBOT : Bandcamp
Julien RIBOT : site web
Julien RIBOT : Facebook
Julien RIBOT : Do you feel 9? [vidéo-clip]
Julien RIBOT : Hey you kow Wonderland! [vidéo-clip]

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Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #749 (27/10/2021)
SDPU #278 (06/11/2021)
Rock à la Casbah #756 - Retro-best of 21, Vol. 1 (22/12/2021)

Dans nos archives écrites :
Mémoires d'outre-espace, par bingO (26/10/2021)
French Pop satori, par bingO (10/09/2021)
Ce que je retiens de 2021 par bingO


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Photographie : Julien RIBOT, bingO
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