On l'appelle le chevalier gris // Hugo RICHÉ

Chronique musicale (2021)
          Le  dossier de presse (photos & bio) de la vedette du jour avait tout pour faire de lui le maillot jaune des têtes à claques et nous détourner de sa musique. Et pourtant, le premier album d'Hugo RICHÉ tourne en boucle sur la platine. 

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                                     Coups de latte ou baisers ?
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ça gondole

          Il faudrait un jour expliquer aux attachés de presse (ou à ceux faisant office de - journalistes crêve-la-dalle et/ou aux ami.e.s avec une pseudo-plume) qu'en premier lieu, il conviendrait d'oublier le name dropping d'artistes intouchables dans les biographies. C'est contre-productif et risqué. Il vaut mieux laisser les scribouilleurs de la presse mainstream ou fanzinesque (comme nous) faire cela. Que les choses soient bien claires : après consultation du Presskit Hugo Riché (sic), aucun chevalier ne pourra détroner Lou REED, encore moins Daniel DARC. SPACEMEN 3 à la limite (belle production révérentieuse de TH DA FREAK ! ). Ensuite, il serait bon de faire usage de prudence et de modestie quant aux mots employés. Là aussi, laissez-nous le boulot, mince ! Le chroniqueur adore en mettre des tonnes. Toujours dans sa bio, Hugo RICHÉ est présenté comme un "touche-à tout" (mouais) "autodidacte" (mieux ! Un mec comme nous, quoi ! ) et "autoproduit" (tout ce que l'on aime) ; on pensait échapper au terme DIY, mais non, il est malheureusement bien là, quelques phrases plus loin. Et ça continue : il incarnerait même  "tout ce qui fait l’essence du rock n’roll : une nonchalance sans feignantise, un dédain pour le politiquement correct, une fascination pour ce qui dérange et une volonté d’assumer sa forte personnalité sans se cacher derrière les artifices trop faciles de la scène garage américanisée". STOP ! Pas sûr d'avoir tout compris, mais cela va trop loin. On froisse le papier. Le disque (ou presque - sa version numérique) est sur la platine (ou presque, mais ça donne une bonne idée). 

Le tempo est plutôt lent, ça gondole comme il faut (cf. l'axe BOOM/PIERCE - un bon point pour le biographe) tout en évitant - fort heureusement- l'insupportable vibrato chorus de Mac DeMARCO que l'on retrouve dans tellement de disques contemporains. Big bisou à la production ! Pour ce qui est de la voix, elle va au-delà de la nonchalance appliquée (presque scolaire au premier abord) : RICHÉ nous invite à entrer dans l'appart du boxeur Patrick EUDELINE et de son colloc ALISTER (Avec ma veste en jean), à faire un voyage nocturne en bord d'océan avec la GAMINE bordelaise (Mal aux poux) et - surtout ! - , un verre à la main, à fixer Un lustre avec le meilleur groupe français au monde, Les CORONADOS (Verre à moitié vide).
 
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Obsession pour les culottes

L'obsession pour les culottes (dans deux textes - Boulevard, Incendie ; il ne faudrait pas abuser quand même ! ) et un Pénis qui glisse (un grand NON ! pour le titre de la chanson) sont autant d'invitations à parfois ne pas vouloir forcément se concentrer sur les paroles. A leur sujet, la bio (que l'on défroisse alors un peu) parle de "poésie noire (ou grise), en français qui raconte des histoires comme un mégot sans filtre". Ah ouais ? Mieux vaut oublier le sens du propos en se laissant porter par l'attitude, par les mélodies (plutôt bien gaulées comme dirait mon pote poète urbain) volontairement noyées dans le mix, à l'anglo-saxonne, ou par la superbe pause instrumentale (Napoléon). Dans les moments les plus énervés, ça arrive (le gars vient du garage et dans le genre "la fuzz ça m'connaît", il semble expert le gazier), on songe aux DUM DUM BOYS (Casino) et à The STROKES (circa 2001) reluquant Loulou lorgnant lui-même la belle Victoria Kinksienne (Waiting in the train). La touche electro cold wave qui va bien renverra aux meilleures Face B défigurées de CHRISTOPHE vulgarisant Alan VEGA (Tout doucement). Enfin, on ne pourra que saluer la performance de venir de Perpignan et de ne pas convoquer (ni dans la bio, ni sur l'album - ou alors ils sont bien discrets) Les LIMINANAS (désolé pour l'accent dactylographique manquant, on n'a pas trouvé le raccourci clavier ; pas évident à écrire ce nom de groupe). Donc grand MERCI.
 
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Pose décadante

Vendu comme un "autoportrait intime où les embrouilles nocturnes, les peines de cœur et les remises en question existentielles se traînent comme un boulet au pied au cours de déambulations urbaines" (oui, tout ça ! Mais en même temps, ce n'est pas sot), Le Chevalier Gris est une profonde plongée dans la psyché d'un chanteur-musicien de nos années 20, sans plan de carrière visible. Juste de la pose, un peu décandante, presque dandy punk. Interdiction d'employer le mot décalé alors que ça brûle à la vision d'un clip beaux arts en robe de chambre. La pochette arty aluminée Caméo (BMJ, Lou R., BATMAN - the knight rider) et le titre cryptique de l'album n'auront pas raison des écoutes addictives.

Les envies de coups de latte (pour le dossier de presse) du départ se sont estompées. Ne gardons que les baisers (salut l'artiste ! ), plutôt ceux de fins de soirées.
 

bingO

(01 juin 2021)

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cover.png, by Bingo
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Hugo RICHÉ. Le chevalier gris (Flippin' Freaks, 2021)
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Pour prolonger...

Hugo RICHÉ : Bandcamp
Hugo RICHÉ : vidéo-clip de Incendie
Serge GAINSBOURG / Gérard LANVIN : La chanson du chevalier blanc

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credit_alexis_deux-seize.jpg, by Bingo

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Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #737 (26/05/2021)

Dans nos archives écrites :
Chroniques sur les DUM DUM BOYS (2014) par B. TAPPAZ 1/2 et 2/2
Esthètes Underground //  Les CORONADOS (09/07/2021)
Ce que je retiens de 2021 par bingO

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Photographies : Helena PRATS, Johnny TRAMUNTANA & Alexis DEUX-SEIZE
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