Esthètes underground // Les CORONADOS

Chronique musicale (réédition, 2021)
          Les CORONADOS fut l'un des meilleurs groupes français au monde, si ce n'est le meilleur... avec DOGS bien sûr ! Il fut aussi l'un des plus méconnus et des moins médiatisés dans la presse 80's. Secret bien gardé, jusqu'au split final. Heureusement, depuis deux ans, un label niçois les réédite. Après le second album, place aux introuvables trésors.
 
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Discrétion et mystères

          En 1984, au classement des meilleurs disques de l'année du magazine BEST (do you remember boomer ? ), le premier album des CORONADOS arrivait en 7ème position, entre les vétérans EVERLY BROTHERS et la douceur jazzy de SADE (la belle, pas le Marquis). Cinq ans plus tard, juste avant la sortie de leur second chef-d'oeuvre, Etienne DAHO vantait leurs mérites en annonçant même (dans Les INROCKUPTIBLES il me semble, mais impossible de remettre la main sur ce papier ! ) vouloir reprendre la chanson titre Un lustre. Des esthètes fantasment toujours en songeant à un possible Graal audio, démo K7 oubliée au fond d'un coffre. Et puis, ce fut 1990 : la séparation. Discrétion pudique des membres du groupe et frilosité de la presse rock (trop occupée à traquer la guéguerre Bondage/Boucherie du rock alternatif courtisé par les majors) n'ont pas aidé. Si trop peu fut écrit sur ce groupe (hormis dans les vaillants fanzines NINETEEN ou ROCK HARDI), le flou mystérieux contribuait au charme. 
Les pleurs sur les cendres d'un véritable rock français souterrain furent douloureux.

Reste l'oeuvre.

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coros_albums.jpg, by Bingo

Garage sans concession

Le premier album, N'importe quoi... mais pas n'importe comment (quel titre fabuleux !), sent encore le garage de Pigalle, la discophilie érudite, mais nullement la dévotion aux idoles. Si reprendre Alex CHILTON allait de soi sur un premier EP fait maison, ou plutôt fait garage (Rien dont je n'ai besoin, 1982), revisiter Kevin AYERS en 1984 était un véritable acte de bravoure. Le suivant (Un lustre, 1989) sentait déjà la fin. Un membre en moins, des sessions éparses assemblées, certes, mais une merveille à l'arrivée. La magie quasi spectorienne du studio ? Pas seulement. Les Coros, c'était avant tout une esthétique sonore (on ne s'habille pas en Rickenbacker pour rien), des compositions et une voix, nonchalante et la plupart du temps dans le mix. La pudeur, l'humilité - encore et toujours-, mais aussi la culture anglo-saxonne.

Avant ces deux coups de maîtres, Les CORONADOS avaient publié deux EP's intègres, bruts. Du garage sans concession : le sus-cité et autoproduit Rien dont je n'ai besoin (sic) et Voix blanches et idées noires (Celluloid, 1983), offrant un superbe et quelque peu inattendu cover du CAPTAIN BEEFHEART (Zig Zag Wanderer). Il va sans dire que ces galettes originelles sont désormais introuvables, tout comme les compilations (vinyles ou K7) aux titres désuets mais toujours terriblement attirants (Cascades 82, 30 tubes pour l'été 81-83, Collection privée, Best of, 13 Romances 85, Eyes on you), sur lesquelles nos héros distillaient de savoureux inédits, reprises ou compositions personnelles. Tout cela avait déjà été repressé par Last Call lors des rééditions (1996-1997) des deux albums... en CD, mais pas en vinyl.
 
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coros_compils_details.jpg, by Bingo

Inutile de... casser la tirelire

Guitariste des DUM DUM BOYS, Didier BALDUCCI a créé son propre label (Mono-Tone Records), pour éditer sa musique, celle de ses proches ou rééditer des joyaux oubliés ou inaccessibles. Le lecteur sagace l'aura vu venir : Dinintel et Tonuvital 1982-1990 compile la totalité des EP's et des inédits des CORONADOS. Il est donc Inutile de casser la tirelire des étrennes via Discogs pour (re)découvrir en vinyl les disques qu'ils vous manquent (on a tous défauts, alors ne chargeons point la mule ! ). À l'instar de You're looking fine (plus proche de Dominique LABOUBÉE que du géniteur Ray DAVIES), les covers sont savoureux. S'il manque toutefois les deux titres enregistrés live au Rex Club en 1987 (avec un Patrick EUDELINE en grand forme), cette compilation-réédition s'impose.
De la belle ouvrage pour tous les collectionneurs maniaques.

 

bingO

(09 juillet 2021)

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Les CORONADOS. Dinintel et Tonuvital 1982-1990 (Mono-Tone Records, 2021)
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Pour prolonger...

Les CORONADOS : Zig Zag Wanderer - live 1983 (archives INA)
Mono-Tone Records : Facebook
NINETEEN : la scène française 1982-1988. Les fondeurs de briques, 2017

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Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #737 (26/05/2021)
Dans nos archives écrites :
Ce que je retiens de 2021 par bingO

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coros_compils.jpg, by Bingo
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Photographies : ROCK HARDI, NINETEEN, Mono-Tones Records, bingO & DR
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coros_k7.jpg, by Bingo
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