À ce jour, aucune maison de disques n’a encore fait affaire avec ALAN FAKEMAN, duo slacker montpelliérain, mené par Mathias DUBAR et Sébastien GILS, souvent rejoints sur scène par leur camarade Antoine PUAUX.
Leur excellent et bien nommé premier album de 2023 (Uncharted songs) fut suivi en 2024 par le magnifique mini album 6 titres, Another horse, qui aurait pu, à juste titre, être renommé Another SPARKLEHORSE, tant le fantôme de Mark LINKOUS plane sur leur musique.
Nous nous devions de leur demander une mixture extivale. Le résultat est au-delà de nos espérances.
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En juin 2023, un vaisseau en forme de Traction Citroën se posa, nonchalamment, sur une route de l’arrière-pays montpelliérain à la grande surprise des passants (essentiellement un troupeau de moutons bilingues et un alien en goguette qui prétendait s’appeler Gégé). En sortirent Sébastien et Mathias, armés de guitare / basse / batterie et d’une bonne dose d’ironie. Le duo, bientôt rejoint par Antoine, forma alors le groupe d’indie rock ALAN FAKEMAN, entre riffs galactiques et dérision poétique. Leur premier album, Uncharted songs, composé dans l’arrière-salle d’une épicerie de nuit est parut la même année.
L’année suivante, ils récidivèrent avec Another horse, un titre moins étrange qu’il n’y paraît, surtout quand on voyage en Traction spatiale. Sur scène, le trio égrène ses morceaux dans toute la France, qu’il s’agisse de cafés-concerts, de caves à punk ou, par erreur, d’un complexe secret de plats reptiliens.
Nul ne sait si le groupe vient réellement du 42e millénaire, mais une chose est sûre : il vaut mieux le découvrir en live que de croire les rumeurs.
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The BUG CLUB - Six o’clock news
Green dream in F# (2022)
Un titre feel good ultra-catchy de The BUG CLUB. Sous ses airs légers et entêtants, la chanson glisse un petit tacle bien senti à l’info-spectacle et à ceux qui la consomment sans recul. Plutôt que de s’énerver, le trio gallois opte pour l’ironie et la dérision, portées par une mélodie imparable et juste ce qu’il faut d’impertinence. C’est précisément ce qui rend The BUG CLUB si attachant.
EVIL SUPERSTARS - It’s a sad sad planet
Boogie-Children-R-Us (1998)
It’s a sad sad planet résonne toujours avec la même intensité, peut être même un peu plus aujourd'hui. Issue de la très fertile scène belge, EVIL SUPERSTARS reste un groupe culte qui à mon avis n'a pas connu le succès à la hauteur de son talent. Les membres ont toutefois poursuivi chacun de leur côté une carrière foisonnante avec pas mal de succès pour certains.
The LADIES - Black Caesar / Red Sonja
They mean us (2006)
The LADIES possèdent un goût impeccable pour les visuels de pochette (cf. la pochette de Uncharted songs d'ALAN FAKEMAN). Derrière ce projet se cachent deux légendes, Rob CROW (PINBACK, PLOSIVS) et Zach HILL (DEATH GRIPS, HELLA et mille autres projets) qui en met de partout. J’ai longtemps hésité avec un titre de l’album By de BYGONES, autre projet sous-estimé où Zach HILL fait exploser sa batterie, mais la pochette de They mean us a finalement fait pencher la balance.
UNWOUND - Kantina
Fake train (1993)
Un classique ! J’ai été bassiste pendant une grande partie de mon parcours, et j’ai toujours voué une fascination au son de Vern RUMSEY. Son jeu est essentiel à l’équilibre d’UNWOUND. Fake train est un album génial. On retrouve aussi Vern RUMSEY sur Fake can be just as good de BLONDE REDHEAD. Peut-être l’une des inspirations qui a donné naissance au nom d’Alan Fakeman… Ou peut-être pas. C’est fake, après tout.
The OBITS - Pine on
I blame you (2009)
Rick FROBERG me manque. J’étais un grand fan de DRIVE LIKE JEHU, puis plus tard des HOTE SNAKES. Sa guitare, associée à celle de John REIS, formait l’un des tandems les plus irrésistibles de l’indie rock. D’autres peuvent créer de meilleurs riffs ou des refrains plus accrocheurs, mais FROBERG et REIS avaient une alchimie unique. Même quand ils jouaient séparément, on sentait à quel point l’autre aurait pu s’insérer dans l’arrangement pour sublimer l’ensemble. J’ai d'ailleurs choisi un titre de The OBITS, un groupe sans REIS, certes moins mythique, mais où l’on retrouve la patte de FROBERG, avec sa façon caractéristique d’écrire, de jouer et de chanter.
PILE - The soft hands of Stephen Miller
Green and gray (2019)
À mes yeux, c’est l’un des meilleurs morceaux de PILE, surtout dans ce climat où notre époque semble dérailler un peu plus chaque jour. J’aimerais savoir écrire des chansons politiques avec autant d’élégance : manier le sarcasme, l’ironie et la caricature sans tomber dans la facilité. Peut-être qu’un jour j’écrirai à mon tour The soft hands of…, et vue la galerie de personnages qui fleurissent, je n’aurai que l’embarras du choix pour peaufiner mon texte.
Peter BIBBY - The arsehole
Drama king (2024)
L’Australie est devenue un véritable eldorado du rock ces dernières années, et Peter BIBBY est un songwriter excellent. Drama king est l'album que j'avais besoin d'écouter en ce moment.. The arsehole, c’est l’hymne de ceux qui se savent toxiques mais ne peuvent s’empêcher de l’être.
BEING DEAD - Problems
Eels (2024)
BEING DEAD, c’est un peu les MAMAS and the PAPAS de l’indie rock des années 2020 : harmonies vocales impeccables, mélodies affûtées, un talent de composition incroyable. C'est une version plus aboutie à mon sens de ce que Kevin MORBY et Cassie RAMONE avaient fait avec The BABIES, ça te saute aux oreilles quand tu écoutes Meet me in the city (de The BABIES).
Pour en revenir à BEING DEAD, ils chantent sans jamais être sages, et leurs textes oscillent entre l’absurde et le génial. Ils ne se prennent pas au sérieux et ça fait plaisir, ils prétendent avoir remporté les J.O de Rio de Janeiro en 2016, décroché deux étoiles Michelin, restaurer des muscle cars entre deux concerts… Quand on joue la carte de l’autodérision à ce point et qu’on délivre en plus des chansons ultra-efficaces, forcément, on devient fan.
WASHER - King insignificant
Improved means to deteriorated ends (2024)
Poignant, brut et direct, WASHER parvient à toucher juste avec un songwriting qui tape en plein cœur. Une belle claque à tous les niveaux.
HELVETIA - New mess
Essentials aliens (2021)
Impossible de ne pas glisser un titre de Jason ALBERTINI dans cette sélection. HELVETIA, c’est son projet solo. On l'a connu car il a fait partie d’une des meilleures formations accompagnant Doug MARTSCH dans BUILT TO SPILL. HELVETIA est un véritable laboratoire musical, où il explore sans complexes. L’album Essentials aliens est d’ailleurs une excellente porte d’entrée pour découvrir ce groupe.
GUV’NER - Jealous girl
Spectral worship (1998)
La première fois que j’ai entendu ce morceau, je suis tombé sous le charme, avant même de réaliser qu’il s’agissait d’une reprise des BEATLES. J’ai d'ailleurs encore de grosses lacunes concernant la discographie des BEATLES. Mathias, qui est un puriste du groupe anglais, me l’a confirmé.
FRANCKY GOES TO POINTE-À-PITRE - Misou Mizou
Plaisir coupable (2018)
FRANCKY GOES TO POINTE-À-PITRE, c’est ce qu’on balance à fond sur la route avec ALAN FAKEMAN. C'est de la fusion, un SHELLAC instrumental des Antilles. Ce qui est génial avec les morceaux instrumentaux, c’est qu’on peut se lâcher sur les titres. Et eux ne se privent pas : Cameroun Diaz, Cross Fade Jacob...
NLF3 - We went to Nagoya
O days (2024)
J’avais envie de rendre hommage à Prohibited Records qui fête ses 30 ans cette année. C’est un label qui a toujours suivi ses envies plutôt que les modes, un vrai modèle d’intégrité et de militantisme pour la musique indépendante.
La musique, c’est aussi souvent une histoire de fratrie : j’ai découvert le son des frères LAUREAU avec This dog has no hair de PROHIBITION, quand j’étais un très jeune garçon à l’affût de nouveautés, à une époque où la télévision diffusait des clips de groupes alternatifs. Aujourd’hui, NLF3, c’est le nouveau groupe de cette même fratrie, qui continue d’écrire une belle histoire sur leur label historique
JAIL - Stuffed
There's no sky (oh my my) (2009)
C'est le premier album de JAIL, qu'ils avaient réalisé en autoproduction sous le nom de Jail avec un L en moins, ils termineront leur parcours chez Sub Pop. Je trouve chez Vincent KIRCHER certains points communs avec James MERCER, particulièrement sur ce titre Stuffed. Il office maintenant avec avec les excellents L’RESORTS. Stuffed, c'est une valse comme je les aime.
WOMEN - Grey skies
Rarities 2007-2010 (2020)
WOMEN, c’est probablement un de mes groupes préférés, avec le regretté Chris REIMER dont le talent continue de marquer les esprits. L’an dernier, je me suis consolé avec Cindy LEE (l’alter ego drag queen de Patrick FIEGEL, l’autre guitariste de WOMEN) et son formidable Diamond Jubilee.
G.L.O.S.S - G.L.O.S.S. (We're from the future)
Masoch I-II (2015)
Le monde entier a besoin de queercore en ce moment. G.L.O.S.S signifie Girls Living Outside Society’s Shit, et leur première chanson éponyme était plus qu’ultra prometteuse : c’était un hymne. Malheureusement, le groupe s’est arrêté bien trop tôt.
KURWS - Ani lepiej, ani gorzej
Dziura w getcie (2011)
Issu de la scène punk de Wrocław, dans le sud-ouest de la Pologne, KURWS est un trio d'autodidactes qui sème un joyeux bazar entre post-punk, krautrock et improvisations, même s’ils se défient de toute étiquette. Ici, c'est « Ani lepiej, ani gorzej », soit « Ni mieux, ni pire ». J’adore ce titre.
PUTS MARIE - Pornstar
Boogie-Children-R-Us (1998)
C’est à l’époque où Mathias vivait à Avignon qu’il a découvert PUTS MARIE. Les Helvètes, en panne de véhicule, se sont retrouvés au Délirium, une salle avignonnaise de l'époque que Mathias fréquentait. Guitares sous le bras, ils se sont mis à jouer spontanément, attirant instantanément la foule autour d’eux. Ils sont finalement restés quelque temps sur place et ont enregistré l’album Le drame du Pastis. Mathias possédait le CD à l’époque, mais l’a malheureusement égaré au fil de ses nombreux déménagements. Aujourd’hui, on ne le trouve plus, pas même en streaming. Nous lançons un appel : si quelqu’un détient cet enregistrement, qu’il nous contacte, nous sommes preneurs.
NARROW TERRENCE - Monster
Rumble O Rama (2017)
On ne pouvait pas terminer sans un titre de nos proches camarades de jeu. Antoine PUAUX nous accompagne souvent en tournée avec ALAN FAKELZN ett on a joué par le passé dans plusieurs formations ensemble. Avec son frère Nico, ils étaient à la tête de NARROW TERRENCE. Ils ont aussi un projet en duo, plus brut, nommé NARCO TERROR, tandis que Nico s’est récemment distingué en solo sous le nom de TEREGLIO, dans un registre plus folk. Monster, sur lequel TROY VON BALTHAZAR (dont l'album qui vient de sortir est magnifique) est invité au chant, met en avant tout le talent de songwriting de la fratrie PUAUX. Une vraie pépite frate.
Sébastien GILS pour ALAN FAKEMAN
(04 août 2025)
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ALAN FAKEMAN. Uncharted songs (Autoproduction, 2023)
ALAN FAKEMAN. Another horse (Autoproduction, 2024)
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Pour prolonger...
ALAN FAKEMAN : Bandcamp
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Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #868 (20/11/2024)
Rock à la Casbah #829 (22/11/2023)
Dans nos archives écrites :
Ce que je retiens de 2024, par bingO (31/12/24)
Ce que je retiens de 2023, par bingO (31/12/23)
Photographie : Sarah RANDON
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