Un mercredi soir... avec WEDNESDAY [LIVE]

Le Point Éphémère (Paris) - 25 octobre 2023
         Un mercredi soir d'octobre, notre envoyé spécial Éric F. était en goguette à la capitale. Il en a profité pour se décrasser les oreilles avec le groupe WEDNESDAY

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           Moins de cinq mois après avoir livré son premier concert parisien à l'International, WEDNESDAY faisait son retour à la capitale le 25 octobre, pour une nouvelle date unique en France. Il faudra d'ailleurs un jour se pencher sur le pourquoi de la chose, nous privant, nous autres provinciaux, de groupes précieux et jouissant de fan base importantes à Lille, comme à Lyon, Nantes ou Strasbourg. Enfin bref... Comme un symbole de la popularité croissante du quintet d'Ashville, celui-ci se produit cette fois devant un Point Éphémère affichant complet. On n'allait évidemment pas louper l'occasion de croiser la route de ces jeunes surdoués, maîtrisant sur le bout des doigts les codes de la country, aussi bien que ceux du rock indé des années 90.

Il aura fallu pour cela passer par la case LOWERTOWN, première partie sélectionnée par WEDNESDAY eux-même. Si l'écoute de quelques titres sur Bandcamp nous avait laissé un peu perplexe, le set du duo d'Atlanta, élargi en quatuor sur scène nous convaincra beaucoup plus... l'espace de quelques minutes. Soit le temps d'un morceau d'ouverture faisant la part belle à la guitare fragile et la voix convaincante d'Olivia OSBY, jusqu'à ce que le reste du groupe entre en scène et flingue allégrement le tout. Si on aura bravement tenu jusqu'à l'avant-dernier morceau du set, il ne nous reste pourtant aucun souvenir marquant de la prestation du groupe, où chaque membre aura semblé jouer dans son coin. Des guitares timides dans le mix, une propension à passer du coq à l'âne avec des morceaux sans âme, on n'a évidemment rien contre les quatre géorgiens, mais, c'est avec un soulagement non-feint qu'on accueillera la fin de leur prestation après une pause cigarette bien méritée. Et on se dit que, malgré leurs abords aussi simplistes que bordéliques, n'est pas les MOLDY PEACHES qui veut.
 

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Tout cela n'aura finalement que renforcé notre hâte de voir WEDNESDAY fouler la scène du Point Éphémère. Quelques pintes plus tard, le groupe arrive enfin, à la cool, demandant à l'ingé-son de remettre une musique d'ambiance le temps de faire quelques derniers réglages. Malgré cela, pas de faux départ avec l'explosif Hot rotten grass smell propulsé d'entrée et qui nous en met plein les oreilles en même pas deux minutes. Les guitares de la chanteuse Carly HARTZMAN, son mec MJ LENDERMAN et la pedal steel de Xandy CHALMIS sont à l'unisson, bien soutenues par la section rythmique impeccable et tranchante, composée du nouveau venu Ethan BAECHTOLD à la basse et d'un Alan MILLER à la batterie, dont l'allure juvénile ne l'empêche pas de cogner ses fûts avec autorité. Le groupe s'amuse du fait que ce concert soit le premier de sa tournée européenne. On a vraiment du mal à le croire tant tout est déjà en place et sonne du feu de dieu.

Et tant pis si le groupe est supposé défendre son récent et excellent Rat saw god sur scène, les trois morceaux suivant seront tous tirés de Twin plagues (Toothache, et le superbe fondu entre Cody's only et le morceau titre). Si on imaginait facilement WEDNESDAY en un groupe de branleurs redneck, le groupe renvoie une toute autre image sur scène. On jurerait entendre des vétérans de l'indie rock, qui auraient survécu à toutes les modes et à qui on ne la fait pas. Si elle est malheureusement un peu en dessous dans le mix, la pedal steel fabuleuse de Xandy CHALMIS nous fera évidemment penser plus d'une fois à Jason MOLINA et son MAGNOLIA ELECTRIC CO. Si on s'attendait à ce que le plus français des membres de WEDNESDAY (il a fait un semestre d'Erasmus à Caen) nous en mette plein les oreilles, il n'aura pas pour autant réussi à voler la vedette à Carly HARTZMAN. La chanteuse de WEDNESDAY, plutôt introvertie, se lâche une fois sur scène, sans forcément avoir à en faire des caisses. C'est on ne peut plus évident sur le tendre Formula one, bien épaulée par les coeurs de MJ LENDERMAN. Enchaînant sur le méga tube Chosen to deserve, HARTZMAN s'amuse à prendre des libertés avec sa ligne de chant, soulignant un peu plus le contraste country vs classic rock du morceau, accueilli à juste titre par une foule plus qu'enthousiaste.
 

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Réussissant tout ce qu'ils entreprennent avec une verve insolente, les cinq membres de WEDNESDAY ont appris à distiller leurs attaques avec parcimonie, enchainant leur saillies pop saturées (Bath County, Quarry) entrecoupées de moments de répit (What's so funny) donnant au set une profondeur appréciable. On sera ensuite régalés d'un Garry's, rarement joué live et mettant cette fois à l'honneur la guitare lead de MJ LENDERMAN, lui aussi candidat crédible au titre de MVP du concert. Après un Burned down dairy queen asphyxiant avant sa montée salvatrice, WEDNESDAY entame sa dernière ligne droite tambour battant. Et quelle ligne droite ! Au Got shocked digne des meilleurs moments des BREEDERS succède le pachydermique Bull believer  qui compile à lui seul trois-quatre morceaux du haut de ses dix minutes conclues par les hurlements d'une Carly HARTZMAN prête à en perdre sa voix, au milieu d'un maelstrom sonore que n'aurait pas renié SONIC YOUTH.

Une fois le groupe sorti de scène, on se résigne déjà à quitter la salle, parce qu'on imagine mal HARTZMAN éviter le game over après ses hurlements évoquant Mortal Kombat, mais aussi parce que WEDNESDAY déteste les rappels. Et pourtant... le groupe réapparaît sur scène, en insistant bien sur ce point. On pense à un simple effet d'annonce pour amadouer le public, mais après investigation, il semblerait que ce rappel fût le premier de l'année pour le groupe ! L'image du public parisien blasé de tout prend donc du plomb dans l'aile. Il faut d'ailleurs souligner que l'assemblée a parfaitement su rendre au groupe toute la passion et l'enthousiasme mis dans sa musique. Remise de ses émotions, HARTZMAN nous demande si on préfère un morceau shoegaze ou country. Comme c'était définitivement une soirée chanceuse, on aura droit aux deux : tout d'abord un One more last one, tiré de Twin plagues, avec ses guitares incandescentes, comme si on assistait à une partie de Guitar hero à trois joueurs. Cerise sur le gâteau, WEDNESDAY clôture son set avec son inénarrable reprise du standard country de Gary STEWART, She's actin' single (I'm drinkin doubles), où HARTZMAN lâche sa guitare et s'amuse des contributions du public à plusieurs reprises, pendant que MJ LENDERMAN fait gracieusement tourner sa Jose Cuervo dans la salle. C'est sur cette belle communion que se terminera le concert qui n'aura fait que consacrer un peu plus un groupe aussi attachant qu’inarrêtable. À tel point que le retard de plus de trois heures du TGV le lendemain matin n'aura même pas réussi à saper notre bonne humeur. On vous évitera le couplet un peu cliché sur l'avenir du rock blablabla, mais on n'en pense pas moins...

 

Éric F.

(17 novembre 2023)

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WEDNESDAY. Rat saw god (Dead Oceans, 2023)
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Pour prolonger...

WEDNESDAY : Bandcamp

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Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #808 (12/04/2023)

Dans nos archives écrites :
It's Wednesday, I'm in love, par Éric F. (16/06/2023)

Dans nos archives écrites :
Mercredi moi oui,
     Chronique de l'album Twin plagues par Eric F. (08/10/2021)

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Photographies : Éric F.
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