20 shades of Chris BROKAW

Playlist
          Faire connaissance avec les projets parallèles et collaborations de Chris BROKAW, ça vous tente ? Voici pour cela une sélection de 20 morceaux classés par ordre chronologique, complément idéal de notre interview bilangue (VF et VO) avec l'infatigable batteur-guitariste-chanteur. Une playlist qui voit le co-leader de COME mettre comme à son habitude le collectif en valeur, naviguant au gré des styles et de ses envies. En espérant que cela vous donne envie d'aller vous intéresser à ses 527 autres albums non mentionnés ici...

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codeine2.png, by Bingo
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CODEINE – Gravel bed (Frigid stars, 1990)
Chris BROKAW n'a même pas attendu COME pour atteindre le statut d'artiste culte. Derrière les fûts chez les bien nommés CODEINE, il a grandement contribué à la réussite de ce trio parrain absolu du slowcore. Avec John ENGLE et Stephen IMMERWAHR, BROKAW aura livré sur deux albums fulgurants, sortis chez Sub Pop, un parfait condensé de musique aussi solaire que glaciale. Ça a beau sonner un peu daté, ça n'a pas pris une ride pour autant.

Steve WYNN – Shelley's blues pt. 2 (Melting in the dark, 1996)
Visiblement homme de goût, le leader du DREAM SYNDICATE a embauché COME comme backing band le temps d'un Melting in the dark qui ferait presque office de disque caché du groupe de Boston. Certes, les morceaux, pour la plupart excellents, sont tous signés de WYNN, mais ils n'en portent pas moins le sceau indéniable de ce qui restera comme un des plus beaux duos guitaristique des 90s. Boostés par leur insolente réussite, BROKAW et ZEDEK font également des merveilles derrière le micro en soutien de Steve WYNN.

COME & Johnny DEPP – Madroad driving (Kickjoy darkness, 1997)
Quoi ? COMmEnt ?? COME et Johnny DEPP ??? Ben oui, COME et Johnny DEPP ensemble, que voulez-vous que je vous dise ? Pour le quoi, c'est une double compilation hommage à Jack KEROUAC sortie en 1997 où on retrouve également Michael STIPE (R.E.M.), Allen GINSBERG, John CALE (VELVET UNDERGROUND) ou encore Lee RANALDO (SONIC YOUTH). Quant au comment de ce morceau pas franchement essentiel, vous pouvez vous laisser aller aux conjectures les plus folles. Y a-t-il un lien avec le Fade in/out sorti par DEPP avec OASIS la même année ? Mystère et boule de gomme. Ça reste quand même autre chose que le triste Wild thing vu à la télé de l'ex monsieur PARADIS, qui végète désormais clairement en enfer.
 
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PULLMAN – In a box under the bed (Turnstyles & junkpiles, 1998)
Qui peut le plus, fait parfois le moins. Cela pourrait être la devise de PULLMAN, discret supergroupe réunissant, outre Chris BROKAW, trois musiciens passés par la case TORTOISE (Doug McCOMBS, Bundy K. BROWN et David PAJO). Tout est douceur et quiétude acoustique sur les deux albums de PULLMAN, qui marie à merveille sa dextérité avec des ambiances pastorales feutrées. Ce projet, qui aura largement aidé BROKAW à se lancer dans sa carrière solo, est idéal pour la saison des grands foins.

WILLARD GRANT CONSPIRACY – Color of the sun (Mojave, 1999)
Trop souvent relégué au simple statut de clone vocal de Nick CAVE, le regretté Robert FISHER n'en a pas moins mené avec brio les formidables WILLARD GRANT CONSPIRACY. Lui aussi issu de la scène de Boston, ce groupe à la géométrie variable aura vu passer dans ses rangs Steve WYNN, Edith FROST, David Michael CURRY (Thalia ZEDEK BAND, HALLELUJAH THE HILLS), Sean O'Brien (COME), Chris ECKMAN (The WALKABOUTS, Chris & Carla) et bien entendu, Chris BROKAW. C'était sur l'album Mojave avec le paisible morceau Color of the sun qui ne doit pas pour autant faire oublier le coup de pied au cul monumental assené par FISHER à la Ballad of a thin man de DYLAN sur Let it roll (2006). De rien, c'est cadeau.

Thalia ZEDEK - 10th lament (Been here and gone, 2001)
Première réapparition commune pour Chris BROKAW et Thalia ZEDEK après la rupture de COME avec un Been here and gone qui marque le début de l'aventure solo pour ZEDEK. Un premier essai qui se transforme vite en coup de maître par la grâce de morceaux aussi lumineux que désabusés, portés par le violon de David Michael CURRY. Oh tiens ! Une reprise de Leonard COHEN, ça faisait longtemps... Blague à part, cette version solaire de Dance me to the end of love se hisserait presque au niveau de l'original. Impeccable de retenue à la guitare électrique jusqu'à l'épique instrumental 10th lament, BROKAW ne fera pas de vieux os puisqu'il part vers de nouvelles aventures sans même passer par la case tournée, enterrant (temporairement) son alliance avec Thalia ZEDEK.
 
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EMPTY HOUSE COOPERATIVE – Improvisional music #1 (Improvisional music, 2001)
On le retrouve pas très loin, avec un EMPTY HOUSE COOPERATIVE (où on retrouve encore David Michael CURRY, cette fois-ci en leader) qui est probablement la collaboration la plus expérimentale de cette liste. Tour à tour contemplative et légèrement inquiétante, comme un GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR qui serait descendu de ses montagnes russes, cette improvisation du collectif de Boston est tirée d'une session radio en deux parties enregistrée à Cambridge, Massachusetts et sortie sur l'excellent label Hinah de Laurent ORSEAU.

Evan DANDO – My idea (Baby i'm bored, 2002)
Quelques années avant de se faire une place chez les LEMONHEADS (j'y reviendrai plus tard), Chris BROKAW collaborait déjà en 2002 avec leur leader Ivan le dindon sur son seul et unique album solo à ce jour. Histoire de ne pas faire les choses à moitié, DANDO va même jusqu'à reprendre son pote avec une version toute en sobriété (un comble, ah ah) de My idea. Pour l'original, c'est sur le live en studio Wandering as water sorti l'année suivante que ça se passe.

The NEW YEAR – Reconstruction (Newness ends, 2002)
“Matt et moi sommes amis depuis très longtemps. Il a déménagé à Boston il y a quelques années et après que BEDHEAD se soit séparé, il m'a demandé si je voulais faire un groupe avec lui et Bubba. Matt et moi sommes tous les deux guitaristes et batteurs, c'est donc très simple pour nous de communiquer sur ce que nous avons besoin de faire. Il habite maintenant dans une maison au calme, il s'est donc remis sérieusement à la batterie. J'ai été très surpris quand il m'a envoyé les démos de Newness ends : Matt jouait toutes les batteries dessus et le rythme était beaucoup plus soutenu que chez BEDHEAD”. À écouter le jouissif final de Reconstruction, on peut dire que Chris BROKAW n'a pas à rougir de sa prestation non plus, bien aidé par un Steve ALBINI idéal quand il s'agit d'enregistrer une batterie caverneuse.

CONSONANT – Who touches you now (Consonant, 2002)
Non content de se lancer dans l'aventure the NEW YEAR, Chris BROKAW échange sa place avec Matt KADANE, passant de la batterie à la guitare pour soutenir un Clint CONLEY échappé de MISSIONS OF BURMA, autre groupe mythique de Boston, autant adulé par BLUR que R.E.M.. Assurant un rock de haute volée et sans fioritures, CONSONANT se permet également quelques incursions en territoires punk et noisy. Album chaudement recommandé.
 
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VIA TANIA – The rising (Under a different sky, 2003)
Si Chris BROKAW plaisantait sur le trip-hop pendant notre interview, il a pourtant oublié de mentionner sa participation au premier album de l'australienne Tara BOWERS, publié sous le pseudo VIA TANIA. À ranger à côté de chanteuses de caractère comme Beth GIBBONS (PORTISHEAD) ou Beth ORTON, BOWERS profite de la présence à ses côtés de BROKAW et Howe GELB (GIANT SAND) pour sortir Under a different sky de sa torpeur, le temps d'un The rising où les guitares noisy sont de sortie.

MOLASSES – Saint Christopher blues (Trouble at jinx hotel, 2004)
Un an après son copieux et fascinant A slow messe, Scott CHERNOFF clôturait l'aventure montréalaise MOLASSES (croisés à l'époque en première partie frissonnante... de Thalia ZEDEK), accompagné par un casting grandiose. Outre le “couple” BROKAW – ZEDEK de nouveau réuni, on y retrouve une bonne moitié de l'effectif pléthorique de GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR. Pas de montées apocalyptiques pour autant : Trouble at jinx hotel est, comme ses prédécesseurs, un magnifique disque de folk honteusement sous-estimé. Plus de nouvelles du bonhomme depuis, excepté sa participation à la Hudson trilogy... de the EMPTY HOUSE COOPERATIVE en 2017.

KAHOOTS – Your blood (Fourteen ghosts, 2004)
Déjà loués à juste titre par Chris BROKAW dans l'interview réalisée pour le Casbah Webzine (en VF et en VO), les KAHOOTS mériteraient qu'on s'intéresse un peu à eux ne serait-ce que pour leur incroyable collection de mini-tubes qu'est Fourteen ghosts. Et non, BROKAW ne s'est pas uniquement produit que sur scène avec le groupe : il figure bien au casting de cet album, qui évoquerait presque une version plus pop et happy (de The) NEW YEAR. Les deux groupes ont d'ailleurs tourné ensemble, faisant ainsi naître le fantasme d'un Brokawfest dont le line-up aurait décidément fière allure.

KARATE – Cacophony (Pockets, 2004)
Groupe insupportable de maîtrise, KARATE savait jongler mieux que personne entre moments de grâce et chansons imbuvables. Bien loin de certaines tentatives funky ou emo de Geoff FARINA, Cacophony ne doit quant à elle rien à personne... si ce n'est évidemment à Chris BROKAW, fort précieux pour soutenir le virtuose FARINA à la guitare. Ne vous laissez pas berner par le titre du morceau !

RIVULETS – Motioning (You are my home, 2006)
Tu veux un peu te distancer de ton étiquette de loser slowcore des antipodes pour laisser un peu plus respirer ta musique ? Who are you gonna call ? Chris BROKAW ! C'est ce message subliminal délivré à l'aussie Nathan AMUNDSON lors du visionnage de Ghost busters qui serait à l'origine de You are my home. La discrète et charmante instrumentation de Motioning, sommet de l'album, laisse à AMUNDSON le soin de porter le morceau par sa voix, magnifique de justesse. Encore une fois, less is more.

Christina ROSENVINGE – Por la noche (Tu labio superior, 2008)
Délicieuse chanteuse hispano-danoise, Christina ROSENVINGE démarre sa carrière solo comme icône pop latina cartonnant en Amérique Centrale. Puis elle débarque à Hoboken pour s'acoquiner avec les formidables locaux de TWO DOLLAR GUITAR, projet parallèle de Steve SHELLEY (SONIC YOUTH), mené par l'impeccable Tim FOLJAHN et qui accueillera Chris BROKAW lors d'une éphémère tournée de reformation en 2006. Rejoint par Lee RANALDO, le groupe offre alors un écrin étonnamment paisible aux morceaux bossa – folk ralentis et neigeux de ROSENVINGE pour un sublime Frozen pool (2000). À peine a-t-elle renvoyé la faveur à son nouveau backing band en apparaissant sur quelques morceaux de l'excellent Weak beats and lame ass rhymes que Christina ROSENVINGE retourne ensuite en Espagne, où elle collabore entre autres avec Nacho VEGAS (MIGALA). Et Chris BROKAW dans tout ça me direz-vous ? Et bien il était là pour présider aux retrouvailles entre ROSENVINGE et SHELLEY sur Tu labio superior. Ce qui est on ne peut plus normal étant donné que ce Por la noche, adaptation d'un morceau de Leroy CARR, s'inspire de la reprise du morceau par Geoff FARINA et Chris BROKAW sur The angel's message to me.

The LEMONHEADS – New Mexico (Varshons, 2009)
Est-ce un hasard si les meilleurs morceaux de l'inégal premier album de reprises des LEMONHEADS sont ceux où figurent Chris BROKAW (Fragile de WIRE, Waitin' around to die de Townes VAN ZANT et ce New Mexico des obscurs texans de FUCKEMOS) ? Of course not! Et vous qui pensiez que l'élément le plus sexy du disque était la présence d'une Kate MOSS imbuvable sur le Dirty robot d'ARLING & CAMERON, ou bien, déjà plus crédible, celle de Liv TYLER sur le Hey that's no way to say goodbye de l'inévitable Leonard COHEN... Juste récompense, BROKAW semble avoir intégré les LEMONHEADS de façon permanente depuis ce Varshons nettement plus recommandable que sa seconde mouture, sortie en 2018.
 
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Chris BROKAW & Geoff FARINA – Into the woods (The boarder's door, 2010)
Présentée un peu rapidement comme un cover duo dans notre interview, la collaboration entre Chris BROKAW et Geoff FARINA, débutée 6 ans après le passage chez KARATE, offre également des compositions originales. Trois albums au compteur pour ce duo surdoué, qui poursuit sa route dans une relative discrétion. Preuve qu'il est bien plus qu'un simple filler, le sec et tendu Into the woods figure depuis très régulièrement dans les setlists de Chris BROKAW. Ça n'est pas le public du Sonic qui s'en est plaint...

DIRTMUSIC – All tomorrow's parties (BKO, 2010)
À l'instar des MARTHA'S VINEYARD FERRIES, DIRTMUSIC est la réunion de trois songwriters de talent, puisqu'en plus de BROKAW, on retrouve Chris ECKMAN et Hugo RACE (Hugo RACE & the TRUE SPIRIT). Non content de reprendre le VELVET, notre trio délocalise la bande à Lou REED dans le désert touareg avec l'aide de TAMIKREST. Une idée surprenante, qui ne fait pourtant pas l'ombre d'un doute à l'écoute de cette entrainante version de All tomorrow's parties où BROKAW, new-yorkais d'origine, a rarement autant sonné joyeux et enthousiaste.

The MARTHA'S VINEYARD FERRIES – Chalk it up to island times (Sun's out guns out, 2021)
Il aurait été simple de finir en apothéose et en remettre une couche avec l'incroyable Betty Ford James, mais ça serait faire ombrage aux autres offrandes de Chris BROKAW pour Sun's out guns out, le récent troisième effort des MARTHA'S VINEYARD FERRIES ici dans une forme olympique. Le trio hautement collaboratif ne boude pas une seule seconde son plaisir, hautement communicatif, de jouer ensemble. Fonçant la tête baissée, Chalk it up to island times voit BROKAW renouer avec son passé punk en fanfare, tout en formant une section rythmique plus que solide avec Bob WESTON (SHELLAC). Ça n'est pas GG ALLIN, hein, mais quand même. One, two, three, four !

 

Eric F.

(06 mai 2022)

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Dans nos archives écrites :
Chris BROKAW, l'infatigable,
                    interview VF par Eric F. (26/04/2022)
Quick wisdom from a cool stakhanovist,
                    interview VO par Eric F. (29/04/2022)
En marge // Underground - Rockers maudits & grandes prêtresses du son,
                    par bingO (01/03/22)

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Illustration : Laurent CALVIN
Photographies : DR, Sub Pop.

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