Compile automne 2018 // Par Laetitia Lacourt
Elle est bonne, elle est belle, elle est là.
Tous les trimestres, Rock à la Casbah / Casbah Records vous livrent une boîte de Pandore totalement gratuite dans laquelle piocher nos dernières trouvailles, nos coups de coeur, et des groupes qui valent vraiment la peine qu'on se penche dessus. Voici la bande son de votre automne, 13 titres entêtants, avec certains inédits comme d'hab, choisis avec nos tripes. Joyeux Noël, à l'année prochaine.
Meet the Man - Les Lullies
L’amour instantané pour Meet the Man des Lullies est comme Les Magnolias de Claude François dans une playlist de mariage pourave : évident. Si je fais ce parallèle qui semble hasardeux mais pas du tout, c’est d’une part pour parler de ce moment gênant où tous les invités se lèvent pour se trémousser comme 78 claudettes complètement torchées alors que toi, un peu punk sur les bords, tu restes vissé à ta chaise de salle des fêtes en comptant les dragées sur la table, et d’autre part parce qu’il y a un point commun (un seul) : 1977. Que ce soit Meet the Man ou les 9 autres titres de leur album sorti chez Slovenly, « quand j'entends ces musiqu's nouvelles, qui résonn'nt comm' des bruits de combats », je me dis que Les Lullies ont clairement remis l’église au milieu du village : le punk rock à la sauce Ramones était bien dead mais il vient de ressusciter. Là où 10 000 groupes ont bricolé des ersatz ces 41 dernières années, eux ont retravaillé les fondamentaux avec brio en dépassant les maîtres du genre.
Honey - Hot Work
Le doo wop adoucit clairement les mœurs et a le pouvoir de transformer en petite guimauve les moins romantiques d’entre nous. Vous avez beau fuir comme la peste et le choléra réunis tout ce qui est praliné, il suffit de 2 minutes 30 de doo wop pour baisser la garde et de se laisser rattraper par tous ces clichés merdiques qu’il met largement en exergue (le chagrin d’amour, la déclaration d’amour, le non réciprocité des sentiments ou le bonheur infini d’être à deux). Bref, tous ces tudup tudup, shalalala, chouchoudobidou, doubidam, ces i love you so much, ces baby love, ces darlinnnng ou encore honey, toutes ces onomatopées plus sucrées que 10 paquets de fraise Tagada, ces trémolos, ces chœurs la bouche en cœur gorgés de hou hou houuuuuuu, et ces mélodies pop cornées finissent toujours par vous péter à la gueule : vous avez envie d’avoir 17 ans, de repeindre votre chambre en rose, et de rencontrer le grand amour. Bref, pour dégouliner de bonheur, Honey et l’EP d’Hot Work sont d’une perfection absolue (j’en profite pour recommander également A Drink Don't Hurt None, dont les cris rageurs accompagnent très bien toute cette sauce sus-citée).
Lizzie - Hoa Queen
Aaahouuuuu. Comment ne pas crier à la lune à l’écoute d’un tel titre ? Vous avez lu l’histoire du Dahlia Noir ? Comment elle vécu, comment elle est morte ? Ca vous a plu hein, vous demandez encore, eh bien écoutez l’histoire de Lizzie. Alors voilà Hoa Queen sont bretons. A eux 5, ils forment le band Hoa Queen qui est le nom d'une fleur vietnamienne qui ne fleurit qu'une seule fois, la nuit avant le lever du jour.
Ode aux polars et au cinéma sur fond de blues vintage, le premier album de Hoa Queen, sur Beast records, raconte en 8 titres l’histoire de femmes brisées et au destin peu commun. Marjorie, Aileen, June, Lucia, Betty. Nous on a choisi Lizzie, qui respire à plein nez les larmes et le sang. Le titre fait référence au meurtre non élucidé d'Elizabeth Short, surnommée le « Dahlia noir », une actrice retrouvée coupée en deux dans un fossé en 1947, à Los Angeles. Très dark et très beau, on adore la voix ultra sensuelle, le côté félin pattes de velours aux aguets et cette ambiance cinématographique hollywoodienne des années 40 dans laquelle le serial killer rode et rode peut être encore, l’œil torve.
Tearjerkers - Hex
C’est probablement l’amour de la nostalgie et des années lycées dans lesquelles résonnent encore Undone – The Sweater Song de Weezer qui nous a émoustillé dans Tearjerkers de Hex. Avouons que l’intro et les hou hou ont ce petit goût de 1994 inimitable. Les Hex sont 4 et grecs. On se promène rarement du côté d’Athènes et pourtant on devrait quand on s’aperçoit que Dimitrios Pichliavas, Greg Petropoulos, Steve Diamantakis et Kons Skopas (oui oui moi aussi j’ai pensé feta après avoir lu leurs blazes) doivent avoir le Blue Album pour disque de chevet. Tout ça pour dire que le leur, Procrastination Killed my Vibe, paru le 9 novembre dernier, et leur power pop teintée de punk a tous les atouts pour être, elle aussi, la bande son de toute une génération.
Dog Whistle - Debate Club
Signés chez Saint Cécile, maison de disques indépendante basée à Montréal, Debate Club semble être LA pépite encore réservée qu'à un petit cercle d'initiés. Après un premier EP, le groupe canadien s'apprête en 2019 à sortir un album entier. Dog Whistle tend à prouver que l'indie a encore de beaux jours à couler entre douceur et incendie. Mélodie urgente, choeurs en transe : voici la bande son parfaite pour un voyage à Berlin, dans les années 80.
Somnambulence - All-Seeing Eyes
Direction le Kentucky. A la simple évocation de l’état américain, le cerveau déroule ses références : les chevaux, le bourbon, l’herbe bleue, le charbon, le tabac, le bluegrass et les fried chicken, of course. Bref, à peu de choses près (le charbon nan ?), la vraie vie. Dans ce décor midwestien un poil fantasmé, on n'imagine pas une chevauchée sauvage sans ce Somnambulence des All-Seeing Eyes, un groupe de Dayton. Paru le 19 septembre dernier sur Mauvaise Foi Records, leur premier album In Us We Trust incarne une fureur ultra racée. Outre un garage blues de très bon goût, l’histoire du groupe l’est aussi, un trio multi-instrumentistes composé de Matt Ayers (batterie), Kane Kitchen (basse) et Johnny Walker à l'harmonica et à la guitare. C’est évidemment sur ce dernier qu’on retient notre souffle : fondateur des Soledad Brothers et du Cut In The Hill Gang, ce psychiatre (si si) tourna en compagnie du MC5/DKT, travailla avec les White Stripes (il aurait apprit à Jack White à jouer de la guitare slide), les Detroit Cobras, les Greenhornes, Low Cut Connie et James Leg. Epatant. On vous recommande VRAIMENT cet album, idéal pour rouler des mécaniques, où se niche par ailleurs une version bien huilée de Et moi, Et moi, Et moi de Dutronc.
Before the roll is called - Gravel Route / Mister Airplane Man
La première fois que j’ai entendu le titre, ce devait être avant l’été, sur Blueshit, l’émission de Franck et Seb sur Canal B. Il était midi et des bananes, je sortais de la douche et ça a fait tilt direct. Je me suis assise sur le plumard, scotchée par la mélodie. C’était nouveau, pas sorti (ça vient de l'être sur Beast, à l’heure où j’écris ces lignes), y’avait rien sur le net pour réécouter et assouvir ce besoin de répétition. Putain, ça m’a hanté des semaines jusqu’à ce qu’une bonne âme me fournisse la compil de Binic en CD sur laquelle elle était logée. Ni une ni deux, j’ai foutu le CD dans le lecteur de la caisse et j’ai bouclé le titre non stop sur le trajet Rennes-Saint Malo. Soit 45 minutes à méditer sur cette chanson. Prenez les reines du blues râpeux, Mr Airplane Man et faites leur rencontrer les as de la country blues canadienne, Gravel Route : vous voilà avec le combo parfait pour une déambulation racée et sauvage en rase campagne. Franchement, si c’est pas une ballade pour routard ça, poignante et triste, et une invitation à tailler la route, arrêtez moi tout de suite.
Sweet Mountain - Leopardo
J’en ai déjà parlé là et là mais je vais profiter de l’hiver pour en rajouter une couche. Leopardo est le projet solo de Romain Savary, un suisse qui a déjà officié dans d’autres groupes auparavant (dont Papaya Fuzz). Son album Di Caprio sorti sur Montagne Sacrée Records est aussi berçant qu’un TGV qui glisse sur les rails à toute berzingue et piquant comme la voix éraillée de la contrôleuse qui te réveille en gare de Laval. Dans les deux cas, ça ne laisse pas indifférent. Images surannées, mélodies qui fleurent bon les années 70 et qui baignent dans le psyché comme ce Sweet Mountain : de Kurt Vile aux Country Teasers, du romantisme à la nonchalance, on adore ce son garage pop lo-fi finement bricolé.
For No Reason - The Lookers
En mode blind test (dans un cercle restreint et majoritairement composé d’initiés je l’avoue), The Lookers est reconnaissable illico presto. La voix ! Il y a quelque chose d’irrésistiblement sincère, désarmant et déchirant dans cette voix. Formé en 2011, les Lookers nous avaient tapé dans l’œil et les oreilles avec leur premier LP sorti chez Bloody Mary Records et Mauvaise Foi Records et dont on se souvient de l’imparable titre d’ouverture On Your Side (I Do). Après un split l’année dernière avec les Flamin’ Groovies, ils reviennent avec un second LP, Real things, un brin plus mélancolique que le premier.
Armoire à glace - Tremolove
Tremolove ! C’est la bouche en cœur que je vous confirme que ces deux types là sont mes Beach Boys à moi. Fruit d’un jeu qui unit les deux comparses du groupe (ils mélangent deux mots pour en composer un troisième, genre : fac + disney = la Rennes II neige), le nom Tremolove est l’association du trémolo de leurs guitares et la bromance entre ces deux potes de lycée. Après un premier album, Overwhaleming, sorti sur leur bandcamp l’année dernière, le duo de nantais est retourné tâter de la vague avec une session surf derrière les claviers. Ca sent toujours autant le springbreak et les vacances sixties, et je n’attends qu’une chose : la suite (qui s’oriente vers un « vrai » band avec d’autres musiciens).
Liquid Stone / Pinch Points
Sorti en cassette sur l’excellent label Six Tonnes de Chair Records, Pinch Points est un groupe punk originaire de Melbourne. Ultra punchy, dépourvue d’intro, direct droit au but, Liquid Stone ne ferait pas tâche dans un jeux vidéo, dans un level hyper chaud à passer en 2 minutes 04 pas plus, avant le fatal game over.
Teenage Bug / The Groundmunchers
The Groundmunchers se présentent comme l’entité deluxe du collectif du Dude en Pierre du Temple à la formation alternative et à l’organisation aléatoire. J’ai pas tout bien compris qui ils étaient, d’où ils sortaient, mais j’ai particulièrement aimé cette « Fresh Lo-fi Music ».
Red Power / Thick
Avec pour principales sources d'inspiration l'injustice sociale, l'exclusion raciale, le chagrin d'amour (encore lui !) et l'amour universel (pas très tendance en ce moment), Thick est né en 2013 d'un délire de voisinage dans la Vallée du Rhône, à la suite de plusieurs soirées arrosées (mais rien à voir avec la météo). Depuis, le projet a évolué, les musiciens ont changé puis rechangé avec une valse de batteurs aussi diverse que variée. 5 ans plus tard, Kevin, Ivan, Chtol et Dan ont l'air bien en place, largement nourris d'influences punk, garage, rock, progressif et même psyché, prêts à débattre sur un album (?) et les sujets intemporels cités plus hauts.
Tous les trimestres, Rock à la Casbah / Casbah Records vous livrent une boîte de Pandore totalement gratuite dans laquelle piocher nos dernières trouvailles, nos coups de coeur, et des groupes qui valent vraiment la peine qu'on se penche dessus. Voici la bande son de votre automne, 13 titres entêtants, avec certains inédits comme d'hab, choisis avec nos tripes. Joyeux Noël, à l'année prochaine.
Meet the Man - Les Lullies
L’amour instantané pour Meet the Man des Lullies est comme Les Magnolias de Claude François dans une playlist de mariage pourave : évident. Si je fais ce parallèle qui semble hasardeux mais pas du tout, c’est d’une part pour parler de ce moment gênant où tous les invités se lèvent pour se trémousser comme 78 claudettes complètement torchées alors que toi, un peu punk sur les bords, tu restes vissé à ta chaise de salle des fêtes en comptant les dragées sur la table, et d’autre part parce qu’il y a un point commun (un seul) : 1977. Que ce soit Meet the Man ou les 9 autres titres de leur album sorti chez Slovenly, « quand j'entends ces musiqu's nouvelles, qui résonn'nt comm' des bruits de combats », je me dis que Les Lullies ont clairement remis l’église au milieu du village : le punk rock à la sauce Ramones était bien dead mais il vient de ressusciter. Là où 10 000 groupes ont bricolé des ersatz ces 41 dernières années, eux ont retravaillé les fondamentaux avec brio en dépassant les maîtres du genre.
Honey - Hot Work
Le doo wop adoucit clairement les mœurs et a le pouvoir de transformer en petite guimauve les moins romantiques d’entre nous. Vous avez beau fuir comme la peste et le choléra réunis tout ce qui est praliné, il suffit de 2 minutes 30 de doo wop pour baisser la garde et de se laisser rattraper par tous ces clichés merdiques qu’il met largement en exergue (le chagrin d’amour, la déclaration d’amour, le non réciprocité des sentiments ou le bonheur infini d’être à deux). Bref, tous ces tudup tudup, shalalala, chouchoudobidou, doubidam, ces i love you so much, ces baby love, ces darlinnnng ou encore honey, toutes ces onomatopées plus sucrées que 10 paquets de fraise Tagada, ces trémolos, ces chœurs la bouche en cœur gorgés de hou hou houuuuuuu, et ces mélodies pop cornées finissent toujours par vous péter à la gueule : vous avez envie d’avoir 17 ans, de repeindre votre chambre en rose, et de rencontrer le grand amour. Bref, pour dégouliner de bonheur, Honey et l’EP d’Hot Work sont d’une perfection absolue (j’en profite pour recommander également A Drink Don't Hurt None, dont les cris rageurs accompagnent très bien toute cette sauce sus-citée).
Lizzie - Hoa Queen
Aaahouuuuu. Comment ne pas crier à la lune à l’écoute d’un tel titre ? Vous avez lu l’histoire du Dahlia Noir ? Comment elle vécu, comment elle est morte ? Ca vous a plu hein, vous demandez encore, eh bien écoutez l’histoire de Lizzie. Alors voilà Hoa Queen sont bretons. A eux 5, ils forment le band Hoa Queen qui est le nom d'une fleur vietnamienne qui ne fleurit qu'une seule fois, la nuit avant le lever du jour.
Ode aux polars et au cinéma sur fond de blues vintage, le premier album de Hoa Queen, sur Beast records, raconte en 8 titres l’histoire de femmes brisées et au destin peu commun. Marjorie, Aileen, June, Lucia, Betty. Nous on a choisi Lizzie, qui respire à plein nez les larmes et le sang. Le titre fait référence au meurtre non élucidé d'Elizabeth Short, surnommée le « Dahlia noir », une actrice retrouvée coupée en deux dans un fossé en 1947, à Los Angeles. Très dark et très beau, on adore la voix ultra sensuelle, le côté félin pattes de velours aux aguets et cette ambiance cinématographique hollywoodienne des années 40 dans laquelle le serial killer rode et rode peut être encore, l’œil torve.
Tearjerkers - Hex
C’est probablement l’amour de la nostalgie et des années lycées dans lesquelles résonnent encore Undone – The Sweater Song de Weezer qui nous a émoustillé dans Tearjerkers de Hex. Avouons que l’intro et les hou hou ont ce petit goût de 1994 inimitable. Les Hex sont 4 et grecs. On se promène rarement du côté d’Athènes et pourtant on devrait quand on s’aperçoit que Dimitrios Pichliavas, Greg Petropoulos, Steve Diamantakis et Kons Skopas (oui oui moi aussi j’ai pensé feta après avoir lu leurs blazes) doivent avoir le Blue Album pour disque de chevet. Tout ça pour dire que le leur, Procrastination Killed my Vibe, paru le 9 novembre dernier, et leur power pop teintée de punk a tous les atouts pour être, elle aussi, la bande son de toute une génération.
Dog Whistle - Debate Club
Signés chez Saint Cécile, maison de disques indépendante basée à Montréal, Debate Club semble être LA pépite encore réservée qu'à un petit cercle d'initiés. Après un premier EP, le groupe canadien s'apprête en 2019 à sortir un album entier. Dog Whistle tend à prouver que l'indie a encore de beaux jours à couler entre douceur et incendie. Mélodie urgente, choeurs en transe : voici la bande son parfaite pour un voyage à Berlin, dans les années 80.
Somnambulence - All-Seeing Eyes
Direction le Kentucky. A la simple évocation de l’état américain, le cerveau déroule ses références : les chevaux, le bourbon, l’herbe bleue, le charbon, le tabac, le bluegrass et les fried chicken, of course. Bref, à peu de choses près (le charbon nan ?), la vraie vie. Dans ce décor midwestien un poil fantasmé, on n'imagine pas une chevauchée sauvage sans ce Somnambulence des All-Seeing Eyes, un groupe de Dayton. Paru le 19 septembre dernier sur Mauvaise Foi Records, leur premier album In Us We Trust incarne une fureur ultra racée. Outre un garage blues de très bon goût, l’histoire du groupe l’est aussi, un trio multi-instrumentistes composé de Matt Ayers (batterie), Kane Kitchen (basse) et Johnny Walker à l'harmonica et à la guitare. C’est évidemment sur ce dernier qu’on retient notre souffle : fondateur des Soledad Brothers et du Cut In The Hill Gang, ce psychiatre (si si) tourna en compagnie du MC5/DKT, travailla avec les White Stripes (il aurait apprit à Jack White à jouer de la guitare slide), les Detroit Cobras, les Greenhornes, Low Cut Connie et James Leg. Epatant. On vous recommande VRAIMENT cet album, idéal pour rouler des mécaniques, où se niche par ailleurs une version bien huilée de Et moi, Et moi, Et moi de Dutronc.
Before the roll is called - Gravel Route / Mister Airplane Man
La première fois que j’ai entendu le titre, ce devait être avant l’été, sur Blueshit, l’émission de Franck et Seb sur Canal B. Il était midi et des bananes, je sortais de la douche et ça a fait tilt direct. Je me suis assise sur le plumard, scotchée par la mélodie. C’était nouveau, pas sorti (ça vient de l'être sur Beast, à l’heure où j’écris ces lignes), y’avait rien sur le net pour réécouter et assouvir ce besoin de répétition. Putain, ça m’a hanté des semaines jusqu’à ce qu’une bonne âme me fournisse la compil de Binic en CD sur laquelle elle était logée. Ni une ni deux, j’ai foutu le CD dans le lecteur de la caisse et j’ai bouclé le titre non stop sur le trajet Rennes-Saint Malo. Soit 45 minutes à méditer sur cette chanson. Prenez les reines du blues râpeux, Mr Airplane Man et faites leur rencontrer les as de la country blues canadienne, Gravel Route : vous voilà avec le combo parfait pour une déambulation racée et sauvage en rase campagne. Franchement, si c’est pas une ballade pour routard ça, poignante et triste, et une invitation à tailler la route, arrêtez moi tout de suite.
Sweet Mountain - Leopardo
J’en ai déjà parlé là et là mais je vais profiter de l’hiver pour en rajouter une couche. Leopardo est le projet solo de Romain Savary, un suisse qui a déjà officié dans d’autres groupes auparavant (dont Papaya Fuzz). Son album Di Caprio sorti sur Montagne Sacrée Records est aussi berçant qu’un TGV qui glisse sur les rails à toute berzingue et piquant comme la voix éraillée de la contrôleuse qui te réveille en gare de Laval. Dans les deux cas, ça ne laisse pas indifférent. Images surannées, mélodies qui fleurent bon les années 70 et qui baignent dans le psyché comme ce Sweet Mountain : de Kurt Vile aux Country Teasers, du romantisme à la nonchalance, on adore ce son garage pop lo-fi finement bricolé.
For No Reason - The Lookers
En mode blind test (dans un cercle restreint et majoritairement composé d’initiés je l’avoue), The Lookers est reconnaissable illico presto. La voix ! Il y a quelque chose d’irrésistiblement sincère, désarmant et déchirant dans cette voix. Formé en 2011, les Lookers nous avaient tapé dans l’œil et les oreilles avec leur premier LP sorti chez Bloody Mary Records et Mauvaise Foi Records et dont on se souvient de l’imparable titre d’ouverture On Your Side (I Do). Après un split l’année dernière avec les Flamin’ Groovies, ils reviennent avec un second LP, Real things, un brin plus mélancolique que le premier.
Armoire à glace - Tremolove
Tremolove ! C’est la bouche en cœur que je vous confirme que ces deux types là sont mes Beach Boys à moi. Fruit d’un jeu qui unit les deux comparses du groupe (ils mélangent deux mots pour en composer un troisième, genre : fac + disney = la Rennes II neige), le nom Tremolove est l’association du trémolo de leurs guitares et la bromance entre ces deux potes de lycée. Après un premier album, Overwhaleming, sorti sur leur bandcamp l’année dernière, le duo de nantais est retourné tâter de la vague avec une session surf derrière les claviers. Ca sent toujours autant le springbreak et les vacances sixties, et je n’attends qu’une chose : la suite (qui s’oriente vers un « vrai » band avec d’autres musiciens).
Liquid Stone / Pinch Points
Sorti en cassette sur l’excellent label Six Tonnes de Chair Records, Pinch Points est un groupe punk originaire de Melbourne. Ultra punchy, dépourvue d’intro, direct droit au but, Liquid Stone ne ferait pas tâche dans un jeux vidéo, dans un level hyper chaud à passer en 2 minutes 04 pas plus, avant le fatal game over.
Teenage Bug / The Groundmunchers
The Groundmunchers se présentent comme l’entité deluxe du collectif du Dude en Pierre du Temple à la formation alternative et à l’organisation aléatoire. J’ai pas tout bien compris qui ils étaient, d’où ils sortaient, mais j’ai particulièrement aimé cette « Fresh Lo-fi Music ».
Red Power / Thick
Avec pour principales sources d'inspiration l'injustice sociale, l'exclusion raciale, le chagrin d'amour (encore lui !) et l'amour universel (pas très tendance en ce moment), Thick est né en 2013 d'un délire de voisinage dans la Vallée du Rhône, à la suite de plusieurs soirées arrosées (mais rien à voir avec la météo). Depuis, le projet a évolué, les musiciens ont changé puis rechangé avec une valse de batteurs aussi diverse que variée. 5 ans plus tard, Kevin, Ivan, Chtol et Dan ont l'air bien en place, largement nourris d'influences punk, garage, rock, progressif et même psyché, prêts à débattre sur un album (?) et les sujets intemporels cités plus hauts.