SUR NOS PLATINES #14 // par bingO

Les disques de la semaine // 07/02/2020

1 / DEAD HORSE ONEThe west is the best – Requiem pour un twister (2019)
 
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Sur The west is the best, troisième album sorti sur le très bon label Requiem pour un twister, le groupe valentinois DEAD HORSE ONE garde la même recette que sur les précédents opus, en puisant essentiellement dans le top du hit des clubs des années 90 : une vrille de MY BLOODY VALENTINE, un soupçon de shoegazing (coucou SLOWDIVE ! ), les saturations du DINOSAUR JR, l’esprit tordu de SWELL, et, bien évidemment, beaucoup de brumes du groupe RIDE, puisque Mark GARDENER mixe à nouveau leur album.
Toutefois, tout est ici beaucoup plus nuancé et varié qu’auparavant. Dans les moments les plus rock, on n’hésite pas à sortir les muscles ; les passages pop sont particulièrement ouatés, à l’instar de la superbe Saudade. Dans cette respiration bienvenue, le chanteur Olivier DEBARD convoque la voix féminine de Rorika LORING, compagne du co-producteur de l’album (tous deux membres du combo californien FLEETING JOYS). Au-delà de la dénomination commune, on songe au DAHO barrettien, fasciné par le psychédélisme du siècle dernier. Et si dans cette belle harmonie vocale se dessinait peut-être le futur musical du groupe ?

 

2 / JESUS OF COOLHow long – Pop Sisters records (2019)
 
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jesus-of-cool-how-long.jpg, by Laetitia

Les membres du nouveau groupe toulousain JESUS OF COOL ne sont pas des perdreaux de l’année, puisque deux d’entre eux sont connus des érudits de l’underground français. 
Dans les années 80, Don JOE, le guitariste-chanteur officiait dans The BOY SCOUTS (un 45t. et un album, indispensables). Actuellement, à la tête d’INDIAN GHOST et du DON JOE RODEO COMBO, il a entre temps joué dans LE PREHISTORIC POP, en compagnie du bassiste-chanteur Gilles SAHUT. Ce dernier est désormais aux commandes vocales de JESUS OF COOL, dont l’esthétique de l’album How Long est plutôt anglo-saxonne (nom hommage à Nick LOWE, chant en anglais, cover d’Everybody’s gotta live d’Arthur LEE, circa 1972).
Si la belle nonchalance du chant contraste parfois avec les instrumentaux des titres les plus rock, sur ceux à teneur atmosphérique, l’hypnotisme rampant à la MAZZY STAR s’approche du blues marécageux de The DOORS ou de la mélancolie de CRIME & The CITY SOLUTION (Barely sour). Saluons l’efficacité mélodique de la plupart des refrains : simples (mais jamais simplistes), ils apportent de la luminosité et une approche pop, et ce, même quand le titre commence dans une noirceur romantique. JOY DIVISION, les new-yorkais de The NATIONAL et même le Novice de BASHUNG ne sont jamais bien loin sur certains couplets, tant dans la musique, que dans le timbre et le placement de la voix (Wisdom). On pense aussi à QUESTION MARK and the MYSTERIANS (clin d’œil volontaire à 96 tears sur I wanna kill your shrink ?), ainsi qu’à The LIBERTINES dans l’élégance sautillante (Glow of delight). Plutôt sobre, la production s’appuie sur de beaux arrangements de claviers et des chœurs discrets. Elle met aussi en avant les lignes de basse, navigant entre un dépouillement à l’australienne (DIED PRETTY, The NEW CHRISTS) et une orfèvrerie anglaise digne de Jean-Jacques BURNEL (The SRANGLERS), voire de BLUR. 
À Toulouse, tu sais, « même les mémés aiment la castagne ».
À Toulouse on aime aussi les essais. Celui-là est réussi. On attend alors vivement la transformation de cet album sur scène.
 

3 / BONNIE PRINCE BILLY – I made a place – Domino (2019)
 
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r-14400431-1573763760-8230.jpeg.jpg, by Laetitia

A la fin des années 80, les COWBOY JUNKIES avaient déjà préparé le terrain pour la réhabilitation de la country. Loin des clichés (vestes à frange, santiags, chapeaux), au début des années 90, Will OLDHAM renoue avec le dépouillement et la rusticité du grand Hank WILLIAMS. Avec PALACE (BROTHERS, MUSIC, SONGS), ses chansons sentent la poussière, le mal-être white trash et on a confirmation que le rock’n’roll s’est autant abreuvé au blues qu’à la country music. 
Que ce soit avec son vrai nom ou caché derrière le sobriquet BONNIE ‘Prince’ BILLY, Will OLDHAM n’a jamais lâché l’affaire en étendant son talent à la cousine folk. S’il n’atteint plus les sommets de ses années PALACE, il parsème cependant chacune de ses productions de joyaux. L’un des plus talentueux représentants de l’alternative country est revenu en 2019 avec un surprenant album. I made a place est sobre, dépouillé et envoûtant, notamment grâce aux voix féminines en soutien. À découvrir absolument et en longueur.

 

bingO

(07/02/2020)