Chronique musicale (2021)
Et si écouter de la musique nous élevait en tant que personne ? L’histoire d’un coup de foudre pour le refrain d'une chanson.
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Selon Spinoza, la joie se définit comme « le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection». Et si écouter de la musique nous élevait en tant que personne ? L’essentiel de cette réflexion réside dans la joie profonde que j’ai ressentie à l’écoute du refrain de Sparrow, un des trois singles miraculeux des américains de BIG THIEF issu de Dragon new warm mountain I believe in you, album à paraitre le 22 février 2022 sur le label 4AD.
Débutons par l’exploration de ces émotions que peuvent provoquer certaines chansons, certaines mélodies voire certaines notes à leur écoute. Pour moi, la rencontre avec un titre de musique commence par un frisson. Un infime petit courant électrique qui se manifeste soit le long de la colonne vertébrale, soit sur les pommettes du visage ou encore le haut du torse. Ensuite de manière presque mécanique, je vais rejouer le morceau jusqu’à ce que le passage ou le titre vibre littéralement en moi. J’ai l’impression de le chanter en silence, il s’est installé dans mon esprit. Mais revenons à ma petite décharge d’électricité. Avant que l’entropie ne joue inévitable son rôle (l’énergie finit toujours par disparaître), il faut profiter de cette sensation fugace pendant laquelle le bonheur semble palpable.
Une relation charnelle à la musique
J’ai presque été pris par surprise avec Sparrow de BIG THIEF. La voix d'Adrienne LENKER a déclenché une avalanche de dopamine en moi, dès la montée dans les aigus du refrain :
« Mama the scream of the eagle,
Threading my heart through the needle,
Threading the blood through the apple ».
J’étais submergé. Mon corps s’est adressé à moi en sécrétant cette magnifique hormone du bien-être. J’ai presque eu l’impression de perdre le contrôle. La joie s’est installée en moi. J’ai grandi de quelques millimètres. J’étais bien.
La seconde écoute a convoqué des images. Mon esprit s’est emparé de quelques indices (mon piètre niveau d’anglais ne m’offre pas plus de compréhension qu’un mot attrapé çà et là) pour inventer un récit. Pour moi, Sparrow devait être la bande originale d’un passage du livre culte Dans la forêt, de Jean HEGLAND. Ce roman nous plonge dans le quotidien de deux jeunes filles. Elles vivent seules dans une maison au cœur de la forêt. Le monde s’est arrêté, mais on ne sait pas trop pourquoi. Elles doivent survivre. Au début du livre, la forêt sauvage n’est que danger. Au fil des pages, une osmose se crée entre les personnages et la nature. Pour finir, la forêt hostile se mue en refuge bienveillant.
Ostie et déceptions
En préparant cet article, j’ai souhaité mieux comprendre les paroles. Douche froide. Adrienne LENKER qui a grandi dans une secte chrétienne jusqu’à l’âge de six ans, nous raconte l’histoire d'Ève et de sa rencontre avec le serpent de la connaissance.
« She has the poison inside her,
She talks to snakes and they guide her ».
Ce que la chanson ne nous dit pas, c’est la part de croyance ou de défiance qu’elle véhicule. Peut-être, qu'Adrienne LENKER nous raconte le péché originel (la pomme de connaissance) comme le premier pas vers une libération. Je n’en sais rien. Ce qui est certain, c’est qu’il est possible d’imaginer une jeune fille entonner ce refrain assise seule dans une clairière et cela me suffit.
Heureux les imbéciles !
M.Arty
(21 décembre 2021)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
BIG THIEF. Dragon new warm mountain I believe in you (4AD, 2022)
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Pour prolonger...
BIG THIEF : Bandcamp
BIG THIEF: site web officiel
4AD : site web
Jean HEGLAND. Dans la forêt (Gallmeister, 2018)
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Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #747 (13/10/2021)
Rock à la Casbah #713 (25/11/2020)
Dans nos archives écrites :
Sur nos platines#15 par bingO (27/03/2020)
Ce que je retiens de 2021 par bingO
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Photographies : Genesis BAEZ, M.Arty
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Illustrations : Anita M.
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