Coup de latte (2021)
Le troisième album de The GOON SAX a récemment été chroniqué et (légèrement) égratigné dans nos colonnes. Voici la seconde couche.
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Sur le papier, tout était réuni. Que de bons éléments.
1/ L'Australie. La liste des excellents groupes en provenance de là-bas est trop longue pour la commencer.
2/ Le groupe du fils de Robert F. (pas n’importe qui, lui - un des rois de la pop -, avec ou sans The GO-BETWEENS) ; il a dû être élevé dans le bon goût ce garçon. Ça a marché avec Baxter DURY, pourquoi pas avec Louis FORSTER alors ?
2/ Un producteur star, John PARISH, pas le frère à manchot ; qui enregistre chez Geoff BARROW. Inutile de les présenter.
3/ De bons échos de la presse. Euh, on peut effacer cette remarque ; combien de hypes surfaites (liste trop longue ici aussi) ?
4/ Matador - la Rolls-Royce des labels indépendants - pour accueillir ce nouvel album, après deux disques prometteurs, plutôt aérés, post ligne claire, laissant présager un troisième parfait.
Et puis, à l’écoute de ce Mirror II à la pochette vilaine comme tout (mais ne nous arrêtons pas à cela ; surtout quand la police rappelle celle utilisée par The HOUSE OF LOVE durant toute leur plus belle période), on a du mal.
Où sont les mélodies ? Quid des harmonies ?
D'emblée, le son est aux antipodes des canons pop des Antipodes (pour rappel : perception de l'espace entre les instruments ; souffle et respiration ; simplicité et efficacité mélodiques ; compositions limpides et exécution sans surcharge). Au mieux, ce Mirror II ressemble à The CARDIGANS (Tag mériterait d’être plus catchy ; indispensable en pop), aux PAPAS FRITAS qui auraient musclé le propos (Psychic), à PHOENIX ou au His & hers de PULP (intensité rythmique, basse en avant, refrain de The chance - sans véritable incarnation vocale, donc dur dur ! ). Passé le problème de la justesse vocale (Monsieur James HARRISON, franchement, sur Temples et Carpertry, est-ce permis de chanter aussi faux ? ), l’accordage approximatif des guitares (Caterpillars) et les dissonances (volontaires ; top délire ! ) - alors que les musiques sont plutôt carrées (ça sent bien la retouche numérique ; « Hey ! Vous utilisez quel logiciel ? » ) -, le problème majeur tient dans cette question : OÙ SONT LES MÉLODIES NOM DE NOM ?!! Oui, Edwynn COLLINS chante parfois faux, mais quel mélodiste de génie ! Malgré la proximité dans la composition, n’est pas ORANGE JUICE qui peut (Temples, Caterpillars). Et quid des harmonies quand plusieurs voix sont réunies ? Quant aux fins de phrases traînantes, faudrait arrêter. Par pitié, ce n'est pas parce que vous allez vous encanailler (embourgeoiser ? ) en Angleterre qu'il faut se prendre pour Damon 'Mockney' ALBARN (cf. les plus mauvais moments de The great escape de BLUR) ! Enfin, la plupart du temps ça ne chante pas, ça déclame (est-ce vraiment un refrain sur In the stone ? ). Pour un peu, on serait prêt à se coltiner du post punk des années 20 !
Beaucoup de bruit pour rien
Rythmiquement, on est parfois chez Robert PALMER (idéal pour finir en bande son de publicité de bagnoles), voire F.R. DAVID (Words, belle chanson quand même - en 1982) à grand renfort de claviers FM (In the stone, Psychic, The chance) et de guitares burnées qui semblent être directement branchées sur la table de mixage (« Pas besoin d’ampli Coco, j’ai les plugs qui vont bien ; on verra ça au mixage ! »). John PARISH n'hésite pas à REMPLIR TOUS LES ESPACES, à tout mettre en avant et à gonfler le son, quitte à martyriser nos oreilles. À ce niveau-là, on parle de SURproduction. On aurait presque envie de réécouter en entier le 4ème STROKES ou une chanson de FRANZ FERDINAND, c’est pour dire ! Bien souvent, les arrangements sont traités par dessus la jambe (piano CLAYDERMAN sur The Chance, claviers METRONOMY sur Til dawn), imperceptibles (car noyés dans un magma sonique le plus souvent éprouvant ; ça fait beaucoup de bruit, où est l'approche ligne claire du début ? ) ou absents, mais ce n’est pas plus mal, ça permet de respirer. Mais c'est rare.
Pop connexion
On sauvera quand même du lot les compositions et instrumentaux plutôt aérés des déjà citées Temples ou Carpetry, en leur souhaitant un jour d’être vocalement bien traitées, comme chez BELLE & SEBASTIAN (tu la sens la pop connexion Ecosse-Australie ? ), ainsi qu’une belle rythmique bubble-gum à la VOULZY (Til dawn). Mentionnons aussi l’audacieux Bathwater et le presque tubesque Desire. Le premier titre est épique, tout en brisures rythmiques intéressantes. Le chant nonchalant de Louis F. est ici approprié et le saxo ROXY MUSIC est le bienvenu. Le second évoque un peu Lana DEL REY, le stupre de pacotille en moins. Un bon point vocal pour Riley JONES.
Gros enthousiasme dans l’attente.
Au final très grosse déception.
bingO
(12 octobre 2021)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
The GOON SAX. Mirror II (Matador, 2021)
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Pour prolonger...
... et surtout se changer les idées
Les deux premiers albums de The GOON SAX :
Up to anything. Chapter Music, 2016
We're not talking. Chapter Music, 2018
The GOON SAX : site web officiel
The GOON SAX : Up to anything [vidéo clip en provenance du 1er album du même nom]
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Dans nos archives sonores :
SDPU #167 - The GOON SAX - We're not talking (05/11/2018)
Rock à la Casbah #743 (15/09/21)
Dans nos archives écrites :
The GOON SAX ou la tyrannie du management moderne par M.Arty (08/10/2021)
Photographies : bingO, d'après Matador
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