Fantastic 4AD ? // BILLS & ACHES & BLUES

Chronique musicale (2021)
          L'un des plus importants labels au monde sort pour ses 40+1 ans une compilation d'auto-reprises. Est-ce bien utile ?

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
bills_pump_500.jpg

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX (le faut-il vraiment ? ) XXXXXXXX

         
     Bills & Aches & Blues. Le titre de cette auto-compilation renvoie à la teneur esthétique de 4AD, à ses artistes qui souffrent ("j'ai froid, j'ai mal"), à leurs œuvres à grande teneur mélancolique ("j'ajoute de la reverb ou ça suffit ?"). 
Quant à la note à payer, les jeunes pousses qui assurent les covers s’en chargeront...

Des artistes-maison actuels, à 75% féminins (calculs vérifiés) et plutôt jeunes, reprennent des artistes-maison, avant tout plus vieux - parfois morts (comme Tim BUCKLEY, par procuration via THIS MORTAL COIL puis - inutilement - par SOHN) -, mais très vénérables : PIXIES ou BREEDERS sont rois et reines ; il y a aussi LUSH, BLONDE REDHEAD et DEERHUNTER, bien représentés. Parfois, cela sonne comme une bande originale d’épisodes de séries Netflix. C’est plutôt bien fait, tout contribue à retrouver l'ambiance éthérée caractéristique de cette maison de disques... mais où est donc la saveur ? Ça chante (souvent) de façon appliquée, c’est musicalement plus en place que sur la majorité des versions originales, mais c'est parfois désincarné, aseptisé, trop propre. Ou ça minaude (Aldous HARDING, sans surprise). Moins bien donc.

Il ne viendrait à l'idée de personne de vouloir policer le Junkyard de The BIRTHDAY PARTY (Tracy PEW doit plus que se retourner dans son cercueil) ? C'est ce qu'a pourtant fait le groupe U.S. GIRLS, son électro-pop annihilant totalement la sauvagerie australienne. 
Qui a envie d'écouter un nouveau lifting du Where is my mind ?pièce mineure du répertoire des lutins de Boston ? Idem pour le majeur Cannonball des BREEDERS. 

Quand cela ne sert à pas grand-chose, alors autant écouter la source. Ou alors tordre le matériau originel, à l'instar de BING & RUTH sur Gigantic, l'un des dix enthousiasmants moments de cette compilation. Dix bons (voire très bons) titres sur vingt, c'est honorable. Bien évidemment, le groupe BIG THIEF (mené par la trop chouchoutte Adrianne LENKER) remporte la palme avec le Off you des BREEDERS (issu de Title TK, 2002). Cover parfaite. Digérée, respectueuse et distante à la fois, dans un esprit PALACE BROTHERS. En reprenant BLONDE REDHEAD, Elena TONRA (et son avatar EX:RE) met en lumière la merveille qu'est le Misery is a butterfly des esthètes new-yorkais. Se coltinant à HIS NAME IS ALIVE. Kim DEAL & ses BREEDERS prouvent qu'elles sont toujours au top. Jenny HVAL emmène LUSH chez Julee CRUISE, en version light, certes, mais c'est efficace. Et puis, quel plaisir de découvrir que Florence "Cleopatra" SHAW sait faire autre chose que parler sur des instrumentaux sans teneur ! Oui, il existe un avenir à DRY CLEANING, cela s'appelle le chant. Quant au Danois EFTERKLANG, sa reprise du Postal de PIANO MAGIC se rapproche d'ANTONY & The JOHNSONS. Enfin, si les plus aventuriers jetteront une oreille à la relecture des Mountain Battles des BREEDERS par Bradford COX (DEERHUNTER) - courage quand même ! -, les fans du bonhomme apprécieront très certainement la version aquatique du kinksien Futurism par HELADO NEGRO. 

On entend au loin questions et clameurs ("Est-ce parce que Mark KOZELEK n'est plus fréquentable que personne s'est penché sur RED HOUSE PAINTERS ? " ; "Et COCTEAU TWINS, c'est du poulet ? " ; "Ils sont bien chez 4AD les deux frangins avec des mullets ? " ; "DEAD CAN DANCE, tu avais leurs cassettes dans ta 4L ; tu les as gardées ? "). Que les déçus de cet anniversaire discographique ne se laissent point gagner par la frustration. Le catalogue 4AD est suffisamment riche pour (re)découvrir artistes et disques fondateurs.
 

bingO

(29 septembre 2021)


XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
bills_4ad_500_pochette.jpg
bills_4ad_500_pochette.jpg, by Bingo
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Bills & Aches & Blues (4AD, 2021)
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #743 (15/09/2021)
Rock à la Casbah #729 (31/03/2021)

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Photographies : bingO, d'après 4AD
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX