ARBOR LABOR UNION : l'union fait la force

Chronique (2016 en 2023) // La discothèque idéale (2016)
          Alors que ARBOR LABOR UNION a sorti un bon album en 2023, notre chroniqueur préfère revenir sur le premier disque du groupe. Pourquoi pas ?
 
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          Découvert avec son joyeusement psychédélique New petal instant (2020) qui laissait la part belle à des morceaux entêtants et évoqué brièvement par ici, ARBOR LABOR UNION a immédiatement réussi à se faire une place dans notre discothèque idéale. On aurait très bien pu évoquer le dernier né du groupe, un Yonder sorti en janvier dernier, lui aussi très plaisant. Mais on a préféré prendre le groupe en sens inverse et tester le premier disque du quatuor d'Athens, Georgia : I hear you.

Loud and clear !

Eh bien, nous aussi on les entend, et même plutôt bien. Loin du parti pris hippisant de son successeur, I hear you est un disque de rock massif et hypnotique, on ne peut plus à sa place dans le catalogue Sub Pop. Si c'était déjà un des points forts de New petal instant, la voix de Brian ADAMS (aucun lien) impressionne d'entrée sur l'imposant Mr Birdsong. Ça éructe, ça ricane à la Iggy, ça évoque surtout un Bob POLLARD après sa cinquante-huitième bière quotidienne, mais ça chante aussi avec une urgence palpable, magnifiquement soulignée par les riffs répétitifs du groupe. On se laisse facilement plonger corps et âme dans l'affaire, au point de ne plus trop savoir si le morceau a duré sept minutes ou bien trente (réponse A) avant de se terminer très abruptement (frustration garantie !).
La figure tutélaire de Monsieur Birdsong nous aura avant cela littéralement renvoyé en 1969 (année plus STOOGES qu'érotique), comme pour mieux souligner le crash de la génération flower power, avec la guerre du Vietnam (également évoquée dans le morceau) en point d'orgue. Sorti de ce tabassage en règle, on n'a qu'une envie : du rab de cette électricité décoiffante, et vite !
Cela tombe bien, on enchaîne sur un nouveau moment (très) marquant avec Hello transmission qui assume à fond ses envies de classic rock, tout en y ajoutant une touche de hargne grâce à un ADAMS délicieusement survolté. « Transmission granted safe passage through the maze » : son mantra est on ne peut plus éloquent et adapté à la claque qu'ARBOR LABOR UNION est en train de nous mettre en deux temps trois mouvements.
 
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Dead flower (power)

Ici, l'idéal hippie n'est pas en train de claquer. Il est déjà mort et enterré depuis longtemps, remplacé par un rock radicalisé et têtu au possible (on attendra New petal instant pour revenir sur les lieux du crime.) La musique d'ARBOR LABOR UNION est inarrêtable quand elle est jouée pied au plancher : Radar mountain road renvoie furtivement à un SONIC YOUTH enthousiaste quand le vaisseau spatial d'IHU nous laisse croire pendant ses premières secondes à une reprise de No fun. Sans oublier la folle cavalcade de l'instrumental Babel et son approche krautrock complètement assumée, bien aidée par une section rythmique très costaude. Ce(tte) tour de force haletant(e) révèle une aptitude déconcertante à empiler les strates sonores sur une base robotique à souhait. Sans trop en faire non plus, puisque le morceau est le plus court du disque.
Il pourrait d'ailleurs paraître un peu redondant de prime abord, mais I hear you évite le piège de l'ennui et d'un désintérêt croissant grâce à la science du dosage d'un groupe, déjà parfait de cohésion et de lourdeur pour un premier album. On comprend mieux à quoi les anciennes formations plus hardcore des membres du groupe ont pu servir.
Ménageant l'auditeur sans pour autant renoncer à ce sentiment de tension quasi constante, les chansons moins frontales du disque, Belief'd en tête, s'autorisent des arpèges assumant enfin l'utilisation d'une Rickenbacker (pas une mince affaire quand on vient du même bled que R.E.M. !). Silent oath tire également son épingle du jeu en s'autorisant (enfin) à lever le pied, une fois arrivé en fin de parcours.
 
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Safe passages through the maze

S'il fait finalement plus penser aux MEAT PUPPETS qu'à la bande à Michael STIPE, ARBOR LABOR UNION signait avec I hear you une entrée tonitruante dans la grande famille des groupes rock psychédéliques underground actuels (de DEAD MEADOW à ARBOURETUM en passant par les GARCIA PEOPLES et MOUNTAIN MOVERS). À l'écoute des deux albums suivants (tous sortis sur des labels différents), il semble évident qu'ARBOR LABOR UNION a plus d'un tour dans son sac et que son songwriting s'est bien étoffé (et assagi). On les suivra les yeux fermés pour leur prochaine traversée du labyrinthe.


 

Eric F.

(05 septembre 2023)

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ARBOR LABOR UNION. I hear you (Sub Pop, 2016)
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Pour prolonger...

ARBOR LABOR UNION : Bandcamp
ARBOR LABOR UNION : site web
ARBOR LABOR UNION : Mr Birdsong (live)

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Photographies : Eric F. + DR / Bandcamp & Discogs
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