Les chansons coups de cœur du moment de six membres de la rédaction du Casbah Webzine (dont un revenant et un nouvel esthète dans l'équipe), pour bien passer l'hiver et mettre en pause les horreurs du monde...
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXHédonisme, jus de citron et danses de salon.
É r i c F. [un chic type]
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HALLELUJAH THE HILLS - Transparent chart of the heavens
[I'm you (Discrete pageantry records, 2019)]
I'm you vient de souffler sa quatrième bougie, et il doit y avoir approximativement le même nombre de disques à m'avoir autant fait vibrer depuis sa sortie. Consacrant définitivement le génie du songwriting de Ryan WALSH, le 7ème album de HALLELUJAH THE HILLS regorge de chansons entêtantes et de morceaux qui progressent lentement vers les cieux, comme si The NATIONAL avait su éviter avec brio l'écueil de leur très somnolent dad rock. Pendant que les copains de Taylor SWIFT sortaient deux albums chiants comme la pluie cette année, WALSH et les siens finalisent Deck, un projet pharaonique de quatre albums, histoire de proposer 52 morceaux (un par carte à jouer) qui ne manqueront probablement pas de mettre la concurrence minable une nouvelle fois.
AMERICAN ANALOG SET - Long limbs
[For forever (Hometown Fantasy, 2023)]
Alors que leur dernier album en date, Set free, atteignait l'âge de la majorité, les Texans d'AMERICAN ANALOG SET ont fait un retour que quasiment personne n'avait vu venir. Ce qui est moins surprenant, c'est que ce For forever capitalise à nouveau sur l'impressionnante collection de claviers vintage du groupe, la science du songwriting et la voix délicate de son leader Andrew KENNY, sans oublier sa splendide section rythmique, reconnaissable entre mille. Probablement échaudé par l'état actuel du monde, AMANSET a rarement sonné aussi dark et énervé, insufflant une bonne dose de noirceur dans sa dreampop habituelle. Le résultat est plus que convaincant et laisse espérer que ce retour inspiré appelle de nouveaux albums du même acabit.
TOBOGGAN - We didn't dive
[Picket fences (Gentlemen records, 2001)]
Loin de moi l'idée de vouloir concurrencer le collègue GROTOTORO, mais on bifurque vers la Suisse pour déterrer le cadavre (forcément exquis) du power trio lausannois TOBOGGAN. Un groupe dont j'avais découvert le formidable premier album, Picket fence, dans un vulgaire bac à soldes de la Fnac nantaise avant d'avoir la chance de leur offrir leur deuxième date en France dans un festival qui avait également réuni H-BURNS, PERIO, TANAKH et Josh PEARSON. Racé et tendu à l'extrême, ce We didn't dive est une parfaite carte de visite pour TOBOGGAN, qui se transforme ici en magnifique ascenseur émotionnel. Le groupe aura ensuite sorti deux albums supplémentaires, Still gleams on hummocks et E brutal, avant de disparaitre. Sniff.
Will JOHNSON - The conductor calls
[No ordinary crown (Keeled Scales, 2023)]
Leader émérite de CENTROMATIC et SOUTH SAN GABRIEL avant de se lancer dans une carrière solo impeccable qui l'aura également vu croiser le fer avec les frères KADANE et David BAZAN chez OVERSEAS, Will JOHNSON reste pourtant un parfait inconnu par chez nous. Incompréhensible, tant le texan enchaîne des albums de haute volée, mêlant avec brio la douceur de l'americana à la tension d'un indie rock de haute qualité. Comme ici sur The conductor calls opposant une belle pedal steel à des guitares aux accords punk en sourdine. Des handclaps enthousiastes accompagnent à merveille la voix rocailleuse d'un Will JOHNSON qui ne perd pas une seconde et va droit à l'essentiel. Il est encore temps de prendre le train en marche !
BLACK BOX RECORDER - Seasons in the sun
[England made me (Chrysalis, 1998)]
Contrebalaçant la plume acerbe de Luke HAINES (The AUTEURS, BAADER MEINHOF) avec la douce voix suave de Sarah NIXEY, BLACK BOX RECORDER avait marqué l'année 1998 avec son album inaugural England made me. Cet indispensable antidote à la britpop et aux boys band locaux en vogue à l'époque n'était jusque là disponible en vinyle que sur le coffret anthologique Life is unfair. Chrysalis a réparé cette anomalie pour fêter les vingt cinq ans (déjà !) de l'album, agrémenté de quelques raretés et faces B, dont cette adaptation du célèbre Moribond de Jacques BREL. Coup de chance, on n'est pas obligé de s'y coltiner Kurt COBAIN à la batterie. We'll have fun we'll have seasons in the sun... Courage d'ici là les amis !
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S t é p h a n e D U C R O Z [nouvelle recrue]
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The CORAL - That’s where she belongs
[Sea of mirrors (Modern Sky, 2023)]
Avec Sea of mirrors, la formation de Hoylake, près de Liverpool, signe un classique instantané. Bande-son mélancolique d’un vieux western spaghetti, l’album opère la rencontre d’Ennio MORRICONE et Lee HAZLEWOOD.
The CORAL, c’est une pop finement ouvragée, Sean O’HAGAN (The HIGH LLAMAS) signe les arrangements de cordes, à haute teneur mélodique. Un must have comme disent les anglo-saxons.
Jalen NGONDA - Give me another day
[Come around and love me (Daptone Records, 2023)]
Back to the seventies ! Avec Come around and love me, le natif du Maryland, basé à Londres, fait revivre l’âge d’or de la musique soul. Les compositions de Jalen NGONDA donne à entendre le meilleur de la Motown, quelque part entre Smokey ROBINSON et Marvin GAYE. Groove souple et décontracté, voix magnétique, un artiste à écouter de toute urgence.
K.D. LANG - Constant craving
[Ingénue (Sire-Warner Bros, 1992)]
Avec l’opus Ingénue, la chanteuse canadienne délaisse ses influences country pour embrasser une pop plus mainstream. Le résultat, un album élégant et inspiré qui rappelle une certaine ambiance cabaret à la BRECHT / WEILL. Et la voix de K.D. LANG !
Laurent BARDAINNE & TIGRE D'EAU DOUCE - Marvin
[Love is everywhere (Heavenly Sweetness, 2020)]
Le jazz de Laurent Bardainne et de son collectif TIGRE D'EAU DOUCE est une réjouissance sonore. Ici, le saxophoniste ténor souffle le beau et le chaud dans son instrument aux ors mats. Le groove est contagieux dans un style afrobeat cher au regretté Tony ALLEN. Love is everywhere aide à panser les plaies d’un monde âpre et violent.
The LEMON TWIGS - The Bully
[Go to school (2018, 4AD)]
Les frères Brian et Michael D’ADDARIO font du neuf avec du vieux. Les deux génies new-yorkais ont remis au goût du jour une appétence pour une pop vintage et pétillante. Avec The Bully, et son écriture à tiroirs, le binôme redonne un coup de fouet à la pop des années 60 et 70. Très loin devant la concurrence, les chansons de The LEMON TWIGS devraient être reconnues d’utilité publique.
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P a u l M é g l o t [déjà hiberné]
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« As-tu besoin de bottes pour l’hiver ? » (Contrepèterie grivoise pour réchauffer les corps).
The LEMON TWIGS - When winter comes around
[Everything harmony (Captures Tracks, 2023)]
Quand la froide bise s’insinue dans les chaumières, il est bon de se rappeler qu’un des meilleurs albums de l’année est paru un jour de mai, avec cette belle et fragile entrée en matière, à la Paul SIMON.
BELLE & SEBASTIAN - Will I tell you a secret
[Late developers (Matador Records, 2023)]
Un titre qui nous rappelle les grandes heures du groupe écossais, où l’intime et l’universel se rencontrent avec simplicité. Il y a des secrets qu’il est bon de révéler.
Joanna STERNBERG - People are toys to you
[I’ve got me (Fat Possum Records, 2023)]
Il y a des gens qui offrent des jouets, et d’autres qui prennent les gens pour des jouets. Triste fait que nous relate dans une chanson pleine d’entrain, l’une des plus grandes et confidentielles songwriter américaines.
TEENAGE FANCLUB - Self-sedation
[Nothing lasts forever (Merge, 2023)]
Leurs cheveux et leurs barbes ont commencé à blanchir il y a quelques saisons ; si « rien ne dure toujours », les mélodies de ces éternels adolescents ont bien quelque chose d’intemporel.
Troye SIVAN - One of your girls
[Something to give each other (Capitol, 2023)]
Le morceau hédoniste qui manquait à notre petite playlist. Un titre qui réchauffe sévèrement l’ambiance. Troye et son sensuel organe vont nous aider à terminer l’année en gaieté.
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b i n g O [redac' chef tatillon]
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The POGUES - Fairytale of New York
[If I should fall from grace with God (Island Records, 1988)]
La plus belle chanson de Noël au monde. Sûr que Shane MacGOWAN (né un 25 décembre) et Kirsty MacCOLL la chantent dans l'au-delà.
On écluse plusieurs verres à leur santé !
ROMY - She's on my mind
[Mid air (Young Turks, 2023)]
Quand la chanteuse Romy MADLEY-CROFT de The XX lorgne du côté d'EVERYTHING BUT THE GIRL, on ne peut que se réjouir. Hédoniste et pop, Mid air est taillé pour la danse et célèbre l'amour. On pousse les meubles, on invite la voisine et on danse sur She's on my mind.
Étienne DAHO - Je suis déjà parti
[Coeur secret - un hommage de Frédéric Lo à Daniel Darc (Virgin Music France, 2023)]Cette année, Étienne a livré un album à 50% réussi (le reste n'est que caricature de lui-même, dommage). Heureusement, sur scène, il est toujours au top. Et puis, grâce à Frédéric LO, il rend un très bel hommage à Daniel DARC, avec cette relecture de l'ultime titre de TAXI GIRL.
APARTMENT - The alternative
[The Bristol punk explosion - 1977-1979 (Bristol Archive Records, 2023)]Sur le deuxième volume de The Bristol punk explosion, quelle joie de (re)découvrir certains groupes, notamment APARTMENT et sa folle énergie, très The ONLY ONES. Merci les archivistes !
Vince CLARKE - Cathedral
[Songs of silence (Mute, 2023)]Le très bien nommé nouvel album du co-fondateur de DEPECHE MODE (et d'ERASURE) comprend de belles plages atmosphériques. La première est parfaite pour siester à côté de la cheminée (pour celles et ceux qui en ont une).
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N i c o la s G O U G N O T [le retour du Yonnais]
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Les ténèbres de l’hiver bourguignon (lorrain, champenois, mayennais, quercinois, beauceron, rhodanien…) se sont abattues sur ta gueule. Quatre gros mois à bien serrer les dents dans la semi-obscurité plombée de nuages anthracite. À faire le dos rond sous une pluie à 3°C obscurcissant encore davantage les rares heures quotidiennement baignées d’une lumière blafarde dispensée par un soleil invisible.
Pour tenir le coup, y a pas à tortiller, va falloir se marrer.
DALLE BÉTON - Mange ton compost
[Béton Force 9 Fixation 24 h (Crème Brûlée Records, 2022)]Le plus simple, le plus évident, c’est de s’en prendre à ceux qui, par leur unique présence, font chier le monde : les anciens cadres sup’ en reconversion rurale, tendance bobos bio montessoribusiness. En plein dans leur gueule. C’est toujours ça de pris.
INSTITUT - L’effet waouh des zones côtières
[L’effet waouh des zones côtières (Rouge-Déclic, 2021)]Rictus nerveux à l’écoute d’INSTITUT concassant le verbiage inepte de ces petites putes de communicants du monde moderne, winners autoproclamés, parasites chiés par tombereaux par les écoles de commerce et qui jouissent à te refourguer de la camelote merdique ou des destinations « de rêve ».
INFECTICIDE - Un monde en forme
[Finger bueno (Da ! Heard It Records, 2020)]Un monde en forme de gusses qui ont réussi leur vie parce qu’ils font du solex à cinquante ans, polo rose et pull-over bleu ciel posé sur les épaules.
GARGÄNTUA - Rends l’argent
[J’ai faim (On Da Ground Records, 2019)]En parlant de sac à merde, bisous bisous François FILLON.
BASTON - Viande
[Primates (Howlin' Banana Records, 2019)]La fascination collective et morbide pour le fait-divers, bouillasse hondelâtre sublimée par BASTON. À ranger aux côtés de La nuit noire des Bérus [C'est aussi l'occasion d'écouter leur Baston, tant qu'à faire !].
VENTRE DE BICHE - Je suis lent
[Vaniel (Teenage Menopause Records, 2023)]Ouais, ben tu voulais te marrer, mais tu n’as finalement fait que te plomber encore davantage. Tu déprimes seul devant ton demi éventé, à contempler d’un air morne la condensation qui dégouline sur la vitrine d’un PMU désert. C’est malin.
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G R O T O T O R O [en direct de Genève]
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Ça y est, on a trouvé, l'Eureka de la playlist hivernale. Faut dire que c'était pas facile, tant de belles et bonnes choses ont été offertes ces derniers mois à nos oreilles à l'affût du meilleur.
Ici, pas de Noël, pas de soleil (il pleut et neige depuis au moins un mois du côté de Genève), pas de chocolat, même si on a des bras, mais du plaisir, beaucoup de plaisir qu'on va essayé de vous distiller généreusement.
La SÉCURITÉ - Dis moi
[Stay safe (Mothland, 2023)]C'est de loin l'album de l'année 2023 à nos yeux. Stay safe s'est immédiatement détaché du lot de galettes avalées ces derniers mois, par sa fraîcheur, son énergie à la OSEES, sa rythmique dansante à souhait, et tout particulièrement les titres en français sans accent canadien que notre rédac' en chef adoré rapprochait, il y a peu encore, des tous premiers KATERINE. À écouter en boucle pour palier le déficit hivernal de vitamine D.
MOICTANI - Cuando me miran
[Cinq heures trente-deux (Bleu Lagon Records / Maison Bah Oui, 2023)]On aime la musique suisse et peut-être qu'on en parle un peu trop ces temps-ci comme le signale avec espièglerie notre chère Dame Jordane sur les ondes. Mais comment faire autrement ? N'y a-t-il pas que du bonheur à l'écoute des échos ibériques de cette musique solaire et rayonnante de la Vaudo-Valaisanne MOICTANI pour l'exemple ?
I FIUMI - Quanto piú rumore
[I fiumi (Dischi Soviet Studio, 2023)]La petite surprise totalement inattendue de cette fin d'année, fruit d'une errance webienne lascive et éperdue. L'Italie rockeuse s'est offerte à nous, comme ça, par hasard, au détour d'un clic. Et l'énergie est revenue, allègre et positive. Plus que la voix de Sarah STRIDE, c'est la rythmique et les riffs à cordes qui ont séduit nos conduits auditifs, tout comme pour Non dorme.
CEZA - Holocaust
[Rapstar (Hammer Müzilk, 2004)]On ne saurait dire pourquoi, mais en écrivant ces mots, c'est le souvenir de l'excellent documentaire de Fatih AKIN, Crossing the bridge. The sound of Istanbul (2005) qui frappe à la porte avec vigueur. Les mystères de la vie. Le flot du rappeur CEZA réapparaît envoutant et ne s'oublie pas.
DOGSTAR - Saccharine
[Dogstar (Damnably Records, 2020)]Pour achever le voyage, direction la Corée du Sud dans ce LP de l'étrange qui, à l'image des petits champignons, "ouvre les volets de la perception", enfin... peut-être!
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22 décembre 2023
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Photographies : bingO, DR.
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