Chronique (2022)
Coup de cœur foudroyant pour le rock indé féroce et intelligent d'OVLOV, poursuivant avec brio la célébration des 90's de PAVEMENT, DINOSAUR JR et GUIDED BY VOICES.
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50 nuances d'indé
Il y a des rencontres comme ça qui prennent rapidement une tournure inattendue, marquées par un coup de foudre aussi immédiat que définitif. C'est exactement ça qui se passe sur Buds, troisième album des remuants américains d'OVLOV. Et tout cela dès le début d'Eat more, la deuxième piste du disque. Arrivée après Baby Shea dont on ne sait toujours pas trop s'il faut le passer en 45 ou 33 tours, le premier grand moment du disque (et ils seront nombreux) s'ouvre par des arpèges en son clair intrigants qui préparent sereinement le terrain avant que l'artillerie lourde ne débarque. Tout cela se fait en douceur et par paliers, à tel point qu'on serait presque surpris d'entendre la chanson se terminer dans un maelstrom supersonique. Entre temps, la voix de Steve HARTLETT, quelque part entre MERCURY REV et GRANDADDY, a fait des merveilles, bien épaulée par les backing vocals exquis d'une Alex GEHRING (RINGO DEATHSTAR), que l'on retrouvera avec bonheur sur Cheer up, Chihiro ! et Feel the pain. De quoi radoucir quelque peu un ensemble bousculé et mis à mal par des guitares décidées et contagieuses, dont les cinquante nuances d'indé ne devraient pas vous laisser de marbre.
My Poppy Valentine
Un conseil, préparez-vous bien avant l'écoute de cet album. Car Buds est de ces disques cannonball (27 minutes pour huit titres seulement) qui a conséquemment l'avantage de ne proposer aucun moment superflu. Tout cela sans forcément tenter de se fracasser la tête dans le mur à une vitesse décoiffante. Même si elle est indéniablement frustrante, la durée de Buds ne l'empêche pourtant pas de procéder à de nombreuses respirations salvatrices qui compensent les sales avoinées que le groupe prend un malin plaisir à faire pleuvoir. Cette dualité, de plus en plus prégnante à chaque disque d'OVLOV, révèle un groupe qui n'a désormais plus peur à l'idée de faire tenir ses morceaux par ses mélodies plutôt que par le barouf qu'ils imposent. C'est une stratégie somme toute très logique à l'écoute d'un titre comme The Wishing well, tout simplement irrésistible. On se délecte de toute la science du songwriting de Steve HARTLETT, ici capable de résoudre le casse-tête du morceau pop parfait de moins de deux minutes avec une facilité déconcertante. Probablement plus certain de ses capacités que jamais, le chanteur d'OVLOV réussit même à ne pas se faire noyer par ses deux frères Jon et Theo, ainsi que Morgan LUZZI pendant la tempête. On retiendra justement un traitement plus soigné sur les guitares, impressionnantes quand elle se décident à s'aventurer sur les terres arides de MY BLOODY VALENTINE (Baby Shea, Moron pt. 2 , Feel the pain), sans pour autant tourner à un ridicule concours de larsens suramplifiés. C'est justement parce qu'OVLOV a appris à baisser le pied que ses passages ébouriffants sont aussi efficaces.
Lazy, lalalalazy
À l'image du Twin plagues de WEDNESDAY, il sera difficile de ne pas souligner le patronage de DINOSAUR JR sur la musique du groupe. Et s'il est évidemment très tentant d'accoler une étiquette de slackers aux membres du quatuor de Newton, Connecticut, Buds dit pourtant tout le contraire. En effet, les fulgurances soniques du groupe sont trop bien pensées et maîtrisées pour être l’œuvre de branleurs désœuvrés. Il ne faudra donc pas prendre le refrain du remuant Land of Steve-O pour argent comptant : « Downtown, new town, makes me lazy ». Autre argument défendant la thèse de jeunots insolents de maîtrise sur leurs instruments, le solo du morceau, qui rivalise sans peine avec les meilleures envolées de J MASCIS, avant une nouvelle démonstration sur Strokes. Comme un clin d’œil à cette influence qui prendrait un peu trop de place, OVLOV se permet de clôturer Buds par un Feel the pain, qui n'a pourtant rien à voir avec le tube de Without a sound. Au lieu de ça, nos nouveaux gars sûrs se lancent dans une ballade midtempo aérienne, qui finira par exploser en plein vol. La faute, dans un premier temps, à une accélération soudaine puis à une montée finale haletante qui tire la quintessence des pédales de distorsion du groupe. Et n'oublions pas de rendre grâce à cette batterie en mode it's a hard rain that's gonna fall. Wow, encore !
Volvo In Reverse
Ça n'était pas forcément gagné d'avance, mais OVLOV démontre qu'il est amplement capable de dépasser la somme de ses influences. Et si on a l'impression de squatter avec les tubes Eat more et The wishing well depuis l'adolescence, cela n'empêche pas le groupe de se mettre en danger sur le final d'un Cheer Up, Chihiro ! où débarque un saxophone luttant comme il peut face aux guitares du groupe. Au final, cette Volvo à l'envers et son autoradio irrémédiablement bloqué dans les 90s a tout pour marquer les esprits. La fan-base resserrée mais hyper dévouée d'OVLOV (quasi tous les tirages vinyles, certes confidentiels, sold out en une poignée de minutes) a vu juste : on tient ici un groupe à l'évolution aussi implacable qu'excitante. Il ne fait nul doute que si le groupe poursuit sa vertigineuse progression, il fera bientôt très grand bruit.
Eric F.
(04 février 2022)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
OVLOV – Buds (Exploding in Sound Records, 2021)
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Pour prolonger...
OVLOV : Bandcamp
OVLVOV : vidéo-clip + live
The great alligator
Cheer up, Chihiro ! (live at Little elephant)
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Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #762 (02/02/2022)
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Photographies : Eric F.
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