Chronique musicale (2021)
ROSALI, chanteuse folk de Philadelphie, s'est acoquinée avec la bande à David NANCE à l'heure de son troisième album, le formidable No medium.
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Après avoir pris Rosali MIDDLEMAN et ses LONG HOTS déjantées sous son aile le temps d'une tournée U.S. qu'on imagine forcément fiévreuse, David NANCE a offert ses services, ainsi que ceux de son backing band, pour aider la chanteuse folk de Philadelphie à réaliser son troisième album en solitaire.
Pour over ice, le single avant-coureur, nous avait emmené en territoire nancien archi-connu, sa guitare gorgée de fuzz se révélant un magnifique écrin au morceau, dynamitant allègrement l'univers pastoral de ROSALI. Mais tout cela n'était finalement qu'une (très convaincante) feinte tant ce No Medium s'impose dores et déjà comme une des plus belles réussites americana de l'année 21.
Jane erre
Composé dans une ferme en Caroline du Sud où les phénomènes surnaturels seraient légions, No medium met sa génitrice face à ses propres angoisses et doutes. Au menu : des pertes, la sexualité, la mort qui rode et le poids de l'addiction. Il n'est pas surprenant que ce disque doive son nom à une citation tirée de l'hilarant Jane Eyre de Charlotte BRONTE : « I know no medium : I never in my life have known any medium in my dealings with positive, hard characters, antagonistic to my own, between absolute submission and determined revolt ».
Vous l'aurez probablement compris, No medium est une sacrée mise à nu pour ROSALI, qui n'hésite pas à s'examiner minutieusement et avec une indéniable sincérité. C'est assez criant sur Pour over ice, où elle se livre sur ses difficultés à lutter contre un recours systématique à l'alcool comme lubrifiant social. Comme pour mieux enfoncer le clou, elle explique avoir imaginé le solo de guitare supersonique de la chanson comme un accident de voiture au ralenti lui permettant de traverser sa journée (NDLR : David NANCE ferait donc un sacré bon chauffard).
Lumière et frissons
No medium est pourtant tout sauf un disque misérabiliste. ROSALI s'affirme malgré ses propres interrogations dès l'introductif Mouth, où il est question de faire du passé table rase : « East of the river I was travelling on / watch me lie, undone / rest me in a forest, overgrown / until I am free of all that I’ve known ». D'emblée, la production lumineuse de l'album saute aux oreilles.
S'imposant sans avoir besoin de recourir à de nombreux artifices, la voix de ROSALI, à mi-chemin entre Aimee MANN et Liz PHAIR, donne des frissons à l'entendre clamer posément « All this lightning ain't frightning to me » sur le suave et faussement fragile All this lightning.
Cette confiance et cette force se retrouvent également dans le groupe accompagnant ROSALI. Mis à part Pour over ice, les solos de Whatever love et un Bones où DAVID NANCE vient prêter assistance vocale avec brio, l'ensemble n'a rien de pyrotechnique mais est joué avec tant de conviction et de justesse qu'on a l'impression de retrouver un vieux disque fétiche oublié depuis trop longtemps. Ici, ça joue comme des vieux briscards à qui on ne la fait pas, maîtrisant tous les codes allant du folk au classic rock : ce n'est évidemment pas un hasard si la majorité des musiciens du disque est passée chez le maître-artisan Simon JOYNER.
Happy ending
Souvent d'une beauté sans âge, les morceaux de ce disque constituent une somptueuse leçon de classe et de maîtrise. Capables de magnifier même les grilles d'accords les plus basiques comme sur Whatever love, ROSALI et son band signent également avec Waited all day une ballade digne des plus grands, où le piano aérien se marie à merveille avec une guitare lead savoureuse toute en retenue.
Your shadow et Tender heart concluent cet album de la plus douce des manières et ce dernier laisse entendre que ROSALI est en voie de trouver la paix intérieure : « And in time, we'd shower our friends / With thanks and forgiveness / We'd make our amends / I don't mind, spending my time / Like this».
Enregistrée en à peine dix jours, cette catharsis aussi belle qu'enthousiasmante est un nouvel exemple du bien fondé des jumelages Omaha – Philadelphie (cf. ASTUTE PALATE).
Eric F.
(14 juillet 2021)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
ROSALI. No medium (Spinster, 2021)
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Pour prolonger...
ROSALI : BandcampROSALI : site web
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Photographies : Eric F. & Spinster DR.
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