Wand

Ganglion Reef (God ! / Drag City) // par M.Tissot
S'il fallait coller une étiquette sur le dos de Wand (et, heureusement, rien n'y oblige personne sauf, peut-être, ceux qui s'amusent à classer les albums dans des petits bacs et qui ne doivent pas rigoler tous les jours...) bref, s'il le fallait vraiment le faire, on devrait sans doute utiliser un beau paquet de traits d'union : psyché-stoner-pop-rock-garage, et même ainsi, on serait loin d'avoir fait le tour de la question, loin d'être parvenu à définir la couleur du son de ce premier album de Wand, signé chez God ? Record par Ty Segall himself. Non, vraiment, comme toujours, le meilleur moyen reste encore (et heureusement) d'écouter.
Pour les frileux des oreilles, ceux qui préfèrent savoir à l'avance à quelle sauce, on va leur cuisiner les tympans, on pourra suggérer un lien de parenté musicale avec les Tame Impala, Temples, Pond ou Shine Brothers. Du côté des anciens, on mentionnera également des influences Pink Floyd (époque Syd Barett), King Crimson, Status Quo, voire un soupçon de Beatles (époque Revolver). Oui, je sais bien, tu n'es pas beaucoup plus avancé avec ça... Mais je vais t'aider un peu, ne t'en fais pas !
« Ganglion Reef » s'ouvre sur Sender. Transmetteur d'impulsions électriques, dit la définition. Et ça fonctionne réellement ainsi, à l'impulsion, dès le départ, pour que tu saisisses bien le message. On te cloue au sofa en alternant les picotements électriques et les riffs de guitare électrique.  Clearer te maintient en position avec son stomp-psyché et la voix éthérée, presque elfique de Cory Hanson (ce touche à tout musical en perpétuelle ébullition créative). Le voyage se poursuit mine de rien sur un  Broken Candle accrocheur et psyché à souhait. Tu t'envoles, mais te voilà déjà, sans même t'en être aperçu, à te brûler aux flammes du brillant Fire on the mountain' (probablement, la pépite de l'album) composé en trois mouvements parfaitement orchestrés. Ne bouge pas, tu vas devoir succomber. Dix-huit secondes pour reprendre ton souffle sur Ganglion reef, comme un entracte en presque milieu d'album et tu files de nouveau sur Flying golem avec ses arômes pop sixties assaisonnés d'une bonne dose de stomps. Strange Inertia ne te sème pas en route, te garde bien au chaud, accroché aux riffs planants, juste avant que Fugue state ne vienne enfoncer le clou avec son intro stoner qui te chope aux tripes. C'est bon, tu peux garder les yeux fermés, ne bouge pas, c'est pas encore tout à fait terminé, même si Growing up boys te prépare doucement à l'atterrissage, quitte à te perdre un peu en chemin avec sa gracieuse acoustique. Mais comme Wand ne voulait visiblement pas que tu les oublies si vite, ils te montrent une dernière fois de quel bois ils se chauffent à coup de Generator larping qui n'en finit pas de finir et te donne juste envie de refaire le chemin du début à la fin.Alors, prêt pour une aventure quasi mystique dans la galaxie sonore ? Ne t'inquiète pas, tu seras de retour dans une demi-heure. Sauf s'il te prend l'envie irrépressible d'appuyer sur repeat...
Marlene Tissot