Vidéo-clips suisses (Top 2023)
Quid de la production de vidéo-clips en Suisse, en 2023 ?
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XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXEn 2022, notre constat était sans ambages : la production de vidéo-clips suisses était affligeante, tant par le nombre que par la qualité. La sélection du Best Swiss Video Clip proposé par le m4music, les Journées de Soleure et la SUISA (les droits d’auteurs suisses pour ceux qui connaissent pas) était à la hauteur de ce quasi-néant. Heureusement, Trauma de Gina ÉTÉ, le seul clip créatif et beau présent, aux limites de l’art contemporain et non dénué d’un message politique au passage, a été primé par le jury.
Qu’en est-il en 2023 ? Les antipodes, vous savez ce que c’est ? Eh bien la production 2023 est à celle de 2022, ce que les îles Chatham sont à la France. Un délice, une merveille, un bonheur sans fin… Est-il possible d’être plus clair ?
Quoi qu’il en soit, au fur et à mesure de notre défrichage sélectif une tendance s’est fait jour : le film d’animation. De plus en plus d’artistes musicien(ne)s utilisent l’animation pour leur vidéo-clips. Est-ce anormal ? En fait, non. La Suisse, petit pays riche, est connu et reconnu dans le domaine du cinéma pour deux productions : le documentaire (ou cinéma du réel) et le dessin animé (ou l’animation). Aussi rien d’étonnant à ce développement des vidéo-clips. Cependant, il faut bien se rendre compte de ce que cela signifie. Réaliser un court métrage d’animation nécessite des heures de travail. C’est un long processus. Et comme tout long processus, il est coûteux en énergie et souvent en pièces sonnantes et trébuchantes. Or, les artistes dont nous parlons ne sont généralement pas des rock-stars, bien au contraire. Nombre d’entre eux sont autoproduits. Ceci pour montrer l’implication passionnelle que ces artistes mettent dans leurs projets, leurs réalisations, leur œuvre. De la même manière, rien d’étonnant non plus que la majeure partie de ces vidéo-clips animés apparaissent en ce début de rentrée scolaire. Non que les artistes soient retournés à l’école, mais ils ont fort probablement profité de ces vacances estivales pour peaufiner, si ce n’est réaliser, leur vidéo-clip.
Cela étant, revenons-en au principal : les vidéo-clips animés suisses 2023. On en a retenu huit pour leurs qualités esthétiques, artistiques, techniques, que l’on vous propose dans une playlist pour faciliter le visionnement en ne cliquant qu’une seule fois. Merci GROTOTORO !
Notre préféré et également le premier à être apparu sur MX3, est celui du Fribourgeois Grégoire PASQUIER, alias SHUTTLE. Son Daydreamin’ [Daydreamin’ (Balagan Music / Wagram Music, 2023)] se voit attaché un film d’animation de toute beauté réalisé par le musicien lui-même. Sorte de motion design artistique réalisé à partir de « photos » retouchées numériquement, le tout passé à la moulinette de l’AI adolescente, le résultat en est bluffant, d’autant plus si l’on aime les chats, les méduses et les framboises.
Dans le même style, mais encore plus référencé « arti » période 1930, quoique moins réussi à notre avis par manque de diversité dans le procédé, le Lust in space [single (autoproduction, 2023)] des rockeurs Argoviens de COLOSSAL REX. Ce vidéo-clip réalisé par Stephen James Mc CABE reprend la même technique, en noir et blanc cependant.
On lui préfèrera de loin le Nightmares [single (La Pochette Surprise Records, 2023)] des Turgoviens de BIKINI BEACH. Réalisé par Charlotte GAGEL, le film d’animation attenant reprend encore une technique similaire, mais à partir de peintures cette fois-ci, avec quelques photos retouchées par ci par là toutefois. Le résultat est tout simplement sublime, autant pour le contenu que pour le contenant. On n’ose imaginer le nombre d’heures de travail que ce projet a pu prendre, mais qu’importe quand on en voit le résultat.
Pour sa chanson Mark Kelly [single (autoproduit, 2023)], le Vaudois Mark KELLY a également choisi une technique d’animation, mais plus proche du « dessin animé » traditionnel. Le choix du noir et blanc concourt à la poésie triste de ce court-métrage réalisé par Mathilde HEU, exutoire introspectif post-électrochoc de l’artiste. La poésie filtre et se mêle pour le meilleur à la mélodie et sa douce mélancolie, créant une parfaite harmonie qui règne tout au long du visionnement.
Les Vaudois de YELINS ont également choisi une technique de motion design, pour leur Palm trees [Moon on the rocks (Le Cèpe Records, 2023)], mais plus basique. Noyé dans un univers de couleurs pastel, ce court-métrage réalisé par Rozalie KOLKOVA et Daniele OLIVERI ne brille pas par sa technicité, mais plus par sa poétique. Le monde imaginaire qui se dévoile regorge d’idées qui permettent d’oublier la simplicité des moyens et nous laisse l’envie de découvrir le film qui se dévoile à nous et ce, jusqu’à sa fin.
Toujours dans l’esprit de mix « dessins animés » et « photos retouchées animées » par motion design, on trouve le vidéo-clip Empire [single (autoproduction, 2020)] des Bernois de KINGS MOOD. C’est d’après nous l’un des plus réussis et des plus construits des vidéo-clips de cette année. Une petite merveille helvète s’il en est, réalisée en 2023 par Elbow GmbH / Rihs, avec le message suivant qui parlera à tout le monde : « Can heroes ride on ants ? » (ants, les fourmis, pas les incapables de l’agence en charge de nos papiers d’identité !)
Pour narrer l’histoire du petit oiseau solitaire PIU, les DIRTY SOUND MAGNET, ont choisi une tout autre technique d’animation : le crochet animé ! Lonely bird [Dreaming in dystopia (Wild Thing, 2023)]. Léonie GOTTRAUX et David PAVLIK, les réalisateurs, nous enchantent visuellement sur cette balade douce-amère des Fribourgeois, habituellement voué au bon rock bien sale et bruyant.
Enfin, last but not least, et bien que finalement de l’année dernière, le court métrage de Baby please [single (autoproduction, 2022)] des Genevois de WOOHOO, réalisé par ces-derniers à la maison, avec l’aide de leur pote Gary GRENIER. Comme quoi, il suffit d’un peu d’huile de coude et de bons copains pour livrer les fruits de son esprit créatif au reste du monde et de la plus belle manière qui soit. En fait, la technique d’animation retenue ici est toute simple : on prend des photos en hauteur de poses et décors mis à plat sur le sol, et on les aligne en stop motion, image par image, sur l’ordinateur. C'est basique et terriblement efficace. Si en plus vous avez un peu d’humour décalé comme les WOOHOO, alors c’est la cerise sur le gâteau. Et pour que les spectateurs aient une meilleure idée de la technique, les artistes ont ajouté quelques images du tournage en fin de vidéo-clip. Y a plus ka !
Voilà pour l’essentiel. On verra bien ce qui sortira de l’esprit de nos compatriotes artistes d’ici la fin de l’année, mais ce petit aperçu offre une bonne idée, nous semble-t-il, de la dynamique, de la richesse et du renouveau du vidéo-clip helvète.
Alors bon visionnage-auditif à toutes et tous, car en plus d’être visuellement réussis, ces vidéo-clips sont agrémentés de la plus agréable des musiques.
GROTOTORO, de Genève
(21 novembre 2023)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Dans nos archives écrites :
La crème de la crème des vidéo-clips d'Helvétie 2022 ! (17/02/2023)
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Photographies : DR
Captures d'écrans : bingO via MX3
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