Chronique (2024)
Non contents de nous avoir déjà refilé quelques bons tuyaux, les vaporeux VAN COEUR ont porté à notre attention l'existence du quatuor indie-noise C TURTLE. Il n'en fallait pas plus pour enfiler notre tenue de biologiste et partir à la recherche de l'animal.
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Lâchées dans leur élément naturel (un garage qu'on imagine facilement un peu poussiéreux et crade) nos quatre tortues de mer londoniennes s'adonnent à leurs activités préférées : triturer des guitares, maltraiter leurs pédales d'effets et saloper les mélodies qui leur passent par la tête.
Ce spécimen en voie de disparition, réintroduit récemment dans un pays où l'espèce était virtuellement introuvable (seriez-vous capable de citer un exemple de “C'est le SONIC YOUTH anglais” ces dix dernières années, vous ?) n'exhibe pas particulièrement de comportements surprenants. En effet, tout a ici été déjà codifié lors de l'âge d'or de l'espèce dans les années 90. Outre la bande à Thurston, on citera les inévitables PAVEMENT, DINOSAUR JR. et pour faire plus proche géographiquement de nos tortues, SPIRITUALIZED et les inévitables MY BLOODY VALENTINE. Vous l'avez compris, les C TURTLE savent exactement ce qu'ils doivent à leurs ancêtres.
Mais au vu du niveau de nonchalance et de nihilisme qui se dégage de cet Expensive thrills, il y a fort à parier qu'ils n'en ont strictement rien à foutre non plus. Et pour être tout à fait honnête, ça devrait être votre cas également. Oui, vous pourriez jouer à “Devine le groupe” sur à peu près chaque morceau du disque, mais qu'importe. Il y a une telle volonté de jouer fort et vite chez C TURTLE que les références sont au final rapidement mises de côté. Après tout, ça serait quand même dommage de ne pas se concentrer sur l'évidente complémentarité vocale entre Cole Flynn QUIRKE et Mimi MCVEIGH et l'énergie tout feu tout flamme du groupe, qui vous sautera à la tronche d'entrée (l'intro noisy flamboyante d'Have you ever heard a turtle sing ? qui vous laissera à peine quinze secondes pour attacher votre ceinture).
On était en droit de se demander si le groupe allait réussir à nous proposer des chansons aussi directement efficaces que l'incroyable Tarred & fucked. Et bien, C TURTLE n'a pas forcément à rougir avec des titres du calibre de Melvin said this, véritable bâton de dynamite qui ne laisse aucun répit à l'auditeur, propulsé contre le mur (du son). Impossible de nier non plus l'hyper efficacité d'un Shake it down bêtement addictif, tout aussi simpliste qu'entêtant, à mi-chemin entre les RAINCOATS et les BREEDERS.
Mis à part deux interludes lo-fi, le groupe est incapable de rester calme très longtemps. Alors oui, ça prend parfois des poses un peu insupportables et ça surjoue un rôle de têtes à claques. Mais pour un Sniffing the Jesus hole quelque peu crispant, on se consolera dans les bras d'un Ex-Athlete, dont les arpèges lourds et lancinants ne pouvaient nous mener que jusqu'à un monstrueux tintamarre sonique, franchement réjouissant.
C'est encore plus marqué sur More insects en toute fin de parcours, où on se surprend pourtant à croire en une belle ballade, tendre et posée. Ça ne durera pas longtemps, les guitares noisy faisant rapidement leur retour. Le groupe est, encore une fois, à deux doigts de la rupture avec une maitrise assez aléatoire, mais cela ne fait qu'accroître son charme. Le tout se concluant par une outro à la flute traversière et on finit de se convaincre que ces C TURTLE sont aussi foutraques qu'habités par une énervante capacité à réussir beaucoup de choses.
S'il n'y a pas de bouleversement stylistique par rapport aux productions précédentes du groupe (uniquement disponibles en K7), ce Expensive thrills se démarque quand même par son approche moins rêche que d'habitude. On se demandera quand même si la mention « produced at Abbey Road » n'est pas une blague potache quand on sait que le groupe n'enregistrait jusque là que sur un Tascam très fatigué. Cela démontre en tout cas que C TURTLE a passé un cap et que sa future maturation devrait nous offrir de nouveaux très bons moments.
Éric F.
(25 juin 2024)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
C TURTLE. Expensive thrills (Blitzcat Records, 08/04/2024)
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Pour prolonger...
C TURTLE : Bandcamp
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Photographies : DR/Bandcamp, Éric F.
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