SWMRS

Drive North (Uncool records 2016) // Par Lucas Leonard
Le 12 février est sorti « Drive North » le premier LP des SWMRS, un jeune groupe d’Oakland que l’on pourrait désigner comme les petits frères des FIDLAR, version décoloration capillaire grotesque.
Outre le rappel acronymique évident, on apprend que ce premier album émane d’une production personnelle, via leur propre label : Uncool Records, et qu’aux manettes se trouvait Zach Carper, le cerveau de FIDLAR et un ingénieur sonore de rêve pour la scène garage émergente.

Ces jeunes Californiens restaient plutôt inconnus au bataillon jusque-là, pourtant ils ont commencé très tôt et avaient déjà deux albums studios à leur actif sous le nom de « Emily’s Army », tous produits par Billie Joe Armstrong, leader de Green Day et père de l’actuel batteur du groupe : Joey Armstrong.
Alors, on creuse un peu et on se rend compte que le parcours de ces gamins sort véritablement de l’ordinaire… Car, à ce lien de parenté fortuné s’ajoute une relation insolite avec le milieu de la haute couture : les frères Becker, Max et Cole sont tous deux mannequins pour Yves Saint Laurent. Le morceau d’ouverture de l’album, « Harry Dean » est d’ailleurs choisi comme soundtrack pour la collection Été 2016 du couturier.

On pourrait parler du bassiste, Seb Mueller, mais après d’intenses recherches je constate qu’il n’a aucun lien avec une quelconque célébrité.  On s’en passera donc.
Le standing semble élevé chez les SWMRS. Mais qu’il s’agisse d’un piston ou d’un destin inévitable on en oublierait presque la musique dans tout ça !
Pourtant, ce premier LP sous l’acronyme SWMRS est une petite bombe garage bien condensée. On retrouve tous les critères du punk, avec un ton accusatoire et une philosophie assumée au-delà des frusques.

L’album s’ouvre donc sur un Harry Dean hyper fidlarisé : c’est tonique, le tout est compact, perforant et ressemble à un joli bordel maitrisé. Mon coup de cœur.
On feint ici l’ambiance noisy inhérente au garage, car le son est moderne, efficace et l’album balaie tous les classiques du punk à roulette californien des années 90 à nos jours. On a le droit aux niaiseries semi-acoustiques (Turn Up) travaillées en accords mineurs pour amener la mélancolie qui s’impose, à la chanson de stade classique (Figuring Out) qui nous incite à sauter dans une piscine vide (ambiance In Too Deep de Sum 41), ou encore aux chansons plus sombres et dérangées (Uncool, Drive North). Le tout semble se tenir, les antécédents se font sentir car même si certaines faiblesses subsistent (Ruining my pretending, Hannah) le travail en amont est palpable.

Enfin, le groupe sort du lot lorsqu’il consacre une ode à Miley Cyrus (Miley) en scandant « Miley is a punk rock queen ». Surement une question de génération, mais je reconnais que le morceau n’entache en rien la qualité de l’album.

Finalement les SWMRS représentent la nouvelle génération d’un punk à roulette californien, pas si innocent que ça. Il ne s’agit pas d’une révolution mais « Drive North » reste une bonne collection de chansons diaboliquement punk qui transpire l’urgence et l’angoisse adolescente.
Les musiciens font preuve d’une maturité prématurée, certes favorisé par l’assistance d’un réseau bienfaiteur, mais totalement mérité aux vues de leurs qualités.