From Switzerland with love #002

Autoproductions suisses / playlist (automne 2022)
          Eh voilà ! Time flies tellement que déjà six mois se sont écoulés sans qu'on ne les ait vus passer. Heureusement, pour les mémoires courtes ou fugaces, quelques traces bytes-siennes persistent et signent, parfois (mais pas toujours), sur des labels clairvoyants et aventuriers qu'on ne saurait que trop louer. Vive qui pourra !

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     Aussi, voici venir l'heure où Grototoro le gros, défricheur immémorial de la suissesse plateforme de Mix m'en trois (MX3 pour les adorateurs d'acronymes pastiches), est de retour pour une deuxième playlist for The Casbah de pure pure musique Suisse comme vous n'en entendez pas souvent sur les ondes franciliennes ou provinciales de l'Hexagone et par-delà. Et quelle playlist, mes aïeux ! Quelle playlist !!! Aussi longue et doucereuse que l'été languissant d'épuisantes sudations qui se meure. Notons cependant, avant de taper dans le gras du lourd, que si elle fait la part belle au Rock and the Pop (on est sur le webzine de l'émission radiophonique Rock à la Casbah quand même ! ), elle dépasse volontairement les frontières des moules et autres carcans de goûts, paroisses de prés carrés élimés et définis du mainstream assourdissant d'onanisme monétaire de la planète business et ses planches à billets. En effet, en quelques mois, les pépites musicales ont éclaté dans tous les horizons hertziens des synapses dopaminées sans prozac de bien-être, élément trop souvent prescrit par les gens appelés, non sans raison, Docteurs, tout comme nous, d'ailleurs ! Alors oui ! On pourrait vous proposer du Émilie ZOÉ, l'incontournable maîtresse de la scène musicale helvète d'aujourd'hui et pour cause... ou du BLACK SEA DAHU, tou(te)s deux tant apprécié(e)s de Sua Excelência Dame Jordane et des Casbahziens de la diffusion radiophonique valentinoise du Sud hexagonal (cf. émissions #765 et #781). Mais pourquoi, Grand Dieu, pourquoi toujours ressasser le connu, alors que la place manque tellement à l'inconnu, dévoilé dès à présent, ilico presto, devant Vous, Chères Lectrices, Chers Lecteurs ? Hein ? Pourquoi ?
Éternelle question... sans retour.
 
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S t i m u l a t i o n s

Pour commencer, faisons fi des obligations et des catégories privilégiées et jetons simplement notre dévolu sur ce qui nous a stimulé l'aire tegmentale ventrale du mésencéphale et le noyau accumbens du cerveau à l'écoute de la Planète Bleue, Notre Mère Terre à tous... une petite bière en sus ! Tout d'abord, les coups du cœur écoutés, visionnés ou re-, en boucle, du soir au matin, du jour au lendemain. Ce sera trois femmes et quelques acolytes. Eh oui ! Notre straight-hétéronisme teinté de gay-friendly absolu n'y est pour rien. Seule la musique compte ici, notamment celle de Lily CLAIRE, la dernière à s'être dévoilée à travers sa Bretagne, un pur joyau autoproduit de dentelle zurichoise tournée vers la côte ciselée d'or fin de l'Armorique ancestrale. Que de douceur, que de finesse, que de soyeuse mélopée en langue françoise des plus exquises. Que dire de plus ? Une chanson parfaite comme on aimerait en entendre plus de partout où porte le regard !
 
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Elle est suivie de très près par une autre voix féminine dont on ignore tout car Move (Audéo Production ?, 2022) est le fruit du Zurichois Bilgi, alias DEZABEL. Celui-ci nous offre une plongée dans une pop au goût d'Afrique noire moderne et rebelle, sans nous dire cependant (quel effroyable ignominieux personnage ! ) qui chante. Regrettable oubli pour sûr, mais du pur eye candy pour le visuel qui ravive tant de souvenirs enfouis dans les temps pré-covidiens à jamais perdus ! [ajout post publication : la chanteuse s'appelle Jazelle PARIS aka JVZEL, NDLR].
Last but not least pour cette entame, nous retournons du côté d'un autre bout de lac : le Léman, à Genève, où l'équipée sauvage et fort sympathique des CAPTAINS OF THE IMAGINATION nous a simplement offert le Tube de l'été 2022 : Last night (Evidence Music, 2022), soit les aventures d'une nuit enfumée et sans alcool (étrange ! ) aux lendemains honteux et confus. Evita KONÉ, Dr KOUL et IMAGINE nous gravent alors dans le cerveau un refrain inoubliable de hip hop – soul – funky music de la meilleure facture, qui trotte sans relâche jusqu'à épuisement, shaker de neurones hilares ! « Oh ! Ahahahhh ! What did you say... those things to me... to me last night... Oh ! Ahahahhh !... » Tous en chœur !

O ù   d o n n e r   d e   l a   t ê t e   ?

Voici, dès lors, le temps de passer aux choses sérieuses, à ce qui vous captive toutes et tous : le Rock and the Pop ! Qu'en est-il ? Eh bien ! pour être franc, on ne sait plus trop où donner de la tête, tant la production helvétique printemps-été 2022 a été généreuse. Le morceau qui nous a le plus attiré est presque un ovni : sa structure est étrange, sa durée de 6'30, contraire à la règle radiophonique, mais, c'est là l'essentiel, SPIT/LOVE (Autoproduction, 2022) des vieux de la vieille du groupe bernois LIA SELLS FISH est à l'image d'un orgasme qui monte, qui monte, qui monte, qui monte et explose enfin dans une débauche de cris et de jouissances extrêmes, poussant le commun des mortels ou sa consœur vénusienne à cliquer frénétiquement sur REW. Encore, encore, encore, encore... jusqu'à l'absolution divine du ouiiiiiiiiii final. Rédemption accordée ! Notons toutefois que l'abus de drogue, quelle qu'elle soit, est dangereux pour la santé physique ou mentale de tout être humain et des Autres aussi ! Y a pas d'excuses ! On n'exclut personne.
 
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Hormis ce morceau d'anthologie, le mois d'août nous a aussi délivré un petit cadeau comme il en existe peu avec les petits cochons de HORNY DOLPHINS. Un groupe de jeunes schwitsois, perdu au milieu de nulle part, qui en seulement trois morceaux nous amène à rêver et à dire : « Wahouuh ! ». Combien de groupes ont été capables de produire si peu et si bien ? You say this (because they say so), Weird flex et Friends of a friend sont tout simplement les prémices de la découverte suisse de l'année. Un rock franc, assuré, précis sans être précieux, flirtant sur les sonorités des ancêtres sans s'y perdre... Une réussite. Certes, il reste trois mois d'ici We wish you a Merry Christmas, mais bon... La barre est placée tellement haut qu'il faudrait un miracle pour faire mieux. On espère - qui sait ? - mais les HORNY DOLPHINS nous enchantent et on les soutient pleinement dans leur aventure, d'autant plus qu'ils sont (très jeunes et) non encore labellisés. À bon entendeur...

R e v i v a l s   e t   g â t e a u x   d e   l ' e s p a c e

Dans un registre revival 60's, on retiendra le brillant Speedmaster (Taxi Gauche Records, 2022), tiré du troisième album Freedomspacecake de Harvey RUSHMORE & The OCTOPUS. Pas sûr que les space cakes soient la véritable substance absorbée par les déjantés Bâlois de la ville (en opposition, comme les rats, à ceux de la campagne, un autre canton suisse). Speedmaster se déploie en effet avec une frénésie, une tension ininterrompue, une nervosité schizophrénique, synonyme d'hyperactivité, qui ferait entrer en transe le plus endormi des paresseux d'Europe, sur le modèle des créations de notre groupe fétiche, les Californiens fous d'OSEES (que notre rédac' en chef déteste tout aussi absolument, eh oui ! rien n'est parfait, les OSEES... pas notre rédac' en chef adoré, on aura compris ! ) et leur inoubliable live Levitation Sessions I (Levitation, 2021) à double batterie survitaminée, un des meilleurs albums de 2021 à notre sens, et tout particulièrement à travers le titre Chem farmer
 
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Dans un esprit Riders on the storm des DOORS (revival 70's ? ), on pourra poursuivre avec What is it (Autoproduction, 2022) de WORRIES AND OTHER PLANTS (WaOP), qui n'ont cependant rien à voir avec Robert, au contraire des Argoviens de BELL BARONETS et leur Money ain't time (Autoproduction, 2022), morceau des plus ledzepeliniens. Quoi qu'il en soit, l'été demeure, la canicule aussi, la chaleur encore et toujours, et quoi de mieux que la sieste pour supporter le temps démoniaque des après-midi desséchants d'ennui ? Le rock-blues-jazzy des Saint-Gallois du Nord de WaOP aide à avancer dans l'éblouissante luminosité sans nuage qui nous écrase tous, les yeux fermés. 

E x c e p t i o n s

Au réveil, on en avait déjà parlé dans notre première playlist - mais, faut des exceptions à tout -, ce sera le tour des Lucernois de BINARY SUNSET qui signent encore un single du meilleur effet et en français, excusez du peu. D'où notre favoritisme absolu et notre subjectivité outrancière de les citer deux fois en deux sélections. Mouette sale (Autoproduction, 2022), c'est du rock dans la plus pure tradition française, mais Made in Helvétie. On peut, pour compléter le tableau, leur associer Les VENDANGEURS MASQUÉS du Pays de Vaud qui ont soif d'un Retour à la terre (Autoproduction, 2022) et ne plus se laisser faire, embarqués sur les traces des Frenchies de LOUISE ATTAQUE et BLANKASS.
 
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La Suisse italienne n'est pas en reste avec Les BARBIE SAILERS. Ces derniers n'apportent peut être pas de grandes nouveautés à la planète rock, mais leurs compositions sont franches et de bon aloi, tel In extremis (Autoproduction, 2022), à l'image des Bâlois DED ELK et leur single No future, no sleep (Autoproduction, 2022). Nous avons aimé, quand bien même le People like you (Autoproduction, 2022) de HER NAME WAS CLAIRE nous semble un pitchouya de cran au-dessus niveau créativité.

T o u j o u r s   l e s   m ê m e s   !

Au départ, on n'aimait pas les MONOTRONE, faut dire (rien ne sert de mentir, il faut arriver à point, dit le proverbe), et puis, en quelques mois, ils ont travaillé, travaillé, travaillé et ont fini par produire des petites pépites de bonheur plus que parfaitement audibles, dont Isolation (N-Gage Production, 2022). Leur son s'est précisé, dans le pur style mainstream suisse il est vrai, mais qu'importe, les mélodies sont saisissantes et la production impeccable. On a hâte de les découvrir en concert.

Pour le métal punky donky, on regardera du côté des « toujours les mêmes » (des Zurichois, encore ! Y en a eu que pour eux cet été ! ) de LYVTEN et leur Digitaler dreck (Kidnap Music Records, 2022), tout en suisse allemand qu'on n'y comprend que pouic, mais que ça le fait quand même. Comme quoi, quand c'est bon, c'est bon ! Comme dans le cochon !
 
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Si on cherche quelque chose de plus musclé, il faut aller voir du côté du pays du fromage de Gruyère, à Fribourg, avec les emo punk de RUINED. Le titre Regret, tiré de l'album Everything is (Inhumano Records, 2022) est percutant, digeste et donne l'énergie vitale d'un post lendemain de cuite, le lendemain étant mort d'office (expérience vécue dix puissance X fois).

Avec leur côté DEPECHE MODE, les Bernois de PLAGUE PITS ne sont pas en reste. Golden age of carnage (Autoproduction, 2022) navigue sur les franges de l'électro rock, sans pour autant sombrer du côté obscur du beurk qu'on n'aime pas, autant tout dire. Notons en plus, que tout fraîchement éclos, ils n'en sont pas moins prolifiques. À suivre donc ! Et comment passer sous silence la parfaite ligne de basse et rythmique du poppy-rocky Raise a glass (Wild Waters Records, 2022) de l'Autrichienne Saint-Galloise, THORN ? Un morceau simple, mais si plaisant d'efficacité que ça donne fortement envie de sampler un petit bout !

C o n c l u s i o n   f e s t i v e

Enfin, car il faut conclure quand bien même on voudrait dire plus, offrir plus à découvrir, élargir les horizons vers l'infini intersidéral de l'univers rock, la dernière touche féminine hors cadre de cette playlist. C'est pour nous probablement un des albums de l'année 2022, même si dans la veine du reggae-ska peu Casbahzien: Chameleon (Staudenmann Records, 2022) de la délicieuse jeune Bernoise SAMORA.. Un déluge de featurings exquisement bienvenus, dont LA TIFA, Dr RING DING ou Guillaume HOARAU, avec, fait rarissime : quasi rien à jeter ! On se laisse emporter sans ambages sur les flots de Take it easy, Reggae I'm in love ! ou encore du dansant My way, que le charme, la jeunesse et la vitalité de SAMORA transcendent avec simplicité et brio, nous faisant oublier que l'été... oui, l'été... eh bien, c'est fini ! Yes ! Enfin ! C'est fini !
 
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Et pour fêter ça, quoi de mieux que le Sugar (Autoproduction, 2022), au nom prédestiné au vu de cette playlist, des PEDESTRIANS d'Argovie (un land perdu au cœur antique du pays chocolaté) ?

Bon retour au travail à toutes et tous ! Vive le froid, vive la neige et l'hiver qui arrivent. À moi la Tartiflette, le Fendant et les meringues à la crème de Gruyère !

 

GROTOTORO, Genève

(16 septembre 2022)

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Dans nos archives écrites :
From Switzerland with love#001 (11/02/2021)

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Photographies : Lina Gosteli, mX3, DR.
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