Les disques de la semaine // 08/11/2019
1 / PIXIES – Beneath the Eyrie – Infectious music (2019)
Après deux essais plutôt médiocres (Indie Cindy et Head carrier, qui posaient la question « comment continuer sans Kim Deal ? »), Beneath the Eyrie est un disque qui fait du bien. Inespérées, les nouvelles chansons des Pixies sont puissantes et inspirées. Paz Lenchantin, la bassiste désormais titulaire nous cueille (y compris avec sa voix), Joey Siantago joue toujours ses notes de guitares aiguës de façon singulière et David Lovering, laissant sa passion pour la magie de côté, tape magistralement. Quant à Black Francis/Frank Black, il a gagné en palette vocale, surtout dans les basses. Il se rapproche parfois de Nick Cave ou de Leonard Cohen, et pas seulement au niveau de la tessiture. Cela s’applique aussi aux compositions et aux mélodies. Le calme, mais néanmoins sautillant Bird of prey le prouve.
2/ IGGY POP – Free – Loma Vista recordings (2019)
Si la première écoute est assez déconcertante (dîtes aux détracteurs que ce n’est pas un disque de relaxation ! ), il faut creuser et découvrir toutes les subtilités des ambiances proposées à l’auditeur. Le producteur et trompettiste Leron Thomas a quasiment tout écrit et composé pour offrir des atmosphères jazz à l’Iguane, qui chante, croone comme jamais, déclame de la poésie (Dylan Thomas ou un superbe Lou Reed inédit). Evoquant le Miles Davis époque Sketches of Spain (1960), les trompettes côtoient des rythmiques parfois chaloupées : le single James Bond est parfait pour un été sans fin (idéal avec un cocktail en main !). Aux antipodes de la production musclée et calibrée de Joshe Homme (Post Pop Depression, 2016), cet album n’en reste pas moins habité et envoûtant.
3/ NICK CAVE & THE BAD SEEDS – Ghosteen – Ghosteen ltd, Bad Seed ltd (2019)
Quatre ans après la disparition tragique d’un de ses jumeaux adolescents, le maître australien continue son travail de deuil commencé avec Skeleton tree (2016). Sur ce double et nouvel album organisé en deux parties (pour les parents / pour les enfants), les musiques se font épures. Dans un dépouillement apaisant (quelques claviers, un piano, aucune rythmique), Nick Cave chante comme jamais sa douleur, avec gravité et pudeur, soutenu par des choeurs célestes. Sombre et lumineux à la fois. Chef-d’oeuvre.