Strasbourg

Interview // Par Anton Schaefer
Entre Ventre de Biche, Noir Boy George et Colombey, les punks à synths soufflent le chaud et le froid de nos jours en France. Ces jours-ci, c'est au tour du quatuor bordelais Strasbourg, qui livre sur l'excellent label Le Turc Mecanique un album brut, radical, étouffant : « Fruit de la Passion ». Entretien avec un des membres fondateurs du groupe, Raph Sabbath.

Quelle est la genèse de ce projet, Strasbourg ?
C'est parti de Jo et moi, j'avais fait un morceau que je lui ai fait écouté. Il a trouvé ça cool, et il m'a proposé de faire un groupe. On a donc commencé à 2, puis on a été rejoint par Tamara et Micka. On ne savait pas vraiment quoi faire. On avait juste envie de jouer

Qu'est ce qui motive un groupe provenant de Bordeaux à s’appeler Strasbourg ?
Pour le nom, c'était une idée de Jo au départ. Jo est tombé dans une barrique de METEOR quand il était enfant!

Comment s’est déroulé le processus de création de cet album ?
Il y a un an, nous nous sommes vu pendant 4 jours. J’avais préparé des boites à rythme, nous avons improvisé puis ordonné les 9 morceaux de l’album. On a de suite eu envie de jouer certains morceaux en concert ; d’autres ont attendu le moment du mix pour évoluer, voir se métamorphoser.  

Quelles sont les influences musicales au sein de Strasbourg ? 
Je répondrais Harshlove sans hésiter!

A l'écoute de l'album, on ressent une réelle radicalité dans le son, qui se traduit par une cohérence folle entre les différents morceaux, mais aussi par un sentiment de claustrophobie sur le plan de la production, comment le perçoit tu ?
Je le perçois mal ! J'écoute beaucoup de harsh noise, du coup,  je ne ressens pas forcement les impressions des gens à l'écoute de notre musique. Quand je mixais cet album, j’étais persuadé de faire un truc très pop, voir un peu variété dark. Les influences kraut et indés pour la transe et cold pour l’ambiance ont du finir de saloper notre album de variété. Au niveau de la claustrophobie, je le ressens pas comme ça, je ne voie pas le son de cet album comme quelque chose d'angoissant personnellement.

Il y a une vraie évolution du son chez Strasbourg entre les premières sorties et cet album. A partir du EP Sexe & Violence, le son est devenu plus bruitiste, plus gris, plus affirmé aussi. Comment expliques tu cette évolution ? Quel regard porte tu sur vos précédentes sorties ?
Les premières sorties ? Je les déteste. Depuis « Sexe & Violence », nous avons trouvé notre son mais aussi notre style : radical sur la forme, et débile sur le fond.

Comment décrirais tu aujourd'hui l'identité sonore de Strasbourg ?
Nos amis de K-fuel ont trouvé la formulation parfaite : Frontwave!

Un de mes morceaux préférés est « Vague à l'Ame », morceau cold imparable sur un rythme effréné, qui sonne pour moi comme la synthèse parfaite de ce qu'est capable d'accomplir le groupe. Est ce que tu peux nous parler un peu de ce morceau ?
Je préfère jouer ce morceau en live, plus dur. Comme une tempête de sable, un tunnel et de la transe. Frontal tout en étant sur la retenu.

Il y a aussi dans cet album une volonté de varier les tempos, avec notamment le morceau « Jessica », plus lent que la plupart de vos morceaux. A L'écoute de ce dernier, on s'aperçoit que le groupe est bon également sur des ambiances plus ralenties, plus désespérantes aussi... 
« Jessica », mais aussi « Fruit de la Passion » sont les 2 morceaux à avoir eu deux vies. Au départ, ils étaient pop, entraînants mais d’une niaiserie abyssale… Nous avons alors changé la rythmique et retravaillé les arrangements pour un résultat entre le slow, la déprime et le sketch des inconnus.

Peux tu nous parler de la cover qui illustre l'album ?
C'est Jo qui s’occupe de toutes les pochettes. Il choisit toujours une photo d’amis. Pour « Sexe et violence », c'est une photo de Killian du groupe Yersinia Pestis, qui vient de sortir un LP, « Corbeaux ». Le 45t c'est Cécile et pour « Gooropa » c'est Jo en slip… Pour celui là, il a pris en photo Geneva Kouri.

Cet album, « Fruit de la passion », sort sur le label Le Turc Mecanique, maison mère de Last Night, Empereur et Harshlove, ton projet perso. Comment s'est faite la connexion avec Charles du Turc Mécanique ?
Charles et Micka se sont rencontrés sur Grindr il me semble.

Face à l’omniprésence du cool et du fun, on assiste à une multiplication en France de groupes mortuaires : Strasbourg, Colombey, Noir Boy George, Ventre de Biche. Comment l’expliques tu ?
On se trouve hédonistes et vides de sens à mort.

Quels sont les projets pour la suite ? Une tournée pour Strasbourg ? Un album pour Harshlove ? Lonely Walk ?
Pour Strasbourg, plusieurs mini tournées sont prévues, histoire de ne pas trop se fatiguer. Lonely walk sort un LP en octobre. Mon projet solo, Harshlove, est prévu sur Le Turc Mécanique et Mort Pour La Transe. Nous allons également enregistrer un 7'' de Tamara pendant l’été, il sortira sur Mort Pour La Transe aussi. Françoise Pagan a un 7''de prévu sur Amertume avec Melodik Pinpon il me semble.