Le meilleur des hommes de la terre // par Duck Lover
Parmi les gens qui changent la vie d'un musicien, il y a ceux que tu regrettes de ne pas avoir connu avant ... En fait simplement, tu regrettes qu'ils ne soient pas ton grand frère.
Sonny Smith, un homme aux nombreuses antennes. Je l'aurai bien eu avec moi toute ma vie. Artiste, compositeur, musicien, parolier, producteur, initiateur de mille projets, capable d'incarner autant de personnages que ses paroles en fabriquent ! J'aime cet homme dont je ne sais rien. Alors à travers les albums de son groupe (Sonny et les Rayons de Soleil) ou ses bizarres CD en solo qui n'existent pas en LP, ou encore ses coffrets de 45 tours pour collectionneurs, Sonny raconte une longue histoire de sa voix naïve derrière laquelle je tente depuis quelques années de percer son mystère. C'est l'histoire de sa vie, déboires innombrables avec les filles, espoir en de meilleurs lendemains, amours interdits avec des femmes mariées. Des petits tableaux qui cadrent l'instant. Dans les disques de Sonny on trouve même des petites bandes-dessinées de ses mains, illustrant les chansons, comme des petits poèmes.
Mentor discret des rues de San Francisco, là-bas, on le connaît tous, et il connaît tout le monde. Mais sur les photos, il a toujours une main derrière la tête pour se gratter, comme un grand timide. Des lunettes de soleil fantaisies pour se dissimuler un peu.
Carrière de musicien un peu incertaine au début, oscillant entre artiste et roi du DIY, il commence en enregistrant quelques disques à son nom. "One Act Plays", Musique de pièce de théâtre dans laquelle John Dwyer (Thee Oh Sees) incarnait le fantôme et Jolie Holland la jeune femme, est un beau LP rarissime qui compte le suicide d'une jeune fille. Où les contours de l'esprit du bonhomme, fait de country folk et de pop enchanteresse sont déjà perceptibles. Puis "Fruitvale", seul mais avec 2-3 featuring, il incarne des personnages nombreux, à qui il n'arrive que des crottes, mais tous s'en amusent. Amis imaginaires, policier méchant, il nous parle comme si on était entre mômes. Tu rentres jouer dans sa chambre et tu n'as plus envie jamais de sortir.
On est en 2009, et l'histoire du mec commence à nous parvenir. Un projet pharaonique de 100 CD avec 10 morceaux chaque fois, donc mille songs. Toutes jouées avec un autre invité souvent incarné par lui-même ! On en est aujourd'hui au volume 4 ! Sans oublier le Juke-box mobile qui va avec !!! Puis une série de 45t. Dont les superbes chansons avec les Sandwitches, groupe de Heidi Alexander/Pruno Truman dont on parlera très bientôt. Un 10inch avec cette même Heidi, Helen Brown pour l'occasion, "Story of an Earth Girl" qui repose pour toujours dans le top 10 des plus beaux disques de Soul de blanc, où Sonny à la prod incarne un extraterrestre malheureux en amour !! Mais quelle folie ! Son monde, c'est l'espace entre le sol et le ciel, ses visions ne sont pas toujours celles des adultes, et quand il joue en live, il préfère se faire une tournée dans les pays Baltes et dans la campagne japonaise plutôt qu'un Paris-Londres-Berlin.Mais le problème ici, c'est qu'on n'a pas encore évoqué la principale.La principale, enfin, pour moi, c'est que mon monde s'ouvre et change quand en 2009, nous parvient un disque garago-acoustique, truffé d'excellents traits d'esprit, malicieux comme les Modern Lovers et naïf comme Wreckless Eric : "Tomorrow is Alright" ... Premier disque des beaucoup trop cool et ensoleillés Sonny & The Sunsets ... Tout fraîchement réédité chez Polyvinyl d'ailleurs. La magie des 60's opère directement dans les cœurs, et les mecs (dont une fille) ont un son dément. Chaud et rassurant. Voilà, lentement ce premier disque allait m'orienter sur les suivants qu'ils pondent à rythme régulier, et laver pour toujours et enfin mes oreilles de ce qui y était tombé malgré moi.
Ils enchaînent avec un tout aussi génial "Hit After Hit" en 2011 sur Fat Possum Records. Étonnant pour ce label du Mississippi ! Mais à cette époque Fat Possum à changer son fusil d'épaule et du blues est passé à la musique post-ado, et Sonny, 40 balais, termine malgré lui a jouer autour des piscines pendant des Splash party ... Même là, il s'en sort. Avec son pote Kelley Stoltz à la basse, cet album où les filles jouent au yoyo avec lui, est de nouveau une perle 60's, où les distos ont disparu de la surface de la terre.
Mais Sonny n'est pas sûr de tout ça ... Alors il retourne chez lui et enregistre ... quoi ? ... Un magnifique album de country, enfin country selon Sonny. Sur lequel il y a pour moi certaines des plus jolies, douces, groove et fabuleuses lignes de basses de ma vie. L'ami de longue date ça s'appelle ! Longtime Companion. De nouveau, ça cause amour et amitié. Sur la pochette Sonny à l'air de ce grand frère dont j'ai toujours rêvé. Un chapeau de paille, qui floute un peu l'idée du cowboy texan, un sourire coincé, un regard fatigué. Woody Guthrie de la côte ouest. Le disque commence comme un voyage cosmique sur un tracteur. Lent moteur diesel qui chauffe pour aller faire les vendanges de l'Océan Pacific. Une perle de poussière que j'aime. L'album est même assez psyché, tant il révèle des images secrètes et langoureuses cachées au fond de notre enfance animale ! Pretend You Love Me, est un appel au secours tellement smooth que Sonny risque de se noyer avant qu'on vienne le sauver, Sea Of Darkness c'est la mer qu'il a dans sa tête ... L'album est magique du matin au soir. Pressé en Jaune pour assumer l'absurdité d'être, ce qu'il est devenu, le troubadour qui parle aux Étoiles et comprend les enfants.
Alors le problème avec Sonny ce que ce n'est pas fini. En 2013 il se connecte avec les morts car des amis partis trop tôt lui manquent fort. Et des expériences paranormales l'inspirent pour toujours. Il branche à nouveau ses antennes, et va dans un monde extra-terrestre. "Antenna to the Afterworld" s'accroche aux sons synthétiques improbables, comme si en jouant du casio pourri on pouvait plus facilement parler aux robots, et aux amis envolés. Une vision 80's, assumée et enfantine qui consiste à croire que les ordinateurs et les machines allaient contrôler le monde, nous permettre de parler avec les morts, et que les vieilles cassettes VHS des 1es films de John Carpenter contenaient des vérités importantes. Donc un 4ième album de Sonny et des Rayons de Soleil plus étonnant que jamais, qui nécessite 3 écoutes pour se sentir chez lui. Alors merci immense Sonny Smith. Ton prochain album est en pré-vente chez Polyvynil et sort en février 2015. La pochette, c'est trop beau, elle est de toi et le titre c'est Talent Night at the Ashram ... Et on a aucune idée à quoi s'attendre. Mais je m'en réjouis !
Joyeux Noël Sonny, n'oublie pas d'acheter un cadeau à ton petit frère.
Sonny & The Sunsets
Tomorrow Is Alright, 2009, Soft Abuse, Secret Seven, Polyinyl Record Company
HIt After Hit, 2011, Fat Possum Records
Longtime Companion, 2012, Polyinyl Record Company
Antenna To The Afterworld, 2013, Polyinyl Record Company
Sonny Smith
One Act Plays, 2005, autoprod
Fruitivale, 2005, autoprod
Sonny & The Sandwitches 7", 2010, Empty Cellar Record
100 Records Volume II: I miss the jam, 2010, Turn up Records
Sonny Smith, un homme aux nombreuses antennes. Je l'aurai bien eu avec moi toute ma vie. Artiste, compositeur, musicien, parolier, producteur, initiateur de mille projets, capable d'incarner autant de personnages que ses paroles en fabriquent ! J'aime cet homme dont je ne sais rien. Alors à travers les albums de son groupe (Sonny et les Rayons de Soleil) ou ses bizarres CD en solo qui n'existent pas en LP, ou encore ses coffrets de 45 tours pour collectionneurs, Sonny raconte une longue histoire de sa voix naïve derrière laquelle je tente depuis quelques années de percer son mystère. C'est l'histoire de sa vie, déboires innombrables avec les filles, espoir en de meilleurs lendemains, amours interdits avec des femmes mariées. Des petits tableaux qui cadrent l'instant. Dans les disques de Sonny on trouve même des petites bandes-dessinées de ses mains, illustrant les chansons, comme des petits poèmes.
Mentor discret des rues de San Francisco, là-bas, on le connaît tous, et il connaît tout le monde. Mais sur les photos, il a toujours une main derrière la tête pour se gratter, comme un grand timide. Des lunettes de soleil fantaisies pour se dissimuler un peu.
Carrière de musicien un peu incertaine au début, oscillant entre artiste et roi du DIY, il commence en enregistrant quelques disques à son nom. "One Act Plays", Musique de pièce de théâtre dans laquelle John Dwyer (Thee Oh Sees) incarnait le fantôme et Jolie Holland la jeune femme, est un beau LP rarissime qui compte le suicide d'une jeune fille. Où les contours de l'esprit du bonhomme, fait de country folk et de pop enchanteresse sont déjà perceptibles. Puis "Fruitvale", seul mais avec 2-3 featuring, il incarne des personnages nombreux, à qui il n'arrive que des crottes, mais tous s'en amusent. Amis imaginaires, policier méchant, il nous parle comme si on était entre mômes. Tu rentres jouer dans sa chambre et tu n'as plus envie jamais de sortir.
On est en 2009, et l'histoire du mec commence à nous parvenir. Un projet pharaonique de 100 CD avec 10 morceaux chaque fois, donc mille songs. Toutes jouées avec un autre invité souvent incarné par lui-même ! On en est aujourd'hui au volume 4 ! Sans oublier le Juke-box mobile qui va avec !!! Puis une série de 45t. Dont les superbes chansons avec les Sandwitches, groupe de Heidi Alexander/Pruno Truman dont on parlera très bientôt. Un 10inch avec cette même Heidi, Helen Brown pour l'occasion, "Story of an Earth Girl" qui repose pour toujours dans le top 10 des plus beaux disques de Soul de blanc, où Sonny à la prod incarne un extraterrestre malheureux en amour !! Mais quelle folie ! Son monde, c'est l'espace entre le sol et le ciel, ses visions ne sont pas toujours celles des adultes, et quand il joue en live, il préfère se faire une tournée dans les pays Baltes et dans la campagne japonaise plutôt qu'un Paris-Londres-Berlin.Mais le problème ici, c'est qu'on n'a pas encore évoqué la principale.La principale, enfin, pour moi, c'est que mon monde s'ouvre et change quand en 2009, nous parvient un disque garago-acoustique, truffé d'excellents traits d'esprit, malicieux comme les Modern Lovers et naïf comme Wreckless Eric : "Tomorrow is Alright" ... Premier disque des beaucoup trop cool et ensoleillés Sonny & The Sunsets ... Tout fraîchement réédité chez Polyvinyl d'ailleurs. La magie des 60's opère directement dans les cœurs, et les mecs (dont une fille) ont un son dément. Chaud et rassurant. Voilà, lentement ce premier disque allait m'orienter sur les suivants qu'ils pondent à rythme régulier, et laver pour toujours et enfin mes oreilles de ce qui y était tombé malgré moi.
Ils enchaînent avec un tout aussi génial "Hit After Hit" en 2011 sur Fat Possum Records. Étonnant pour ce label du Mississippi ! Mais à cette époque Fat Possum à changer son fusil d'épaule et du blues est passé à la musique post-ado, et Sonny, 40 balais, termine malgré lui a jouer autour des piscines pendant des Splash party ... Même là, il s'en sort. Avec son pote Kelley Stoltz à la basse, cet album où les filles jouent au yoyo avec lui, est de nouveau une perle 60's, où les distos ont disparu de la surface de la terre.
Mais Sonny n'est pas sûr de tout ça ... Alors il retourne chez lui et enregistre ... quoi ? ... Un magnifique album de country, enfin country selon Sonny. Sur lequel il y a pour moi certaines des plus jolies, douces, groove et fabuleuses lignes de basses de ma vie. L'ami de longue date ça s'appelle ! Longtime Companion. De nouveau, ça cause amour et amitié. Sur la pochette Sonny à l'air de ce grand frère dont j'ai toujours rêvé. Un chapeau de paille, qui floute un peu l'idée du cowboy texan, un sourire coincé, un regard fatigué. Woody Guthrie de la côte ouest. Le disque commence comme un voyage cosmique sur un tracteur. Lent moteur diesel qui chauffe pour aller faire les vendanges de l'Océan Pacific. Une perle de poussière que j'aime. L'album est même assez psyché, tant il révèle des images secrètes et langoureuses cachées au fond de notre enfance animale ! Pretend You Love Me, est un appel au secours tellement smooth que Sonny risque de se noyer avant qu'on vienne le sauver, Sea Of Darkness c'est la mer qu'il a dans sa tête ... L'album est magique du matin au soir. Pressé en Jaune pour assumer l'absurdité d'être, ce qu'il est devenu, le troubadour qui parle aux Étoiles et comprend les enfants.
Alors le problème avec Sonny ce que ce n'est pas fini. En 2013 il se connecte avec les morts car des amis partis trop tôt lui manquent fort. Et des expériences paranormales l'inspirent pour toujours. Il branche à nouveau ses antennes, et va dans un monde extra-terrestre. "Antenna to the Afterworld" s'accroche aux sons synthétiques improbables, comme si en jouant du casio pourri on pouvait plus facilement parler aux robots, et aux amis envolés. Une vision 80's, assumée et enfantine qui consiste à croire que les ordinateurs et les machines allaient contrôler le monde, nous permettre de parler avec les morts, et que les vieilles cassettes VHS des 1es films de John Carpenter contenaient des vérités importantes. Donc un 4ième album de Sonny et des Rayons de Soleil plus étonnant que jamais, qui nécessite 3 écoutes pour se sentir chez lui. Alors merci immense Sonny Smith. Ton prochain album est en pré-vente chez Polyvynil et sort en février 2015. La pochette, c'est trop beau, elle est de toi et le titre c'est Talent Night at the Ashram ... Et on a aucune idée à quoi s'attendre. Mais je m'en réjouis !
Joyeux Noël Sonny, n'oublie pas d'acheter un cadeau à ton petit frère.
Sonny & The Sunsets
Tomorrow Is Alright, 2009, Soft Abuse, Secret Seven, Polyinyl Record Company
HIt After Hit, 2011, Fat Possum Records
Longtime Companion, 2012, Polyinyl Record Company
Antenna To The Afterworld, 2013, Polyinyl Record Company
Sonny Smith
One Act Plays, 2005, autoprod
Fruitivale, 2005, autoprod
Sonny & The Sandwitches 7", 2010, Empty Cellar Record
100 Records Volume II: I miss the jam, 2010, Turn up Records
Duck Lover