La discothèque idéale (1988) // Trésor caché #009
Beaux restes de la dissolution des PALE FOUNTAINS, Zilch, autrement dit « rien », « niet », « que dalle », est pourtant un album d’une consistance exemplaire, parfaite synthèse entre les élans romantiques des débuts et la folk plus traditionnelle des œuvres de la maturité.
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XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXComme dans toute bonne histoire de trésor caché, la destinée de Zilch ne manque pas de tragique et de rendez-vous manqués. Lessivés après la dissolution des PALE FOUNTAINS, les frères HEAD tentent un retour : ils embauchent le producteur Ian BROUDIE et changent de nom. L’espoir de retrouver le sommet des débuts est rapidement contrarié par un échec commercial retentissant. La faute à BROUDIE et son traitement des batteries, disent les connaisseurs. Ou l’effet d’une guigne qui se poursuivra avec la mort de leur ami et ancien bassiste, l’incendie d’un studio, la perte des bandes de Waterpistol (censé rattraper le tir manqué de Zilch), la faillite de leur label Ghetto, et la descente aux enfers avec ses addictions en tout genre.
Frères SHACK
L’histoire du rock anglais regorge de ces histoires de fratries qui emmènent la musique plus loin, soit par complicité, soit par conflit permanent. Le mystère créatif derrière les chefs d’œuvres des KINKS, d’OASIS, ou encore de JESUS & MARY CHAIN tient peut-être à cette singulière tension entre la cellule familiale et le grand public. Parfois le groupe devient une famille de substitution, d’autres fois la famille menace d’imploser à cause du groupe. Dans le cas des frères HEAD, c’est la complémentarité qui prévaut : les compositions du grand frère prennent leur envol une fois accompagnées de la guitare du cadet, qui doit beaucoup au psychédélisme californien, des BYRDS au LOVE d’Arthur LEE. L’exemple parfait de cette alchimie, c’est l’imparable Jean’s not happening sur l’album Across the kitchen table.
Michael, SHACK sonne !
Si les compositions de Zilch ne sont pas du même calibre, elles s’en approchent. Le chant de Michael HEAD est triomphal et les guitares de son frère John carillonnent au fil de douze chansons mémorables. La confiance transpire de ces mélodies aux accents optimistes et Zilch est sans doute le disque le plus pop des hérauts de Liverpool. Mis à part le ténébreux I need you, l’ambiance est nettement enjouée, parfois même sautillante. Le premier PALE FOUNTAINS embrassait la bossa et l’easy listening, SHACK leur préfère la jangle pop des LA’S (Someone’s knocking, Liberation) et les refrains accrocheurs de la britpop à venir. On y retrouve aussi un peu de cette folk anglaise si particulière - entre le chant de marin et les airs traditionnels façon FAIRPORT CONVENTION - qui feront la marque des albums à venir. En résumé, SHACK invente la jangle pub, une musique parfaite pour les colleges radios de l’Oncle Sam comme pour les bars locaux de la Perfide Albion. Et pourtant, malgré un single évident (High rise low life), SHACK, comme les PALE FOUNTAINS, ne trouve pas son public. Ce qui peut paraître bien étonnant à l’écoute de ce Zilch qui ne cède rien à la facilité et à la médiocrité. À ce niveau, ce n’est plus un trésor caché mais c’est LE SHACK, pote !
Paul MÉGLOT
(06 décembre 2022)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
SHACK. Zilch (Ghetto Recording Company, 1988)
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Pour prolonger...
À écouter de toute urgence, en prenant le temps :
The PALE FOUNTAINS. Pacific street (Virgin, 1984)
The PALE FOUNTAINS. From across the kitchen table (Virgin, 1985)
SHACK. Zilch (Ghetto Recording Company, 1988)
Puis :
SHACK. Waterpistol (Marina, 1995)
SHACK. H.M.S Fable (Sire, 1999)
Michael HEAD & The STRANDS (Megaphone, 2015)
The LA’S. The La’s (Go! Discs / London Records, 1990)
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Photographies : DR, binGO
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