The Sadies

Archives - Vol I (Moi j'connais Records) // par M.Arty
The Sadies est une machine à remonter le temps. Dès les premières notes de Dying Is No Way To Make A Living, on est projeté dans le grand ouest américain entouré de durs à cuire coiffés de stetson poussiéreux qui chiquent, jurent et dévorent goulument des haricots blanc tomate dans une conserve en fer-blanc autour d'un feu. Un monde où l'on s'entretue après s'être dévisagé pendant une bonne minute tout en titillant la crosse nacrée de son six coups. Et puis, il y a la terre rouge, aride et âpre, des images de paysages désertiques à couper le souffle et l'Aventure au bout d'un colt. The Sadies nous jouent la bande originale de l'imaginaire américain pour nous qui avons grandi avec Clint Eastwood, Lee Van Cliff et John Wayne.
Notre première surprise est que The Sadies est un groupe Canadien de Toronto, crée en 1994 par les frères Good qui baignent dans la country et le mantra américain (son père est musicien de country – The Good Brother). En 1998, ils sortent leur premier effort sur le label Bloodshot Records et enchainent les albums et participations multiples (musique de film, accompagnement d'artiste tel qu'André Williams). La carrière de The Sadies est gigantesque. Toutefois, après 15 albums (le dernier est paru en 2014) The Sadies restent injustement méconnu en Europe à l'image d'un Jeffrey Lee Pierce du Gun Club, le groupe risque d'entrer dans la postérité une fois la messe dite.
Moi j'connais records, en grand justicier tente de corriger le tir avec l'édition de ce ''Archives Volume I, Rarities, Oddities and Radio'' compilation de morceaux jamais sortis, glanés ça et là entre démos, live radio et autres covers. La chose qui me frappe dès la première écoute de ce disque est sa cohérence. Moi J'Connais arrive a éviter l’écueil de patchwork maladroit de morceaux sans lien. Ce LP sonne comme un album, la tracklist est parfaite et le son est toujours de très bonne qualité (souvent le risque sur les compilations hommage avec démo et autres).
L'album s'ouvre et se ferme sur 2 instrumentales dignes d'accompagner la silhouette de Clint Eastwood se dessinant sur un horizon rougeoyant. Le fantôme de Ennio Morricone hante la plupart des instrumentales qui émaillent le disque. Ensuite, on voyage d'une country de cul terreux dans laquelle on imagine sans mal le joueur de banjo dégénéré de Deliverance nous observer d'un regard conflictuel à un folk plus traditionnel. On entend dans The Sadies, le folk poussiéreux et nostalgique de Blanche et leur univers conquête de l'ouest, le rock bricolé et si efficace de Heavy Trash. C'est riche. Vibraphone, banjo, violon et contrebasse se rencontrent dans The Sadies. En sortant ce disque de raretés, Robin et Cyril de Moi j'connais records voulaient défendre des artistes gigantesque passés sous les radars de la pop culture mainstream. En les écoutant, vous êtes des privilégiés et si vous n'êtes pas trop égoïste, vous les partagerez autour de vous.