RUEN BOTHERS

All My Shade Of Blue (Ramseur Records) // Par Sedryk

Désolé, je vais radoter. Comme je l'avais déjà dit en 2016 à la sortie du premier Lemon Twigs, parmi les milliers d'albums qui sortent chaque année, une très large majorité est dispensable et oubliable. Mais, une fois de temps en temps, au milieu du flot apparaît une pépite, un album d'un groupe inconnu qui redonne envie d'être excité par le rock du XXIème siècle (bien peu excitant par ailleurs). Et voilà que ça le refait à nouveau avec les Ruen Brothers.

Un premier album, donc. De deux frangins qui se plaisent à harmoniser, tiens, tiens... Mais là s'arrête la comparaison avec les Lemon Twigs. Les Ruen Brothers sont les frères Henry and Rupert Stansall, deux anglais convertis aux musiques rurales américaines, qui évoluent clairement en territoire 50's/60's. Les journalistes aiment à les comparer aux Everly Brothers, forcément, deux frangins avec des guitares vintage.... Mais en réalité, c'est plus le jeune Johnny Cash que m'évoque cet album : les rythmiques sèches et nerveuses, la voix grave et virile, une certaine noirceur générale.... Et, comme par hasard, qui retrouve-t-on à la production ? Rick Rubin lui même, l'homme qui a produit les merveilles que l'on sait avec le Johnny Cash vieillissant (et mourant), gagnant à tout jamais ses galons de grand producteur.

Cet album aurait pu être enregistré dans les années 60, ou 70, ou en 2018. C'est l'avantage de produire de la musique avec des instruments en vrai bois d'arbres : les albums restent intemporels, quand les disques plein de machines sonnent datés un an à peine après leur sortie.
Mais outre les qualités d'interprétation et de production, c'est surtout le haut niveau de composition qui est remarquable ici. Oui, en 2018, de jeunes gens sont encore capables d'écrire de grandes chansons basées uniquement sur la qualité du songwriting, et non sur des productions compressées et protoolsées. A l'exception de “Make The World go Away“ qui ramollit un peu l'ensemble, tous les autres morceaux sont des tubes en puissance : “Finer Things“, “Aces“, “Motor City“... Bon, je ne vais pas citer tout l'album, hein ?
Et jusqu'au morceau qui donne son nom à l'album, “All My Shade Of Blue“, à laquelle je veux bien décerner dès aujourd'hui le titre de chanson de l'année 2018.

Seul reproche à faire à ce disque, sa brièveté, obligeant à repasser en boucle face A, face B, face A, face B.....
 

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Ruen Brothers - All My Shades of Blue, by Laetitia