Rock en Seine 1/3

Par ici la (bonne ?) soupe ! // par Lætitia Lacourt

Rock en Seine | Boulogne Billancourt | Vendredi 22 août 2014

On aurait aimé vous dire que c'était dément, que l'on a fait des découvertes dingues, que la communion avec les 119 999 autres festivaliers était agréable, que la bière sentait bon le houblon belge, que la circulation aux toilettes était fluide, qu'on a pris des coups de soleil. Et que cette douzième édition fut probablement la meilleure de toute. Que nenni. Pas mal de concerts pénibles et linéaires, une programmation scène/horaire parfois un peu casse-gueule et des têtes d'affiches abonnées au festival. Mais il paraît que c'est dans les vieux pots... Retour sur une édition mitigée.
L'annulation de Volbeat propulse Cage the Elephant sur la Grande Scène. Foutrement idéaux pour commencer un festival, les cinq gars du Kentucky ne lésinent pas sur la puissance avec leur rock garage teinté du son des 90s. L'occasion de ré-entendre les incontournables « Shake me down » et « Aberdeen » ou celles de leur dernier album, Melophobia. Comme à son habitude, le leader et chanteur Matt Shultz saute partout, de façon assez sexy et finit torse poil – jean blanc pour un gros bain de foule. Diablement efficace. Gary Clark Jr enchaîne au même endroit. Pour l'accompagner, le soleil est à son zénith, c'est à dire 19°C, ressenti 25. Le set est propre et agréable avec un blues assez puissant qui, sans coller de frissons, accompagne parfaitement le couple VIP posté devant nous, tout droit sorti d'une pub The Kooples, se roulant des pelles langoureuses durant 45 minutes.
À l'heure de l'apéro, c'est Traams qui s'y colle sur la scène Pression Live. Trois jeunes anglais assez proprets mais énergiques livrant un rock plutôt gueulard, mais sans aspérité. Une prestation qu'on oublie, malgré nous, très vite. Jake Bugg ne nous ayant pas laissé de concerts mémorables en festival (assez figé), on passe voir Crystal Fighters sur la Scène de l'Industrie. Les cinq emplumés sont latino-électro-pop à souhait et peut-être même trop latino, trop électro, trop pop. Un peu avant 20h, on se dirige vers la scène de la Cascade. Blondie est toujours aussi liftée et perruquée qu'aux Déferlantes mais un poil mieux sapée. Elle débarque en teddy de lycéenne porté sur une robe ultra moche dont le motif rappelle le sourire de Mac Demarco. Une fois de plus, si le set est bien meilleur et plus équilibré qu'à Argelès, la voix de Debbie Harry reste chevrotante. Malgré tout, les musiciens de la formation originale sont au top et le jeune guitariste Tommy Kessler a décidément bien compris comment se mettre en avant sur scène. Seul bémol, le choix de la scène. Dans une ambiance de métro aux heures de pointe un jour de grève, on a eu un peu de mal, les 40 000 festivaliers que nous étions, à se caler sur la pelouse.
Bien décidés à snober les têtes d'affiche, on choisit Mac Demarco plutôt que The Hives. Et on fait bien. Bonne gouaille, sourire à la Vanessa Paradis avant sa séparation avec Johnny, clope au bec, casquette vissée à l'envers et tee-shirt noir qui a vécu : le Mac envoie sa dose de soleil, de nonchalance, de jeunesse et de pop guillerette qui font dodeliner de la tête et crier les gamines hystériques du premier rang. Et même si c'est devenu un gimmick de scène, on apprécie que le canadien pète sa corde de guitare et la change pendant que les trois autres se moquent gentiment de Coldplay en reprenant « Yellow ».