Road trip découverte à Marseille #3

#3 - Les punks marseillais, la bave aux lèvres // Par Julien Marty

La misère serait plus supportable au soleil, mon cul ! 

Il y a la mer, les touristes, le ciel bleu, mais il y a aussi les docks, les immeubles tout pourris, le chômage, le bitume et la colère. Marseille est une ville populaire au sens noble du terme et les punks marseillais sont hargneux. 
On trouve de tout à Marseille. En partant du Oï, du skate punk, du hardcore punk, du punk 77, du Hi-Energie punk, du garage punk, du post punk, du pop punk, le fil conducteur reste la rage. Marseille est définitivement une ville punk. 
Plus je fouille et plus je me rends compte du fourmillement qui parcourt la ville. C’est dingue.
Si l'on excepte les Warrior Kids en mode punk oï revendicatif chanté en français à l'époque de l'avènement des Béruriers Noirs et consorts, le véritable coup de chaud punk phocéen s'ouvre en même temps que les années 2000.

Le label Lollipop Records ferraillait dur pour sortir le rock français de l’ornière ska festif dans laquelle il s’était perdu. Les prémices de l’aventure punk from marseille s’ouvrit avec The Gasolhead juste avant le bug de l’an 2000. Un son résolument hi energy punk les deux pieds dans les sonorités scandinaves (Hellacopters, The Nomads, Flaming Sideburns,..)  et Gearhead Records (New Bomb Turks, The Hives, The Demons,...). Cette époque voit naître une multitude de groupes à la durée de vie plus ou moins longue. L’histoire retiendra les deux emblèmes Neurotics Swingers et Hatepink dont nous vous avons déjà parlé dans l’épisode 1 de cette série d’articles.

Au milieu des années 2000, Lollipop ralentit la cadence. Le label a peut-être pris conscience qu’il ne fera jamais fortune en sortant des vinyles. Tout aurait pu mourir, mais la dynamique est brûlante sur la Canebière. Relax-O-Matic Vibrator Records a pris le relais. Il se lança avec un des derniers 45t de The Hatepinks mais il donna surtout une visibilité à de nouveaux groupes de punk.
Un peu comme dans toute les familles, on retrouve pas mal de consanguinité et de brassage dans le microcosme local. On se mélange et ça donne de nouveaux groupes comètes le temps d'un album, d'une tournée ou d'un split. C'est le cas de The Aggravation qui sortira son premier LP ou des Irritones (tout deux émanations de The Hatepinks).  L'album “Negatives Dots” est une vraie bombinette punk digne de figurer sur le catalogue de Dirtnap Records avec des titres sur-saturés (voix, basse et guitare) qui n'excèdent pas les 2'.
 

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tHE iRRItONES negative dots, by Laetitia


D'ailleurs, la formule se reconduit de groupe en groupe. A ce jour, c'est La Flingue qui tient le haut de l’affiche. Le quatuor balance un punk survitaminée et signe ses titres sur le très recommandable label allemand P-Trash Records. La Flingue ne fait pas d'albums mais des EP, jamais plus de 3 titres et jamais plus de 2 minutes par titre. On garde la fureur. La voie éructée sur scène à la manière d'un Johnny Rotten, les guitares rythmiques tournent sans discontinuer et les riffs restent très rock'n'roll dans le sillage des New Bomb Turks. Amen.
La recette est efficace et sans bavure. Leur dernier EP "Sticky Six Zero Six" est sorti sur l'autre label punk Diy marseillais, Crapoulet Records. Innovation avec le chant en français. Les titres tels que Quartier nord ou Un flingue dans la poche ancre définitivement le punk de La Flingue à Marseille.
 

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La Flingue - We are selling drugs, by Laetitia


Crapoulet Records est le label le plus punk que je connaisse. Il est aussi le plus difficile à cerner tant ses références sont éclectiques. Entre Hardcore, punk local, skate punk Crapoulet ne choisit pas son camp. Sa régularité, son énergie à faire vivre le punk à marseille et le nombre de ses références forcent le respect.
Dans le même temps, une nouvelle génération de rockeurs pointe le bout de son nez en 2010 avec des groupes psychés tel que Quetzal Snakes ou le garage pop des Departures Kids. Cette nouvelle vague aura ses dignes représentants punk avec Sun Sick (quatuor punk qui n’est plus en activité) et Tomy and the cougars. Des gamins de 20 ans qui ont déjà digéré toutes l’histoire du punk en mp3 et qui décident de prendre les guitares pour jouer un punk 77 anglais ultra respectueux. Le groupe aurait pu figurer sur le label Dirty Waters qui héberge à l’époque Thee Vicars (version anglaise des marseillais). Bien que nous ignorons si à ce jour le groupe est encore en activité. Ils ont sorti leur premier maxi sur un autre label marseillais fondé par cette nouvelle génération de rockeurs Rat Pop records (departure kids).
 

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Tomy & the Cougars - Ambush, by Laetitia


J’aimerais conclure cet article sans passer à côté du trio post punk Catalogue qui propose depuis plus 6 ans, un synthé punk aux ambiances cold. Une boite à rythme frénétique, une basse sourde qui balance des riffs en boucle et le chant de miss emma amaretto font de Catalogue un groupe que je rapproche des extraordinaires Lost Sounds (groupe de Jay Retard, comme on se retrouve) ou plus récemment les américains de Pow!  signés sur Castle Face Records.
L’actualité du groupe est très chaude avec la sortie d’un album en mai prochain,  “High Grey Effective” sur Crapoulet, HViV records et Catalogue records.
 

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Catalogue: Sleeping Revolution, by Laetitia