RAMDAM #12

Compile printemps 2019 // Par Laetitia Lacourt
Elle est bonne, elle est belle, elle est .
Tous les trimestres (enfin dès que c'est possible), Rock à la Casbah / Casbah Records vous livrent une boîte de Pandore totalement gratuite dans laquelle piocher nos dernières trouvailles, nos coups de coeur, et des groupes qui valent vraiment la peine qu'on se penche dessus. Voici la bande son de votre printemps-été, 14 titres entêtants, avec certains inédits comme d'hab, choisis avec nos tripes. 

The Cursed Bird - Jungle Joe
Jungle Joe pourrait être à la France ce que Marlon Williams est à la Nouvelle-Zélande : un crooner beau gosse biberonné aux années 60 et dont on boit les paroles la bouche en cœur. Derrière ce nom tropical un peu cow-boy, se cache Hugo Augier, un illustrateur (ultra talentueux, décidément l’adjectif semble coller à la peau de ce garçon) qui a commencé comme guitariste et compositeur dans le groupe bordelais Casablanca, qui a accompagné The Dry County Loner & Alizon (voir piste n°5) et qui a relevé le défi de l’album solo lancé et enregistré par Stéphane Gillet (voir piste n°4). Très cinématographique, le premier LP « Tales of weak & lonesome men » à venir (en autoprod, si vous voulez votre copie c’est par ici) rappelle que le jeune homme a un sérieux penchant pour le bon goût, évoque le velours de Tom Waits, Nick Cave et Timber Timbre infusé dans du Elvis. Pompon sur la casquette, il anime aussi une émission sur Ola Radio, « Friday's I'm in Love » (sous le nom de Joe Carry) sur des thématiques universelles et transversales. 1h de titres parfaits, désuets et oubliés, archi connus ou pointus, dévoilés avec beaucoup de tendresse et d’imperfections qui rendent l’émission attachante et addictive. En attendant on vous livre The Cursed Bird, un petit bijou langoureux qui renvoie 60 ans en arrière mais que l’on passerait bien dans une surboum de 2020.

The Worm - Cheap Riot 
2014-2019. Cheap Riot est un petit ange underground parti trop vite qui a tiré sa révérence le 10 février dernier avec un ultime concert et la release du très réussi (We Might Not) Make It sur Metadrone. Véritable tube, "The Worm" est l’une des tentatives en français dans le texte du groupe, plutôt habitué à débiter la langue de Shakespeare en mode hargneux. Pas la peine de la tenter en karaoké surtout si vous êtes asthmatique, fumeur ou un peu fragilo du cœur, ce titre est comme un bombardement sur Oradour-sur-Glane : puissant et sans dentelle.

Wow dude you got naruto clash of ninja revolution 2 european version on wii - Edgar déception
« Vous avez une bio ? »
« Edgar est un petit poisson mignon mais décédé. Nous jouons en sa mémoire. »
Démerde toi avec ça.
Gros crush pour ce trio à peine sorti de la crise d’ado qui sort son premier album aujourd'hui, 24 mai, sur Buddy Records en coproduction avec Hellzapoppin Records, OffNoise et Mon Cul C’est du Tofu. Gros crush parce que pondre un morceau qui sonne illico comme un vieux Pixies oublié, ce n’est pas donné au premier péquenaud du coin.

Peter Frampton - Royal Câlin
Il me semble que cette chanson est arrivée dans ma boîte mail il y a 3 ans. Coup de foudre immédiat. 400 écoutes plus tard, je décide de rendre justice à ce titre que je désespérais voir rester dans un tiroir. Celui de Stéphane Gillet, l’auteur, accompagné ici de Loik Maille (Jaromil Sabor), Nico Brusq et Emmanuel Dupont (Inaniel Swims) qui à l’aube d’un week-end prolongé à la campagne sont chacun arrivés avec un morceau personnel à enregistrer. Mais derrière ce titre, c’est surtout le fantôme glam rock de Peter Frampton qui plane : ce chevelu aux boucles blondes tirant sur le rose, élève de la même école que David Bowie, est inoubliable pour son tube 70’s "Show me the way". Ca c’est pour la bio façon wikipedia. Ce que l’histoire ne raconte pas, c’est qu’un soir de juillet, soir de match, l’auteur de « Peter Frampton » s’assît dans mon canapé et me révéla l'anecdote autobiographique de la chanson. Avouons que se faire larguer par sa petite amie de l’époque parce qu’on ressemble pas à Peter Frampton, ça reste ultra classe.

The Gospel - Nick & Alizon
Le titre a été testé dans de multiples situations : en période de gros bad, pour accompagner l’allégresse et la joie de vivre, pour souligner les premiers rayons de soleil qui viennent lécher la table de cuisine en Formica, pour boire un café crème au jardin à 14h, pour siroter un verre de vin à l’apéro, à fond dans la bagnole pour sillonner la campagne bretonne à la lueur de l’aube, en faisant une tournée de pancake un dimanche à 11h ou pour une nuit d’amour : il fonctionne avec TOUT parce qu’il est une vraie caresse. Dans le sens du poil. Fragile mais rempli d’espoir. De la pure nostalgie illuminée. Sorti fin 2018 sur le label malouin Freak Permanent, « Ashes in the Storm » est le premier LP de Nick Wheeldon (Os Noctambulos, 39th & the Nortons, Sex Sux, The Necessary Separations) et Alizon Pergher (Quiche my Ass) et sur lequel on retrouve aussi l’ingénierie de Stéphane Gillet (encore lui) : un vrai petit chef d’œuvre où les deux voix, SUPERBES, s’entremêlent dans 10 Ballades pop/folk.

Behind the Door - Don Idiot
Fans du Gun Club, Suicide et consorts, retenez votre souffle les enfants, on a peut être trouvé la perle rare. Derrière Don Idiot, se planque très discrètement Pierre Donadieu, un artiste au sens large et noble du terme – c’est à dire créatif et un peu torturé sinon ce n’est pas drôle - pour l’instant basé à Nantes. En creusant autour de mes connaissances, j’apprends que c’est un PERSONNAGE, un GENIE barré, et que le monde est séparé en deux : ceux qui connaissent Pierre et ceux qui ne le connaissent pas. Excitant mystère qu’un album en français, en mode enfant caché de Philippe Katerine et Alan Vega, devrait bientôt éclaircir. Une chose est sûre, j'ai pas fini d'écrire des lignes sur ce type et de baver d'amour sur un style de musique qui ne se range dans aucun tiroir. En attendant, on vous laisse cogiter sur cette petite beauté dingue qu’est "Behind the Door".

Down the Line - Bikini Gorge
4’44 de langueur électrique, voilà ce que propose "Down the Line". Si l’album - bien galbé -  Cheap Loam de Bikini Gorge était un soutif, géographiquement, "Down the Line" serait sans aucun doute l’agrafe. Mené par Laure et Charles, ce groupe rennais manie riffs efficaces et refrains imparables parfaitement amovibles, sans rembourrages ni fioritures/coutures superflus. Un parfait « push-up » de température si l’été frissonne un peu.

Boring to Me - Beach Bugs
Force est de reconnaître que Beach Bugs n’a rien inventé, mais arrive à refaire le match avec une ritournelle pop qui fonctionne parfaitement. Comme chauffé au petit bois mort de Sapin, "Boring To me" est typiquement de genre de titre (on pense à « Back to the Beach ») qui fait tapoter de la main, sur le volant ou sur la cuisse, en dodelinant de la tête. Même si c’est assez peu crédible de faire du garage surf quand on habite Limoges, le trio a sorti un séduisant EP sur Only Lovers Records et I Love Limoges Records qui nous replonge 5 ou 6 ans en arrière. 

Oh Dear - The Mighty Bombs
En mode post punk anglaise à la sauce suisse, Mighty Bombs est un trio un peu vénère façon Riot Girls auteur d’un premier EP sorti sur Casbah en 2017. 2 ans plus tard, 10 nouveaux morceaux viennent de fleurir sur l’album "Begin Anywhere", basé sur l'espace et sur leur façon de comprendre la musique. Direct, sans fioritures, efficace.

Fast Life - Off Models
Extrait d’un premier album, Never Fallen In Love, sorti le 11 janvier dernier sur HVIV Records // Ligature Records//Teenage Hate Records//Pencil Records, "Fast Life" est l’hymne aux accents californiens du quatuor de pop garage valentinois Off Models. Le cul entre les nineties et le garage, le groupe prouve avec "Fast Life" et la voix de sa chanteuse Anita qu’ils auraient pu être copains de chambrée avec les Bleached.

Counterfeit - Parsnip
Counterfeit est pour les oreilles ce qu’un sorbet à la mangue est pour les papilles : un petit truc frais et doux, ici chantonné par Parsnip : Carolyn Hawkins, Paris Richens, Stella Rennex et Rebecca Liston. On ne remercie plus Future Folklore Records pour nous dénicher des pépites, celle-ci étant issue d’un split avec The Shifters (souvenez-vous, autre pépite qui se balade aussi sur une autre compil Ramdam !)

Radio Paris - Rusty Beers
Groupe de jeunots au look chiadé formé en 2017 à Nantes, les Rusty Beers jouent un garage-pop sauvage, teinté de surf et de post-punk avec une énergie bien bordélique sur scène. Influençés par Parquet courts, Black Lips, Wire, Cathédrale, Chloé Prioux (basse), Paul Pelvoizin (batterie), François Beaugendre (guitare) et Oscar Eschbach (guitare) ont la particularité de tous chanter en français ou en anglais. Perso, ça me fait bien penser aux débuts de La Femme et ce n’est pas pour me déplaire. Une reprise parfaite d’Antitaxi (si les souvenirs quelques peu alcoolisés de leur concert ne me font pas défauts) faisait d’ailleurs parti de leur set cet hiver.

Sell Ya Soul - Bikini Beach
On est plus à une contradiction près, derrière ce nom on ne peut plus californien, c’est bien l’Allemagne d’Angela que l’on pioche. Trio formé en 2014, Bikini Beach revendique un garage punk que l’on a jugé très efficace et qui n’invite pas à faire délicatement trempette dans l’océan.

We Cry - Ceylon
Impossible de ne pas penser aux Doors à l’écoute de We Cry. Formés à Toulouse, Ceylon est l’auteur d’un premier EP sorti en février dernier qui devrait muter en album en septembre. Mi rock 60’s – mi psyché, entre poésie flower power et expérimentation orientale, les histoires de Ceylon sont narrées par la chanteuse Louise dont la voix est adéquat pour entrer en transe.