Psychotic Reaction # 13

Les flammes du passé ont frappé l’Espace B // par Lætitia Lacourt
Psychotic Reaction #13 | Espace B – Paris | 3 février 2015 

Référence voire hommage à Lester Bangs, les soirées Psychotic Reaction ont pour tradition de rassembler des potes, des labels indépendants et des webzines sur fond de garage, de psyché et de bière fraiche. Pour sa 13ème édition, déplacée de l’International à  l’Espace B, les Croque Macadam, Howlin’ Banana, Requiem pour un twister et consorts ont convié Les Guillotines, Os Noctàmbulos et The Paperhead, petits protégés de Trouble in Minds Records. 

La soirée s’ouvre avec The Guillotines. Pas révolutionnaire mais suffisamment tranchant pour aiguiser notre curiosité. Samy, Alexandre, Marion et Yves sont auteurs d’un bon rock garage français avec des envolées de guitare éblouissantes. Seul hic, constat très personnel, le chant en français, parfois à la limite de la justesse, qui ne m’a paru aussi évident et éclatant que les Spadassins et leur pamphlet sur les verrines. 

Puis c’est au tour d’Os Noctàmbulos (Evil Hoodoo) : ce groupe est le seul, à ma connaissance, capable musicalement de faire le grand écart facial entre 1967 et 2015 sans aucun rictus de douleur. Là où de nombreux groupes sont de simples ersatz qui ne reflètent finalement pas l’époque fantasmée et copiée, Os Noctàmbulos réussit cet exploit scientifique incroyable : celui de rendre le temps réversible. Ce serait simpliste de les taxer de revivalisme : ça ne suffit plus d’avoir le style et le son des sixties, encore faut-il avoir la voix d’un mec né dans les années 40, de bonnes mélodies, des textes justes, des références pointues. Os Noctàmbulos rassemble, avec une facilité et un naturel déconcertant, tous ces ingrédients qui en font le meilleur groupe français de garage rock et rock psyché de 1967 actif en 2015. Pour faire court, dans la religion rock’n’roll, Os Noctàmbulos est la preuve que la palingénésie existe et qu’il y a eu métensomatose entre Sky Saxon et  Nick Wheeldon.

Arrivent ensuite les américains et tête d’affiche de la soirée, Paperhead. Tout droit venus de Nashville, les 4 potes de lycée ont fait leurs preuves avec trois albums de bonne facture dont le très remarqué Africa Avenue en 2014 qui n’est pas sans rappeler la pop psyché des années 70, époque Revolver des Beatles. Si sur le papier et sur la galette, ces quatre jeunes gens ont tout pour réussir (et notamment des instruments dingues qui servent sur un plateau des mélodies accrocheuses), sur scène, je les ai complètement perdus. Victime du syndrome Bob Dylan (qui consiste à dénaturer ses compositions dans l’euphorie de rencontrer ses fans) The Paperhead n’a pas honoré les pistes enregistrées au studio. Beaucoup plus pop, beaucoup moins psyché, archi déstructuré et manquant sérieusement de finesse. 

Il en faudra plus pour nous freiner : prochaine Psychotic Reaction le 26 février avec les Wax Witches (Burger Records) en concert gratuit à L’International.