Psychomagic

Psychomagic (Lollipop records) // par Laetitia Lacourt
Keep Portland Weird
La psychomagie, un terme un peu marketing inventé par un pseudo chaman, Alejandro Jodorowsky, vise à régler ses problèmes et ses névroses par les actes. « Un acte psychomagique c’est comme donner un coup de pied affectueux au cul de la réalité ». Ça paraît un peu perché comme concept, et pourtant on peut guérir plein de trucs avec ça. Plein mais pas tout, si l’on s’attache aux détails de cet énième groupe de garage psyché - 60’s - punk surf : Psychomagic. 
Pour les trouver, Il a fallu quitter la Californie, se taper 1500 bornes et débouler dans l’Oregon. Bien calé à Portland, qui dégouline de petits génies, les Psychomagic n’ont peut être pas (ou justement si !) encore réglé toutes leurs névroses via la psychomagie. Il suffit de regarder une vidéo de concert pour constater qu’ils sont visiblement bien pétés du caisson : Steven Fusco (chant, guitare) et sa cape argentée, Pierre Laurila (guitare) un gothique avec legging à palmiers, Scott Page (basse) et sa robe rouge moulante à fleurs, Eddie Bond (claviers) en hippie avec tresses et lunettes à la Janis Joplin, et Anthony Brisson (batterie, choeurs) avec une flamboyante veste de capitaine rouge. Le tout est évidemment très plaisant, et on hâte de faire connaissance quand ils seront de passage en France, quitte à faire un peu de psychomagie pour accélérer le process. Voilà pour le décor. 
Signé sur Lolipop Records, Psychomagic n’a qu’un album éponyme à son compte sorti fin 2013. Mais quel album ! Il s’ouvre avec « I’m a freak », une adaptation musicale d’un spectacle de marionnettes inachevé. Fantaisie sucrée d’une bêtise entêtante, on la collerait volontiers en BO d’un Tim Burton avec un Willy Wonka sous amphet. Suivent « I wanna be that man », très rock 60’s avec grosse influence des Kinks et « Hold on to something » - idéale pour les amateurs Whou-ah-hou - bien plus électrique qu’elle n’y paraît avec des petits cris charnels à la Kim Fowley. Autre influence bien sentie avec « I don’t wanna hold your hand », 43 secondes punk où la voix de Steven Fusco n’est pas sans rappeler celle de Richard Hell. Roulements de caisse claire, clavier entêtant façon Manzarek, riffs qui infectent le cerveau : la sublime « Mutated love » envoie une bonne grosse dose de psyché. Parfaitement adapté pour emballer une cheerleader ultra gaulée, « Play the fool » est LE slow-de-la-mort-qui-tue qui réunira de façon évidente Betty et Johnny au bal de promo. Si vous aimez « Runaway » de Del Shannon, vous aimerez « Bottom of the sea », titre blindé de « baby » que l’on verrait bien tourner en boucle dans un juke-box de n’importe quel drive-in au début des sixties. « Heartbroken teenage zombie killer » et le trémolo des voix viennent illustrer que les histoires d’amour finissent mal – en général - et que c’est douloureux. Le pénultième titre n’est pas indispensable mais le dernier, « Elvis on the moon » envoie urgemment le king et ses blue suede shoes dans un univers résolument punk : un album psychémagique.