La discothèque idéale (2000) // Trésor caché #006
Album remarqué à sa sortie, puis oublié depuis, Buildings and grounds invite à repenser la pop à travers le prisme de l’architecture. Accessibilité, contrainte du matériau, fondations solides et élévation : quand l’art et l’artisanat se rejoignent pour mettre à l’abri treize petits trésors mélodiques.
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Ces étudiants embarqués presque malgré eux dans une aventure qui les emmène de Somerville, Massachusetts, jusqu’au vieux continent, pour assurer la première partie des FLAMING LIPS et des CARDIGANS, ont tout du groupe éminemment sympathique, mais pas vraiment mémorable. Le nom du trio est un jeu de mot douteux (« Pop has freed us ») qui annonce la couleur : Tony, Shivika et Keith veulent sonner « comme les REPLACEMENTS en live, et comme FLEETWOOD MAC en studio ». On peut être un brin sceptique sur la sauvagerie supposée des concerts, mais il est indéniable que le dernier album des pApAs fritAs sorti en l’an 2000 a des airs de Tango in the night et de Mirage low cost.
Pop à pApA
Sur le papier, les références ne sont pas fraîches : on croise, en plus du MAC et sa batterie imparable (People say, Questions, I believe in fate, Another day…), les harmonies des BEACH BOYS, un soupçon de bossa nova (Girl), la modestie des NRBQ et quelques rythmiques disco (le tube Way you walk). Cet héritage un peu lourd à digérer devient par le miracle de l’alchimie, une barbe à pApA à peine trop sucrée. Plus aéré que leurs précédents méfaits, joliment produit, Buildings and grounds réussit l’équilibre entre l’hommage assumé et l’affirmation d’un style propre. Sans bousculer l’auditeur averti, à l’aise dans ce jeu d’influences, les musiciens opèrent un subtil déplacement vers l’indie-pop, en grande partie grâce à l’économie de moyens et aux voix déconcertantes de simplicité de Tony GODDESS et de Shivika ASTHANA, qui se partagent équitablement le chant.
Garder la frite
La pop, c’est ce mystère de la synthèse, qui nous fait dévier d’une recette toute faite pour parvenir à une œuvre singulière. Ou comme GODDESS se plaît à le dire dans ses interviews à la sortie de l’album : « la pop, c’est comme les frites, ça doit être dur et tendre à la fois ». Peut-on reprocher aux pApAs fritAs un léger excès de tendresse ? Il faut comprendre que le modèle théorique ici à l’œuvre n’est pas la cuisine, mais l’architecture (Vertical lives), autrement dit l’art de rendre habitable des espaces froids et artificiels. Les claviers et les chœurs qui parsèment chaque titre sont autant d’escaliers et d’ouvertures qui aménagent et créent du lien, au sein d’une structure rythmique quelque peu rigide. Les mélodies se logent aisément dans notre mémoire auditive ; on se sent rapidement chez soi à l’écoute du chaleureux Buildings and Grounds. C’est donc avec quelques regrets qu’on apprenait en 2003, que Keith le bassiste, et Shivika la batteuse étaient retournés, après cet ultime chantier, à leurs chères études, désertant le foyer de nos pavillons auriculaires.
Paul MÉGLOT
(22 avril 2022)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
pApAs fritAs. Buildings and grounds (Minty Fresh, 2000)
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Pour prolonger...
pApAs fritAs : site web officiel (en stand-by depuis 2014)
À écouter de toute urgence, en prenant le temps :
PAPAS FRITAS. Helioself (Minty Fresh, 1997)
PAPAS FRITAS. Pop has freed us (Minty Fresh, 2003)
FLEETWOOD MAC. Mirage (Warner, 1982)
FLEETWOOD MAC. Tango in the night (Warner, 1987)
NRBQ. All hooped up (Big Notes, 1977)
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Photographies : Tim LEANSE, bingO
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