Michael Rault

Living Daylight (Burger records / Pirates blend ) // par Lætitia Lacourt
Michael Rault pourrait être la troisième bonne raison de faire grave bader Rolan Bolan. La première, c’est que le fiston a, malheureusement, à peine connu son génie de papa. La seconde : être le fils de Marc Bolan et s’appeler Rolan, c’est pas jojo. Enfin, la troisième : l’héritage, le talent, la transmission, la génétique. Inutile d’user ses fonds de culottes sur les bancs de l’Ecole Française de psychodrame pour analyser rapidement que le destin de nos aïeux influence leur descendance et que les enfants des génies du rock sont souvent, musicalement, de grosses bouses. Pour trouver un digne héritier au leader de T-Rex, il faut donc se casser à Toronto.

C’est au Canada, près des chutes du Niagara, qu’un jeune moustachu d’environ 26 balais fait revivre tout le boogie et le beat propre à Marc Bolan et au glam rock, la voix chevrotante en moins. Chanteur, guitariste, compositeur, Michael Rault commence à gratouiller à l’âge de 12 ans. Fin 2012, il enregistre un premier EP remarqué par Burger Records. Le nez fin, Sean Bohrman et Lee Rickard l’encouragent alors à pondre 10 titres et lui signent un LP aux petits oignons sorti avant l’été.

Cris félins façon Marc Bolan dès la première piste (« All Alone »), power-pop sensuelle et rock psyché aux guitares 70’s qui empruntent dans le catalogue des anciens (Beatles période LSD) et des voisins (impossible de ne pas penser à Ty Segall ou même parfois à Tame Impala), Rault excelle dans son genre narrant l’amour perdu, affligé, retrouvé.

Un genre que les langues de pute classeront dans la catégorie plagiat ou le « je-me-fais-pas-chier-en-mode-Foxygen ». Mais diable, pourquoi refuser de se faire plaisir quand c’est si bien fait ? Le son est excellent, les mélodies sont imparables et le tout titille le point G de vos deux oreilles. « I wanna love you » et « Suckcess » ont tout le glam de T-Rex, « Dancing With Tears In My Eyes » emprunte la fantaisie et le côté forain de Magical Mystery Tour voire les délires psychotropes de Sgt. Pepper's Lonely Hearts, et « Lost something », plus contemporaine, regarde du côté de Tame Impala. Quant à la ballade « Too All My Friends », elle est clairement estampillée 70’s avec des chœurs façon Rod Stewart en 1975.

Difficile de ne pas être conquis, tant la musique de Rault puise avec talent dans le juxebox de Papa. Reste à valider tout cela sur scène : Michael sera en France pour 6 dates, en première partie de Jacco Gardner, dont le 7 décembre à Paris au Café de la Danse.