METZ

II (Subpop) - Anton Schaefer
Nous avions découvert Metz en 2012, à l’occasion de la sortie de leur premier album éponyme. Le trio de Toronto livrait alors un noise-rock qui, sans être extrêmement original, avait le grand mérite d’esquisser le mélange parfait entre énergie et simplicité. Il faut bien dire que l’efficacité de titres comme « Wasted » ou bien « Knife In The Water » nous a laissé hagards dès la première écoute. Coup de foudre très largement confirmé après les avoir vu en concert : le groupe joue ses chansons sur scène comme un détenu rosserait son geôlier, laissant peu de place pour la noblesse des sentiments. Ce soir là, sous la pluie du ciel sombre de Toulouse, nous sommes repartis contents car terrassés.
Metz nous revient donc en 2015 avec l’exercice compliqué du second album. Une question me taraude avant de presser le bouton play : ce deuxième disque va-t-il être à la hauteur du précédent ? C’est toujours très ennuyeux d’être déçu par un groupe qui nous a pas mal secoué le temps d’un album. Premier constat : un son beaucoup plus sec, plus brut. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’album ne semble pas laisser de répit à celui qui s’y aventure : les morceaux s’enchaînent avec toujours la plus folle des intentions. Le disque contient son lot de solides paires de claques : «Acetate », « Landfill », « Nervous System ». Par moment, nous avons même l’impression d’entendre John Lydon chantant avec Big Black (“The Swimmer”). Mais c’est le bouillonnant « I.O.U. » qui tient pour moi le haut du pavé sur ce disque : une chanson qui pourrait aisément rappeler la fougue et l’énergie de nos JC Satàn nationaux. La puissance de feu de Metz arrive à nous surprendre à l’écoute de ce deuxième album, tant l’énergie déployée au fil des chansons est des plus jubilatoires.
Jadis musique du Diable, le rock est aujourd’hui photographié pour les pages des magazines de mode, exposé, institutionnalisé. La bête, aujourd’hui domptée, était autrefois crainte. Le salut vient peut-être de groupes comme Metz, qui rendent le rock à nouveau nerveux, urgent et dangereux. Au cas où nous l’aurions oublié, ces trois gars de Toronto viennent nous rappeler qu’on peut faire du rock sans pour autant vouloir faire dans l’humanitaire (coucou Bono) : ces mecs là sont plus intéressés par les coups de surins que par le Saint Suaire. Ce qui m’amène à citer le personnage d’Alfred dans le Dark Knight de Nolan : « […] certains hommes refusent de se plier à toute logique, celle de l'argent comprise. On ne peut ni les acheter, ni les persécuter, ni les raisonner, ni négocier avec. Certains ne rêvent que de voir le monde brûler ». Ecoutons le monde brûler, avec eux.