Methadone Kitty and the daily dose

Unconfined (Burger/Wiener Records) // par Lætitia Lacourt
Des études plus ou moins sérieuses rapportent que l’écoute de musique triste provoque la libération de neurotransmetteurs à la con, incontrôlables, comme la dopamine. Le tout visant - non pas à nous rendre plus triste que l’on ne l’est déjà - mais plutôt à nous faire l’effet d’un gros câlin. On ne la libère hélas pas sur commande, cette chère dopamine, squattant quand bon lui semble ces foutues parties du cerveau réservées aux plaisirs liés au sexe, à la drogue et à la bouffe. Et puis, un matin, dépourvu de sexe, de drogue et de bouffe, c’est le 25 août 44 dans votre cerveau. D’innombrables neurotransmetteurs se mettent à défiler sur le circuit de la récompense jusqu’à votre striatum ventral. Et lorsqu’il y a autant de lumières dans le striatum ventral qu’à un bal du 14 juillet : vous écoutez probablement quelques chose de triste et de jouissif. Peut être même que vous écoutez Methadone Kitty & The Daily Dose. 
Derrière ce blaze à coucher dehors, il y a l’ombre des Growlers. Du moins une musicalo-consanguinité éloignée : Methadone Kitty serait un side project de certains membres des Abigails, eux mêmes une création d’un ex des Growlers. Mais Methadone Kitty ce sont surtout Ellie Mae Carpenter (voix, guitare), Charlie Steudle (synthé), Mikey B (basse) et Babe G (batterie). Les émois musicaux de ce groupe, signé sur Burger/Wiener Records ne datent pas d’hier mais il y a plus de dix ans lorsque les parents d’Ellie ont adopté Charlie. La fraternité ne les engagera que sur le papier puisqu’ils seront amis puis amants puis amis. Un vrai Dallas californien, où le batteur est le nouveau petit ami d’Ellie et le bassiste, l’ex mari de la fiancée de Charles. Quand la vie est bordélique à ce point, ça donne évidemment de la matière émotionnelle, apte à produire de la dopamine, comme en témoigne leur premier album, « Unconfined » sorti en novembre dernier. Si certains titres, « Metaxis », « World of little pleasure » et « Boredom », assez énergiques, ont des accointances éloignées avec des titres des Vivian Girls ou des Bleached, le reste de l’album est à l’image de leur propre définition : de la « lo-fi - loner pop - loveliness » blindée de mélodies vaporeuses qui cultivent la nostalgie. Le pic de dopamine se situe précisément en seconde position : « Ghost » vous propulse dans les limbes d’un dimanche matin, posté devant la fenêtre à observer le ciel moutonneux dans l’attente d’une neige cathartique. « Unconfined », « Candy Cigarettes », et « Cheers » s’inscrivent dans cette lignée mélancolique de toute beauté, qui fait naviguer, on ne sait plus trop, entre ombre et lumière. 
Lætitia Lacourt