Ma Route du rock

Introduction // par So
J'ai découvert le rock, il y a presque trente ans, dans un bled en pleine Beauce. Autant vous dire qu'à cette époque, un métisse avait intérêt d'aimer ce qu'on lui proposait, c'était de l'intégration, ou de la survie au choix. Sauf si je préférais la lapidation et, ces cons m'auraient facturé les cailloux. Donc le rock, c'était Johnny, Renaud en deuxième choix et point barre. Il a fallu se cogner des après midi dans une R12 à écouter mes potes me parler de la force des textes de monsieur Gabrielle. Quand votre mère écoutait les BBF, Brel, Brassens et Ferré, forcément une confusion voir un gros doute se logeait dans ma tête. Mais bon allons y pour le rocker à textes. Le plus troublant était-ce qu'il y avait autours des textes... Le look. Oui les Johnny man portaient des santiags, un jeans et le perfecto, à franges pour les plus déglingos. N'étant pas prêt à me chopper des ampoules avec les chaussures à bascules, je m'éloignais gentiment de cette secte. Avec ces conneries, j'étais passé à côté des Led Zepp, des Who, d'Iggy pop, d'Hendrix et de leurs potes de l'île de White, je les écouterai plus tard. Avant ça, il me fallut une autre expérience traumatisante, découvrir un autre groupe de rock français....Téléphone, le premier Boys/Girl band français avec des fausses taches de vin sur les fringues. Ça, c'est vraiment eux. Des JJ Goldman qui ne se lavaient pas les cheveux. Aimer Téléphone n'avait qu'un intérêt, mais majeur, pouvoir partager avec les filles nos malaises d'ados. Et surtout, on pouvait porter des Américanas, beaucoup, beaucoup plus confortables. Je ne vous cache pas qu'à force de déceptions, j'étais prêt à faire l'irréparable, passer de l'autre côté.......Écouter du Reegae.....
Il était temps de réagir, merde je voulais être rocker. Les grosses machines américaines envahissaient mon walkman, j'écoutais certes du gros son, sans pouvoir espérer les voir en concert. Je me sentais tout de même orphelin d'une expérience, le Live. C'est avec cette frustration que je me stabilisais, je vivais avec le grain des disques et les distorsions des guitares. Et ce fut le drame, une tornade s'abattit sur nous. Le rock FM. Des mélodies laborieuses pacsées avec des solos de guitares interminables, c'était quand même des mecs avec des coupes de cheveux de footballeurs allemands qui, pour des raisons insondables voulaient nous dégouter de la musique.
"Mais retournez jouer au foot et foutez nous la paix, bordel"
Décidément, je passais de déceptions en déceptions, à part quelques éclaircies, mon chemin de rockeur me laissait perplexe. J'aimais le rock, ou dans l'état, je voulais l'aimer, je ne comprenais pas les paroles des groupes que j'écoutais et toujours aucune chance d'assouvir mes envies de concerts. J'étais à deux doigts de mettre une chemise à fleurs et d'aller écouter, danser, transpirer et me frotter sur de la Compagnier Créole dans n'importe quel Macumba le plus proche. Je voulais de la sueur, du sang et des larmes. Le coup de grâce arriva avec la scène française tant attendue. Ce fut presque trop. Des concerts, du gros son, comprendre les paroles, des filles, de la bière...Le bonheur pouvait exister quand on aimait le rock en france. J'en aie profité pour jeter mes albums d'Indochine....Ne vous moquez pas d'un désespéré svp... Et changer mes Américanas contre une bonne paire de Dock. Voici venu le temps des rires et des chants avec les Parrabelum, OTH, Happy Drivers, Roadrunners, La Mano, Starshooter (qui lui c'est changé en Kent, on pouvait chopper le cancer du poumon avec les Kent, maintenant le cancer des oreilles avec Le Kent). Nous avions enfin notre scène, nous pouvions faire des bornes à cinq dans une fiesta pour se battre....Pardon, pour pogoter avec des skins lors d'un concert de LSD. Nous étions heureux. C'était de la boucherie, mais quelle belle production. Il y avait des projets plus intimes comme Kat Onoma, plus festif comme les négresses vertes, merde c'était la france bigarrée. Qui ne saute pas n'est pas français... Oula encore une vieille influence des rockeurs footballeurs. Cette période restera comme le souvenir d'une belle histoire avec une fille du lycée. Il faut rester dans le souvenir, ne jamais chercher à la revoir. Nous voilà rassurés, le rock français pouvait commencer son histoire. Pour ma part, je fis une incursion vers le rock fusion. On sortait les Air Jordan et les casquettes en slamant sur de l'Urban Dance Squad, Rage Again the Machine, Fishbone, Bad Brain, Suicidal Tendecies et consort. Le son était bon, mais, on se retrouvait dans des salles de plus en plus grandes, les contestataires étaient à la tête de super productions, le temps de la boucherie était bien loin. Il ne fallait plus aller voir un concert, mais regarder un show. Il y a toujours au milieu de ces dérives, des rencontres qui vous donnent des frissons, un Nick Cave par exemple. Mais dans l'ensemble, toutes ces grosses dates qui ont inspiré les Rolling machins, les U2, les Muses, les Coldplay, donnaient l'impression d'être formatées pour les sorties des DVD. Après cette gueules de bois, on se dit plus jamais, et grâce à une opportunité pour organiser des concerts dans une petite salle, on redécouvre l'énergie de groupes qui ne vendent pas de DVD, des petits labels militants, des envies de productions et de diffusions différentes. Retrouver des musiciens qui parlent de scènes et pas de téléchargements illégaux de LEURS albums, se faire faire saigner les oreilles par quatre mecs sans un écran vidéo comme fond de scène. Et oui, ces gars-là brûlent nos esprits pour le meilleur et pour le pire.
SO