Les FILS DE JOIE : dernier pogo à Toulouse

Chronique (2023)
          Réhabilitation d'un groupe (un peu) maudit et toulousain par un label... toulousain.

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      Les FILS DE JOIE pourrait aisément prétendre au titre de plus grand groupe culte et maudit de l'Hexagone. Entre 1982 et 1985, leurs chansons aux mélodies qui touchent auraient eu toute légitimité à sortir chez Mankin Records, le label d'Alexis et sa TAXI GIRL. Certaines auraient pu rencontrer un succès fou (cf. le Paris latino de BANDOLERO en 1983). Mais à l'époque, Toulouse paraissait bien loin de la capitale (le TGV n'en était qu'à ses débuts) et Philips qui signa le groupe avait tellement d'artistes à gérer (rires) que ses titres sont plutôt restés confidentiels. Si le revival Garçons Mödernes de 2008 (Agnès B. + Naïve + Born Bad Records, une formule étonnante) a un peu remis le combo toulousain au goût du jour, rien n'a vraiment changé : les retombées furent minimes et les esthètes des mornes plaines ont continué d'écouter ce groupe en catimini, comme pas mal d'autres disques (rassurons les vampires et faux diggers : d'autres artistes méconnus vont être exhumés ! Vous pourrez alors continuer de briller avec vos pépites lors de soirées vinyliques).
 
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Quatre décennies plus tard, le valeureux label Pop Sisters Records (toulousain lui aussi) rétablit enfin l'injustice en sortant une intégrale - ou presque (Hey, Joe !, où est le cover mambo bongo d'Havana affair des RAMONES ?!!) - de ce groupe hors-normes (esprit punk sous carapace pop ; d’aucuns trouveront cela limite variété), notamment repris par DIABOLOGUM (chef-d’œuvre absolu, Adieu Paris, est très certainement l'un des meilleurs titres enregistrés par CLOUP, MICHNIAK & Co. ; disponible en bonus du maxi L'art est dans la rue - Lithium, 1994). Outre les chansons parues sur quelques disques (un 45t., un maxi, rien de plus), cette sortie met aussi à l'honneur des inédits mi & fin-80's, reliftés, sans que l'on sente la différence avec leurs hits souterrains. Certes, leur discographie fut limitée, mais l'influence des FILS DE JOIE sur des groupes actuels - pour certains, plus que dispensables - a été importante. Que les poseurs-graphistes de Rennes, de Metz, de Clermont-Ferrand ou d'ailleurs ne viennent pas dire qu'ils n'ont pas écouté Les FILS DE JOIE un jour !

Pour ceux qui en ont marre des seconds couteaux des années 2010-2020 ayant pillé des génies disparus et - surtout - non reconnus, Les FILS DE JOIE, c'était (et cela demeure) du punk ligne claire, soit le port de tête de La SOURIS DÉGLINGUÉE (Ultime pogoIndochine souviens-toi ; combien de chœurs "Oh oh oh"  bravaches - limite fiers-à-bras ?), les muscles de BIJOU (le refrain de Comme un animal, malgré un emballage so 1987 à la Nougayork / Yé ké yé ké), la carrure svelte (toutefois sans aucune fausseté vocale) d'INDOCHINE (saxophone, guitare twang, insouciance ; Bob Radar vs Bob Morane, sur Encore et encore), les battements du cœur des DÉSAXÉS (Les plaisirs chers, en grande sœur de Juste 15 ans) et les fesses du jeune Étienne DAHO (mélodies 60's, voix blanche, cependant plus en avant et assumée - Allongé sur la dune, malaxant Duel au soleil, Week-end à Rome et OMD)... En resserrant, on se retrouve entre MARQUIS DE SADE (noirceur textuelle, les yeux vers l'Est - Un bâton de rouge pour Greta - Adieu Greta - ; une bougie pour Ian CURTIS, sa division de la Joie, sa Transmission radio interrompue, pourtant remise à l'honneur sur la chanson-titre de ce disque), le CLASH (Encore et encore, encore ! ; Encore une fois dans l'Ouest, comme Guns of Brixton et Bandolero revus par NUCLEAR DEVICE) - via l'harmonica de DYLAN (Le bon Dieu n'a pas voulu de moi) et L'AFFAIRE LUIS TRIO (exotisme cuivré, machette dans le costard ; Olivier de JOIE, le chanteur a longtemps vécu en Nouvelle Calédonie, d'où le chaloupé Requin vert ainsi que le percutant et percussif Tonton Macoute, très Sign of the times des BELLE STARS).
En ce qui concerne les textes, on navigue entre cynisme post-adolescent (Adieu Paris), nostalgie Harrington/Doc Martens (Ultime pogo), romantisme anarchiste (Puisqu'il fallait partir un jour), thématique beat du voyage (que l'on retrouvait aussi chez la GAMINE ; vu d'ici, de Bordeaux au Pays Basque, il n'y a pas trop de bornes - Sur la route d'Ainhoa), farniente du littoral (l'océan, la mer, leurs plages, le sable, la côte, les vagues - Allongé sur la dune J'appelle par-delà les mers, préfigurant mélodiquement le Cheyenne Autumn de Jean-Louis MURAT ; Sur la route d'Ainoha) et name dropping révérencieux (Joey RAMONE et Joe STRUMMER en grands-frangins, toujours Sur la route d'Ainoha ; Encore une fois dans l'Ouest, hommage appuyé au cinéma, recyclant un riff utilisé sur la reprise absente du titre des RAMONES cité en amont). 

Si vous ne l'avez pas encore fait, il est vite temps d'oublier GWENDOLINE, REQUIN CHAGRIN, OI BOYS, LESCOP/SERPENT et ALINE. C'est donc le moment de passer aux choses sérieuses : (re)découvrir les chansons des FILS DE JOIE et danser, de nouveau, la nuit.
 

bingO

(17 mars 2023)

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Les FILS DE JOIE. Nous ne dansons plus la nuit
(Pop Sisters Records / PIAS, 24/03/23) 

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Pour prolonger...

Les FILS DE JOIE : Bandcamp
Pop Sisters Records : site web
DIABOLOGUM. L'art est dans la rue (Lithium, 1994)

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Dans nos archives sonores :
Rock à la Casbah #804 (08/03/2023)

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Photographies : DR / Les FILS DE JOIE / Pop Sisters Records
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