Chronique (2022)
Musique, littérature, reptiles et écrevisses. Dans les marais (brrrrr...)
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XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXC’est assez rare que l’écoute d’un artiste se percute et résonne avec la lecture d’un livre. Cette rencontre impromptue, dont nous sommes le seul spectateur, est unique. Alors que My sworn enemy, premier album de REPTILES, tourne en boucle chez moi, j’ai entamé la lecture du livre de Delia OWEN, Là où chantent les écrevisses. Il n’a pas fallu longtemps pour que la musique sombre de REPTILES imprègne l’histoire de Kya, l’héroïne de ce roman qui se déroule dans les marais de Barkley Cove, en Caroline du Nord.
Deux pieds dans la vase
La pâte argileuse du marais vous avale les pieds avec douceur. Une caresse mortifère qui flirte avec le haut de vos chevilles.
La musique de REPTILES est une ode à l’engloutissement serein et sans douleur que le marigot propose à l’égaré. Avec Sworn my enemy, le duo Nîmois donne une voix à tous les poids, à toutes les fêlures qui nous abîment. Qui nous tiennent au sol.
Là où chantent les écrevisses ne nous raconte pas un marais hostile pour celui qui le connaît. Pourtant, il est labyrinthique, sans issue pour le commun des mortels. Nul ne va à la rencontre de ses démons en espérant s’en sortir indemne. The darkness is mine, c’est aussi le message que livre Sylvain ARNAUX, auteur compositeur de REPTILES.
Nos démons sont nos enclumes. Notre passé nous englue
La voix rocailleuse. Sourde. Quasi-spectrale, elle psalmodie nos erreurs et errements dans lesquels on se vautre avec délice. D’abord.
Les remords arrivent aussi vite que la complainte se perd. Le marais est envoûtant. Un monde à lui seul dont les règles nous dépassent. Nous sommes des intrus. Le marais est vivant. Il nous voit comme une proie. Il veut nous manger.
Alors tu te laisses glisser jusqu’aux genoux.
Une chaleur douce et humide nous accueille. Je suis bien, là. On s’oublie dans la chrysalide. On entend les sonorités de Now. Elles vibrent, nous cajolent, nous endorment.
La rédemption ou la mort !
Le réveil et la lumière existent dans le marais comme dans la musique de REPTILES. Il y a de la vie. Elle est portée par des passages lumineux aux lignes claires. Abandonner, c’est mourir !
On veut revivre, on veut recommencer comme dans le refrain de Venin Bleu : "Start over again ! "
Elle nous laisse l’espoir.
L’espoir de s’arracher de l’emprise hypnotique de cette boue.
L’espoir de continuer sur un sol de nouveau dur. Trop dur.
L’espoir de croire que de la chrysalide naîtra le papillon.
M.ARTY
(14 juin 2022)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
REPTILES. My sworn enemy (Beast Records, 2022)
Delia OWEN. Là où chantent les écrevisses (Seuil, 2020)
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Pour prolonger...
REPTILES : Bandcamp
REPTILES : My sworn enemy [vidéo-clip]
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Dans nos archives sonores :
Le Son Du Pick-Up #300 (05/09/2022)
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Photographies : M.ARTY, DR, Beast Records
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