Les déferlantes / 2

Jour 2 - Seasick Steve // par Laetitia Lacourt

Jour 2 – Seasick Steve

À l’heure où l’on sirote la première binouze de la journée, Seasick Steve entame un set qui force le respect. Repéré par Jack White il y a quelques années, le papy du blues, ancien pote de Janis Joplin, affiche peut-être 73 ans au compteur mais a su ensorceler de ses guitares trafiquotées les festivaliers d’Argelès. Une longue barbe blanche, une casquette défraîchie par le soleil californien, une salopette délavée XXL, un tee-shirt blanc immaculé : le vagabond paraît hors d’âge, un peu comme le bourbon qui l’a vu vieillir. Le vieux monsieur offrira aux côté de son batteur, durant une heure, un blues rock aussi déchainé que rudimentaire qui transforme le Parc de Valmy en champ de coton. Soleil couchant sur la Méditerranée, rasades de Côteaux du Languedoc au goulot : il entame une déchirante cover de «Baby please don’t go » qui hérisse le poil. Touchant à l’essence même de l’électricité musicale, difficile de ne pas être ému par ses ballades fredonnées avec une guitare faite d’un manche de pelle, d’une bouteille de Jack Daniels, de deux enjoliveurs, d’une spatule à burger et d’une guirlande de Noël. Brut et sauvage.