Les déferlantes / 1

Jour 1 - Blondie // par Laetitia Lacourt
Les Déferlantes | Argelès-sur-Mer | 7 au 9 juillet 2014 

3 jours, 18 concerts vus, 15 pintes de bière sifflées, 1 barquette de frites gobée, 4 km d’allers et venues entre les scènes et le bar de la mer, gadoue, soleil et tramontane : 1 festival avec des têtes d’affiche mainstream issus de la scène française et quelques pointures anglaises ou américaines. On y croise des festivaliers fans des Ramones, Beatles et Rolling Stones si l’on s’en tient à leurs tee-shirts H&M, mais aussi un public venu voir  Blondie, MGMT, M, Phoenix, Fauve, Shaka Ponk, Vanessa Paradis et UB40 : le panel est large, incluant également des gens qui n’ont pas le monopole du bon goût. On a fait le tri pour vous : 

Jour 1 – Blondie

C’est la mère Debbie qui a perdu sa voix. Hier, fantasme absolu de plusieurs générations de milliers de boutonneux, aujourd’hui mamie de 70 barreaux : Debbie Harry témoigne encore d’une punk attitude en crachant sur scène mais commence sérieusement à sucrer les fraises. Avec une formation quasi identique depuis 40 ans, Blondie incarne ces années 70 new-yorkaises bien révolues et dont le passage sur scène en 2014 nous ferait presque devenir vieux réac : c’était sûrement mieux avant. Blondie prouve surtout que les hommes vieillissent mieux que les femmes : si Chris Stein, Clem Burke et Jimmy Destri ont un look rock souligné par des futals de cuir noir et des boots avachies, Debbie  a définitivement troqué son vestiaire de bombasse contre des tenues chinées à la Halle aux Vêtements. Le groupe ouvre avec le hargneux « One way or another » sur lequel l’ex pin-up Playboy essayera de se mouvoir, tel un pantin un peu désarticulé. Suivront bien sûr « Atomic », « Call me », « Heart of glass » avec un léger playback qui ne peut pas truander les premiers rangs. Rien ne nous met à fleur de poil si ce n’est le mythe derrière cette grand-mère rock ‘n’roll avec une pléiade de contes crasseux à raconter : des histoires de lapins roses et noirs, des retouches make-up pas très catho dans les chiottes du CBGB, des dîners de blondes avec Andy Warhol. À l’image de tous ces groupes qui ont survécu à leurs excès, c’est aussi touchant que pathétique. Mais largement pardonnable.