Le roi est mort

5 groupes pour remplacer les Growlers // par Lætitia Lacourt
Un concert par jour depuis des mois. Une tournée sans fin, loin de leurs plages dorées et de leurs planches de surf à se cailler les miches dans des pays glacials. On les dit épuisés, sur le carreau, carburant aux drogues pour pouvoir tenir le coup. Voix fuyante, show miséreux sans entrain, lunettes noires pour masquer des yeux vides et un dernier album sur lequel personne n'a fait la roue : les Growlers surfent sur le creux de la vague. On a rien pour soigner cette tristesse hormis 5 groupes pour les remplacer :

La voix de Brooks Nielsen : on la croyait unique, mais ce timbre a un jumeau. Ce type de corde vocale crèche évidemment en Californie, dans la petite ville de Bakersfield. Jacob, Justin, Ryan et Jaqs sont 4 bruns dont le physique laisse à penser que du sang tex mex coule dans leurs veines et qu'ils sont nourris à la tortilla de harina depuis leur plus tendre enfance. Outre cette même voix mélancolico-nonchalante que même une overdose d'Actifed ne parviendrait pas à clarifier, Los deVitos surfe sur le même style musical que les Growlers, à savoir le Beach goth. En témoigne leur démo sur Bandcamp, où Between Your Thighs, Couple's Skate ou encore Hold your Horses pourraient piéger bon nombre de fans des Growlers. Réjouissant.

Vous aimiez en boucle One Million lover, People Don't Change Blues ou Tell it how it is ? Vous êtes sauvés. Los Craters sont, évidemment, des Californiens, et pas vraiment bouseux puisqu'ils ont signé sur le label Lolipop Records. Premier bon point. Mais surtout, Johann, Franck, Culen et Elvis ( !) ont l'art de la mélodie imparable à grands renforts de guitare surf et de basse lancinante. Pour preuve Barbershop blues ou One time lover sur le LP "Low Tide Lover", nous baladent sur les mêmes routes ensoleillées empruntées autrefois avec les Growlers. Rassurant.

La pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre. Quand un ex-membre des Growlers remonte un groupe, il y a peu de chance qu'il fasse de l'électro. Pour preuve, la Beach Goth 3, une petite sauterie à Santa Ana organisée par les Growlers. Warren Thomas et ses 4 acolytes des Abigails y avaient répondu présents. Bien que plus country et plus western, mais aussi noirs que lumineux, The Abigails sont aussi gipsy que les Growlers : un excellent LP sorti sur Burger Records en avril dernier peut en témoigner. Puissant.

On quitte la Californie, direction Brooklyn. Las Rosas sont 3 chevelus assez bronzés et assez barrés qui ont l'air d'avoir grandi sous les U.V. Bien qu'éloignés géographiquement de la sacro-sainte Californie, ils font bien partie de l'album de famille de la scène garage puisqu'ils ont tourné avec Shannon & The Clams et King Khan & the Shrines. Voix nasillardes, mélodies déglinguées aux reverb éblouissantes : Las Rosas pourraient être les fils cachés des Growlers et des Dead Ghosts. Auteurs de deux EP, « Flower in the sun » sorti en octobre 2013 et « Ms. America / Sensitive Flower » en septembre dernier, il suffit d'écouter le titre 5000 hits pour se convaincre du potentiel Growlersien de ces garçons. Envoûtant.

And last but not least, Santoros. Potes des Psychomagic et de Los Craters, Tony Jimenez, Gio Jimenez, Diego Prieto, Marco Rocha, Adolfo Canales, Jossef Virgen et Carlos Precichi paraissent tout droit sortis d'une pub pour Old El Paso  qui vanterait les mérites de tacos psychés. 1 LP et 2 EP dont une cassette chez Lolipop Records, une attitude scénique à la Brooks Nielsen : il va falloir surveiller cette belle brochette de mexicains auteurs d'une belle folk psychédélique au synthé dominant dont les Speak With The Animals et She Doesn't Love Me Anymore peuvent égaler voire dépasser largement la majorité des titres de Chinese Mountain. Épatant.