Un an et un jour après la tragique disparition de David FREEL, nous avons rencontré les membres de SWELL à Lyon le 13 avril dernier, à l'occasion de leur tournée européenne en l'honneur de leur leader.
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Le noyau dur du groupe, qui n'avait pas joué ensemble depuis 1998 a pris la douloureuse décision de rendre un dernier hommage à leur ami. Malgré la douleur émotionnelle qu'impliquait le fait de jouer ces morceaux sur scène sans leur auteur, SWELL aura été aussi bon que les souvenirs que le groupe nous avait laissé. Il est même allé jusqu'à partager quelques anecdotes sur FREEL avec le public. John DETTMAN a chanté doucement tout en jouant de la guitare acoustique avec une réverence appropriée, Sean KIRKPATRICK nous a régalé avec son jeu de batterie caractéristique, pendant que Monte VALLIER tenait la baraque à la basse. Et, cerise sur le gâteau, Niko WENNER a fait des merveilles au clavier et à la guitare, notamment avec ses magnifiques parties de bottleneck. Personne n'a tenté de tirer la couverture à lui et le résultat a été cohésif et riche en émotions. Juste avant de manger, le groupe nous a très gentiment accordé son temps pour évoquer cette tournée, semblable à aucune autre.
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"C'est très compliqué de faire quoi que ce soit aux États-Unis"
Sean KIRKPATRICK : Tu connais bien SWELL ?
Oui, bien sûr. J'écoute votre musique depuis tellement longtemps. Je vous avais même vu à Rennes en 1998, c'était super parce que vous aviez fait un concert au Virgin Megastore avant le concert à l'Ubu. C'était génial de vous rencontrer et d'obtenir une double dose de SWELL.
Monte VALLIER : Je me rappelle de ce concert. Je me souviens qu'on avait joué beaucoup trop longtemps dans le magasin, on avait du faire une heure et demi, on avait dévoilé tout le concert...
C'était chouette de voir les deux, puisqu'ils avaient eu lieu dans des circonstances et un décor assez différents. C'était toujours un plaisir d'avoir du rab de SWELL. En parlant de ça, vous avez toujours été très populaires en France, plus qu'aux Etats-Unis par exemple. Comment vous l'expliquez ?
C'est très compliqué de faire quoi que ce soit aux États-Unis, le pays est trop grand et les différentes scènes sont trop hermétiques. On a commencé par tourner en Belgique, notre agent est belge et on a obtenu des contrats de distribution, les choses prenaient forme pour nous ici. C'était très dur d'arriver à ça aux États-Unis. On a donc profité de ça, on était distribué en France, on avait un label en Allemagne, un au Benelux, un autre au Royaume-Uni, ils faisaient tous de la promo chacun de leur côté. On vendait nos disques un peu partout et on a fait beaucoup de tournées. On avait pas mal d'articles élogieux dans les médias et on s'est retrouvé soutenu par John PEEL, des gens comme ça. Le Melody Maker nous a même décerné un single of the week. On se débrouillait aux États-Unis, on avait le soutien des college radios, la presse nous soutenait, mais tout est tellement espacé là-bas. Si tu n'as pas une grosse maison de disques derrière toi... Dans les années 90, c'était dur à trouver.
SK : C'est un peu le hasard qui a fait que ça a marché pour nous ici en premier. J'ai rencontré quelqu'un en Belgique et il est tombé amoureux de l'album, et il nous a bien mâché le travail. Comme on était bien occupé avec ça, on a commencé à chercher des dates, trouver un distributeur, etc. On n'avait plus assez d'énergie pour faire la même chose aux États-Unis. Je pense que Virgin a fait du très bon travail sur la promo, ils nous ont vraiment aidé à faire en sorte que 41 marche très bien.
MV : On avait Labels en France...
Ils n'existent plus...
C'est vrai, mais il y a des gens qui y travaillaient qui ont organisé le concert à Paris. Ça va être génial de les recroiser.
Tu viens d'en parler, SWELL recevait beaucoup de chroniques élogieuses, mais est-ce que ça se traduisait également en termes de ventes ?
Tout dépend de ce que tu entends par là. À un moment donné, on vendait pas mal d'albums, on a même atteint les charts dans quelques pays, on gardait le cap, ce qui n'est pas non plus le Pérou. On n'avait aucun hit, on était un groupe underground, plus ou moins culte. On vendait suffisamment d'albums pour que nos labels demeurent intéressés, mais pas assez pour qu'ils mettent toute leur énergie dans le groupe.
"SWELL ne ressemble à aucun autre groupe "
Vous sentiez-vous proches d'autres groupes de San Francisco qui ont commencé à peu près en même temps que vous ? Je pense aux RED HOUSE PAINTERS ou MAZZY STAR, par exemple.
SK : Je pense qu'on a toujours un peu été à part, ce qui est en grande partie dû au fait qu'on passait tellement de temps en Europe qu'on tournait rarement aux États-Unis, on jouait peu à San Francisco. C'était difficile pour nous de nouer des liens avec les groupes que tu as cités, même si je les aime bien. On a très peu joué ou même trainé avec eux.
MV : Ça m'est arrivé, j'ai fait des tournées avec Mark EITZEL [AMERICAN MUSIC CLUB], il y avait plein de très bons groupes, même s'ils n'étaient pas très connus à San Francisco ou en Europe. La scène locale était très cohésive, mais on ne trainait pas avec les RED HOUSE PAINTERS, parce qu'on n'appartenait à la même scène. Niko était là aussi avec OXBOW.
Dans un registre différent.
Niko WENNER : Oui, à l'époque je jouais avec OXBOW et je trainais pas mal avec un autre groupe, JELLYFISH, qui était un groupe de power-pop, à l'opposé de ce qu'un groupe de pop est censé être. Je me retrouvais entre deux extrêmes, avec SWELL au milieu. Quand tu parles de JELLYFISH, tu peux évoquer plein d'autres groupes, comme ce mec avec la grosse barbe, avec un autre type au clavier [GRANDADDY ?]. Je ne me souviens plus de leur nom, mais il y avait une scène plus pop. On couvrait l'intégralité du spectre à nous tous.
Comment t'es-tu retrouvé à jouer dans SWELL ?
Monte et moi étions amis depuis pas mal de temps, et je connaissais aussi Sean, on avait pas mal d'amis en commun, même si je ne le connaissais pas aussi bien que Monte. C'est sûrement dû à tout ce temps passé à boire des bières à l'appartement. Ils ont joué avec quelques guitaristes, et puis mon tour est venu !
MV : Il était très occupé.
NW : J'ai attendu mon heure.
Ça a été très différent pour toi de jouer dans SWELL par rapport à ce que tu faisais avec OXBOW ?
Hmm, oui et non. J'adore la pop et j'adore ce que fait SWELL. Cela correspondait assez peu à ce que je faisais, mais comme SWELL ne ressemble à aucun autre groupe, ça m'a beaucoup attiré. Au final, je trouve que toute cette intensité émotionnelle est exprimée différement, mais le concept et les intentions sont similaires qu'avec OXBOW. C'est quelque chose qui m'a beaucoup parlé.
Les concerts devaient être plus calmes avec SWELL, non ?
Je sors souvent cette blague qui dit qu'avec OXBOW, les drames se produisaient sur scène, alors qu'avec SWELL ça se passait en dehors. Après des mois et des mois de tournée, tu perds un peu la boule. On s'est bien amusé.
Cette tournée 2023 est assez particulière, puisque David n'est plus parmi nous. Comment vous sentez-vous en jouant ses chansons, sans lui ?
SK : Tout cela me semble un peu irréel. Je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour. Ça faisait dix ans que je relançais David en lui disant “Hey, essayons encore une fois, j'adorerais partir en tournée”. Il y réfléchissait et répondait “Non, ça ne vaut pas le coup, on n'a plus assez de fans. Je suis trop crevé”. En 2017, il me semble, on a fini par prévoir une tournée qui est tombée à l'eau à la dernière minute. Pour moi, c'était fini. C'est assez ironique, mais je pense que la mort de David est la seule chose qui pouvait permettre au groupe de se reformer. Aussi triste que ça soit, c'est super d'être de retour et de jouer les morceaux de SWELL pour les fans. Mais jouer avec David me manque beaucoup.
MV : C'est David qui écrivait les textes et qui était derrière le concept du groupe à nos débuts, mais les deuxième, troisième et quatrième albums étaient très collaboratifs. On se sent donc très connectés à ces chansons. C'est super de les jouer à nouveau, pour nous aussi, mais c'est aussi très pesant de les jouer sans David.
D'autant plus que votre concert d'hier marquait le premier anniversaire de sa disparition...
Ça a été un concert très difficile.
Il était différent des autres pour vous ?
On a eu du mal à finir certains morceaux, mais je suis sûr que ça sera aussi le cas ce soir. Pour tous les concerts en fait. Quand on va jouer à Paris et qu'on va voir tous nos amis, ça va être dur.
J'imagine qu'il y a plein d'images de lui qui vous reviennent quand vous jouez sur scène ?
Oh, oui, complètement !
SK : Absolument.
Si vous ne deviez retenir qu'un seul souvenir de David, ce serait lequel ?
Pour moi, ça serait celui de faire de la musique ensemble. On se complétait très bien. C'était vraiment fun, on se perdait dans notre musique pendant des heures dans le studio du 41, au-dessus des rues du quartier Tenderloin, à San Francisco. On avait une connection incroyable quand on a enregistré ces quatre disques. C'est ce qui me manque le plus... et ce sont mes meilleurs souvenirs. Mais il était aussi très drôle, il pouvait être un sacré farceur en tournée.
MV : Il était tellement drôle que ça en devenait ridicule. Ça me manque énormément, son humour très sec, pince-sans-rire. Il te regardait et te faisait exploser de rire en disant juste un mot. Il avait un sens inné du timing et de l'instant. John, tu as des souvenirs préférés avec David ?
John DETTMAN : Quand on allait au Charleston, on traînait ensemble et on jouait au billard.
SK : C'était un bar juste à côté du studio.
JD : J'ai passé beaucoup de temps avec lui et Cinthya, sa petite amie. J'ai donc eu l'occasion d'observer son côté tendre, parce qu'il passait beaucoup de temps avec nous deux.
"Rester aussi fidèles que possible aux disques et à l'esprit de David"
Ressens-tu une pression particulière à devoir chanter ses chansons ?
Oui et non. La pression est quelque chose de plutôt inutile.
Mais arrives-tu à l'éviter ?
Ouais... J'ai beaucoup aimé devoir apprendre ses parties de guitare, ça m'a fait m'y remettre. J'ai toujours adoré ses chansons. Ça fait trois décennies que je les écoute sans discontinuer.
Je ne suis pas allé voir les extraits de vos concerts précédents sur Youtube pour garder une part de surprise ce soir, mais est-ce que tu essayes d'être fidèle à ce que faisait David ou bien est-ce que tu te contentes de faire les choses à ta façon ?
Oui bien sûr, il y a certaines choses, comme sa façon de chanter certains mots avec un accent ou en appuyant leur prononciation, que tu vas forcément avoir envie de reproduire.
Comme vous l'avez précisé, vous n'avez pas joué ces morceaux depuis très longtemps, ça n'a pas été trop dur de vous en souvenir ?
MV : Au départ, on n'a pas joué ensemble, on s'est entrainé chacun de notre côté et on a réappris les morceaux. Une fois qu'on s'est retrouvé, après quelques répétitions, ça a commencé à revenir. C'est juste une question de mémoire musculaire. On était là, “Oh, waow !”. Niko et moi avons joué ces chansons plus de trois cent fois. Mais on oublie toujours certains détails, c'est aussi parce qu'on est vieux.
Est-ce que certains morceaux sonneront différement par rapport à la dernière fois où vous les avez joués sur scène ?
Probablement un peu, oui. Mais on essaye de rester aussi fidèles que possible aux disques et à l'esprit de David. On ne voulait pas revenir et tout boulverser, présenter des choses différentes, genre “Voilà la nouvelle version !”. On a voulu rester sincères et respectueux, tu vois ?
JD : Je pense que c'est aussi lié au fait que j'ai dû apprendre à jouer ces morceaux en écoutant les disques. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour, on a eu un temps limité en répétition. J'ai donc dû écouter les disques et malgré les avoir écouté tant de fois au fil des ans, quand il a fallu que j'apprenne les différentes parties de guitare, j'ai entendu des choses que je n'avais jamais entendues avant. Même hier, j'ai entendu des choses dans un morceau qui m'ont semblé inédites. Je me suis demandé combien de temps ça allait encore durer, mais c'est très motivant, il se passe plein de choses au niveau des guitares, j'ai vraiment dû faire du mieux que je pouvais pour bien les apprendre. J'espère que le public l'appréciera et je pense qu'ils aiment que les chansons sonnent aussi proches des versions studio. Personnellement, c'est ce que j'aime quand je vais voir un groupe sur scène.
NW : Ça a été un super exercice pour moi que de faire remonter ces souvenirs, et de me rappeler comment jouer ces chansons. C'est sur scène qu'on a les sensations les plus fortes, ça fait vraiment du bien. Les répétitions sont ce qu'elles sont, mais quand on se retrouve sur scène avec des retours, cette sensation revient et ça devient assez simple d'une certaine façon. Je considère cette tournée comme un cadeau pour nous, qui avons survécu. C'est notre job, nous ne sommes plus des jeunes hommes, forts et virils, mais c'est comme ça que ça se passe, tu vois ? Plus tu vis, plus tu accumules de l'expérience. C'est merveilleux de se retrouver à nouveau entre amis et jouer ces morceaux. C'est dommage qu'on ne l'ait pas fait plus tôt, mais nous voilà !
Vous ne jouez que vos quatre premiers albums et, si 41 est probablement celui que j'aime le plus, il me semble que votre musique a nettement changé sur le disque suivant, Too many days without thinking. Ça n'était évidemment pas le disque d'un groupe complètement différent, mais il y a pas mal de nouveaux éléments.
SK : Oui, c'était tout à fait intentionnel, parce qu'on était habituellement tout le temps à San Francisco, dans le Tenderloin, au Studio 41.
MV : Les trois premiers albums constituaient une sorte de trilogie, on a voulu s'éloigner de ça après.
SK : Même au niveau de l'artwork, si tu regardes les trois disques, il y a les mêmes pochettes, ce même aspect un peu pensif. Le quatrième album a été un peu compliqué pour moi parce qu'on avait pas mal bougé, on l'a enregistré dans trois studios différents à Los Angeles. Quitter San Francisco a été un vrai challenge au départ, on n'a pas pu ramener l'ambiance de la ville avec nous. Ça a aussi été le début de la fin entre David et moi. Il me semble que ce disque a dû être refait trois ou quatre fois. La première version était géniale, mais le disque n'arrêtait pas de changer ensuite. David et moi nous battions constamment à ce sujet. Donc, oui, on joue les trois premiers et ce disque parce que nous avons évidemment plus d'attaches émotionnelles avec ces disques qu'avec ceux qui sont sortis par la suite.
Je ne sais pas si vous serez d'accord, mais le morceau de cloture sur ce disque, Sunshine everyday, doit être votre morceau le plus populaire...
MV : Je ne sais pas, tu trouves ?
C'est celui qu'on retrouvait toujours sur les samplers des magazines à l'époque, et c'est aussi le morceau qui avait été le plus accalmé par le public quand je vous avais vus sur scène.
C'est marrant, parce qu'il y a toujours un morceau comme ça. Pour notre deuxième album, c'était At long last, et pour le troisième c'était Forget about Jesus, Song 7 ou bien... Kinda stoned... Il y a toujours un morceau où les gens vont se dire “C'est LA chanson de cet album que je veux entendre !”. Mais je ne sais pas, j'ai l'impression que tous nos morceaux sont assez solides et qu'ils sont tous liés les uns aux autres dans la façon dont se déroule le set, de façon à ce qu'on glisse sur le temps et qu'on soit assez à l'aise, que ça sonne classique et swellien, aussi swellien que possible.
Comme une vague ?
Ouais !
"Je m'occupe juste de mes gosses et prépare les repas du soir"
Avez-vous un morceau préféré dans la discographie de SWELL ?
MV : Ça change tout le temps.SK : A jouer live ? Y en a un que vous préférez les gars ?
NW : J'aime bien ceux qui font pleurer, What I always wanted, mais aussi Down. Je ne sais pas pourquoi, mais Down est également un morceau très émotionnel pour moi.
Il a aussi une superbe partie de guitare.
Ouais, il est très fun à jouer !
On va à nouveau parler de la France. Vous connaissez des groupes locaux ?
Oui. [Niko a même collaboré à deux reprises avec L'EFFONDRAS]
SK : Je n'en connais pas. Mais j'en ai entendu pendant cette tournée. On répétait pendant trois jours à Vendôme. On nous faisait écouter des disques et je demandais à chaque fois qui c'était. C'était tous des groupes français.
Je vous posais la question, parce qu'il y a ce chanteur que vous ne connaissez peut-être pas, qui s'appelle RED et a sorti la chanson Life's great, qui est un hommage à David FREEL. Il en a aussi une plus récente où il explique que David était son héros, plutôt que David BOWIE.
MV : On ne le connaît pas, mais c'est génial !
Il y a aussi un groupe originaire de Valence, là où je vis, à une heure de route d'ici, qui reprend très souvent Forget about Jesus.
C'est vrai ? Quel groupe ?
Il s'agit de DEAD HORSE ONE.
Oh je les connais ! Ils sont entrés en contact avec moi, ils me l'ont envoyé et m'ont demandé si j'étais ok avec ça, si ça ne me gênait pas. Je leur ai répondu que c'était génial, c'est une excellente version, meilleure que la nôtre.
Vraiment ?
Oui !
SK : Il y a notre album 41, qui a été repris par plein de groupes français, non ?
MV : C'est très chouette à écouter.
SK : C'est tellement cool ! À vrai dire, on a fait une interview l'autre jour avec un des types qui a participé au disque, on lui a dit “Hé, quiconque a joué sur ce disque peut venir voir nos concerts gratuitement”, il sera donc là ce soir.
JD : C'est l'album sur Bandcamp ?
SK : Ouais. C'est bizarre parce que je suis tellement occupé avec ma vie que je ne fais pas trop attention à ces choses, mais il y a des gens qui m'ont contacté par SMS ou par email et qui me disent “Vous vous rendez compte que vous êtes un groupe culte ?”. Ça ne m'évoque rien. Je n'arrive pas à voir ce que ça signifie.
Tu continues juste de vivre ta vie ?
Oui, je m'occupe juste de mes gosses, et je prépare les repas du soir.
"On a toujours aimé le public français"
Au vu des prix indécents proposés sur Discogs, pourquoi ne pas rééditer votre discographie ?
MV : Les droits ne nous appartiennent pas. Il faudrait qu'on voit ça avec Warner, Virgin et Beggars' Banquet. Oui bien qu'on les sorte en bootlegs.
SK : Ne dis pas ça sur l'enregistrement !
MV : Chut... Tu effaceras ce passage hein ? Mais on a aussi une archive, et je parcours tous nos masters, j'ai des centaines de DATs et de bandes analogiques qui remontent jusqu'à 1986, période où on a arrêté d'utiliser des bandes. Il y a plein de choses qui n'ont jamais été terminées, plein de choses qu'on n'a jamais mixées. Il y a quatre-cinq morceaux sur lesquels David, Sean et moi travaillions en 2015 qu'on essaye de finir, peut-être pour en faire un nouvel EP. Je cherche encore les parties vocales de David dans ces archives et sur mes disques durs. L'idée est de trouver des chansons inédites et essayer de les finir avec la voix de David dessus, puis de les sortir. Ou alors, on pourrait aussi récupérer les droits de nos albums et sortir un coffret, la collection ultime... on pourrait ajouter des enregistrements live, mettre tout ça dans un joli packaging avec un noeud autour et dire “Ça y est, il n'y aura plus de sorties après ça”.
Quelle bonne idée ! J'espère que vous y arriverez. Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez ajouter ?
On apprécie beaucoup de jouer en France, on a toujours aimé le public français. On a toujours aimé la profondeur que les journalistes ici trouvent dans notre musique et dans les questions qu'ils nous posent. Ça a toujours été un plaisir de passer par chez vous.
As-tu prévu d'improviser de nouveaux morceaux en français ?
Oui ! [en français dans le texte]
Je me souviens quand je regardais votre concert à La Route du Rock in 1997, sur une vieille cassette vidéo...
Oh, merde !
Je l'ai tellement regardé que j'ai dû complètement épuiser la bande. À un moment, tu avais improvisé un morceau en français où tu disais que même si la France est plus petite que le Texas, elle a une plus grande place dans votre cœur.
Ouais, c'était plutôt cul-cul.
Ça avait plutôt bien fonctionné vu la réaction du public.
Ouais, je ne sais pas. Le français est assez dur pour nous, mais on y travaille. Je travaille beaucoup [en français dans le texte].
Pas mal !
SK : Je pense parler au nom de tout le monde quand je dis que c'est un véritable honneur que de pouvoir tourner à nouveau. C'est très étrange pour nous. Ça n'a pas vraiment de sens. Je pense qu'on est assez fatigué par tout cette route et le jetlag, donc on ne s'en rend pas encore bien compte. Pour moi, c'est comme si on était dans un rêve. Mais une fois que je serai rentré à la maison je me dirais probablement “Mon dieu ! C'était vraiment incroyable !”.MV : C'est magnifique de jouer nos morceaux et de voir tous ces gens qui sont venus nous voir à grâce à eux. Ce n'est pas comme si un type dans la rue se disait “Tiens, j'irais bien dans ce club ce soir... Mais qui est ce groupe ?”. Tout le monde connaît les chansons et y ont une attache émotionnelle. Ça n'était pas le cas avant. Évidemment, il y a un côté très triste parce que c'est un peu comme un service funéraire tous les soirs, mais c'est aussi difficile que cool. Ça nous fait du bien, même si c'est pesant.
JD : J'aimerais remercier Monte et Sean de m'avoir fait confiance pour ce projet et avoir pensé que j'étais le choix naturel pour remplacer David. J'ai passé un nombre incalculable d'heures pour me préparer et je suis très reconnaissant que ça ait fonctionné. C'est très difficile d'être ici à sa place et de chanter ses chansons.
SK : Quand l'idée de faire cette tournée nous est venue, on ne savait pas trop quoi en faire, ni qui chanterait. On en a parlé avec Monte et on a fini par se dire “Merde, il faut que ça soit John !”. Tu sais, il a appris à jouer de la guitare avec David et ils vivaient ensemble. Je connais John depuis que j'ai 19 ans et je savais qu'il pourrait faire le job. Je connais son implication dans le travail, quand il a envie de faire quelque chose, il se donne à fond. Et il a bien assuré en apprenant toutes ces chansons...
MV : Il a fait du très bon boulot !
SK : Il a vraiment tout donné et a été très attentif aux moindres détails.
Tout ce travail a fini par payer alors ?
JD : Oui... J'ai dû apprendre à jouer de la guitare et chanter en même temps, mais j'ai réussi. Je n'avais jamais fait ça avant. J'ai déjà enregistré en studio, fait du multi-tracking et compagnie, mais jamais ça. Ça faisait trente ans que je n'étais pas monté sur scène.
C'est très courageux !
Mais je suis avec les vétérans donc tout va bien ! J'aime bien mon rôle de petit nouveau.
Merci beaucoup pour votre disponibilité les gars !
Après le concert, John DETTMAN a insisté pour que j'ajoute à quel point il s'est senti honoré qu'on lui demande de remplacer son ami. Il s'en est remarquablement bien tiré. Même si il a réussi à ajouter une touche personnelle aux chansons de David FREEL, on pouvait quand même entendre dans sa voix le fantôme de David.
Entretien réalisé par Eric F.
(09 juin 2023)XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
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Pour aller plus loin
pSychoSpecificMusic : Bandcamp
SWELL : Everyday Sunshine à Lyon
France loves SWELL and vice versa
SWELL loves you all
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Dans nos archives radiophoniques :
Rock à la Casbah #773 (04/05/2023)
Dans nos archives écrites :
The ghost of David,
cette interview en version anglaise (05/05/23)
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Photographies : Estelle & Eric F.
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