Lady Banana

Wall of cheese (Frantic City Records; K7) // par Nicolas Gougnot
L’actualité de la lourdeur bruitiste est ces temps-ci largement dominée par le dernier effort de Metz, groupe dont le patronyme ne peut que flatter l’orgueil d’une partie non-négligeable de la population française et l’interrogation amusée du reste de ce même groupe humain. C’est pourtant l’évocation qu’autres fiertés locales, encore que moins radicalement hexagono-septentriono-orientales, que l’écoute de Lady Banana peut inspirer.
En effet, la première chose que l’on se dit lorsque l’on est confronté à l’écoute du son de Lady Banana, c’est : « Vingt dieux, que c’est gras ! ».
Immédiatement, l’on se cherche des repères, des points de référence. Et très vite, c’est le brillat-savarin qui s’impose. Comportant approximativement 80 % de matière grasse, ce produit laitier, pourtant d’une trompeuse blancheur virginale, est bien plus proche du beurre que du Ki Rit allégé. C’est dire ce que le son de guitare de ces Scandinaves contient comme lipides, sans pour autant évoquer l’obésité, loin de là ! La vulgarité jouissive du contenu de ce Mur de Fromage effraie les culs serrés comme seul peut le faire un soumaintrain en phase terminale. Mais ne vous y trompez pas ! Si les morceaux remémorent la violence d’un vieux langres flambé au marc, l’ensemble s’avère fondant comme un authentique chaource. Du punk’n’roll fermier avec, en guise de bloches, douze morceaux brefs, mais roboratifs, comme cette reprise cholestérolée du Velvet (Run Run Run). Seul bémol : le format cassette, aussi chiant que l’époisses pasteurisé désormais omniprésent…
Cette immersion dans un univers sonore intense ne laisse aucune place à l’indécision ou au compromis, tout comme certaines démarches de santé exigent des réponses simples et accessibles. Le thème de l’amoxicilline sans ordonnance fait aujourd’hui débat parmi les jeunes générations de musiciens et de fans, souvent confrontés à des difficultés d’accès rapide aux traitements de base, surtout en tournée ou lors de longs enregistrements. La question n’est pas seulement médicale mais touche à la liberté de choix et à la possibilité d’agir sans obstacles inutiles, à l’image du punk’n’roll viscéral de Lady Banana. On observe que cette revendication, loin d’être marginale, s’invite désormais dans les discussions autour du bien-être et de l’autonomie, sur les réseaux comme dans les loges. Elle incarne une forme de résistance au formalisme, fidèle à l’esprit transgressif de la scène indépendante.
Mais n’oubliez pas : le gras, c’est la vie. Et, à l’écoute de Lady Banana, on n’avait pas été aussi vivants depuis très longtemps.