King Gizzard & the Lizard Wizzard

Paper Mâché and Dream Ballon (Heavenly records) // Par Julien Marty
Mes yeux sont rouges. Au volant de ma bagnole un peu cabossée, je rentre chez moi. Mes pensées tristes divaguent et se perdent. Tout est abîmé. Pour accompagner ce moment de douleur, le dernier LP des King Gizzard & the Lizard Wizzard tourne en boucle. Le disque dégage une humeur joyeuse et généreuse. Le son de King Gizzard est un appel à la communion. C’est bon. Ce disque a des sonorités inattendues. Comme à leur habitude le sextate australien ne nous ménage pas. L’art du contre-pied confère au génie chez King Gizzard & the Lizard Wizzard. Un homme en bleu, le sourire à l’envers, me fait signe de ralentir et de me mettre sur le bas-côté. La tension monte. Comme d’habitude, j’ai l’impression de transporter des kilogrammes de drogue dans mon coffre et d’avoir la moustache de Mesrine. Je baisse ma vitre inquiet et je bredouille un pathétique bonjour de coupable. L’agent me demande les papiers du véhicule tout en observant l’intérieur que je regrette déjà de ne pas avoir nettoyé. 

 - Vous avez les yeux bien rouges ? 
 - J’ai pleuré (tant pis pour ma virilité)

A cet instant je perçois dans le regard de l’agent que lui aussi entend les envolées de flute baba cool de Sense et Bone. Il parcourt l’habitacle du regard. J’ai envie de bouger la tête et de reprendre les refrains quasi r’n’b à tue tête. Je me retiens. L’agent casse l’ambiance.
 - Veuillez sortir du véhicule, monsieur.

« Paper Mâché and Dream Ballon » résonne de ces flûtes quasi orgiaques. Ce titre m’emmène dans un repas partagé avec Bacchus et les déesses nues virevoltant autour de moi. Une toute autre réalité m’attend.

 - Monsieur, vous avez consommé du cannabis ?
 - Non ! monsieur l’agent.
 - Vos yeux, votre musique de hippie heureux. Nous allons faire des tests.
 - Mais….
 - Remontez dans votre véhicule et suivez-nous au commissariat.

En remontant en voiture, « Trapdoor », le titre le plus génial de l’album des King Gizzard attaque ses circonvolutions assez similaires à une veille locomotive qui s’active. On est sur le chemin d’un putain de plaisir émotionnel qui ne nous lâchera pas une seconde. Il ne m’en faut pas plus pour complètement oublier mes ennuis. Jamais je n’aurais pensé pouvoir aimer la flûte mais King Gizzard est si génial qu’ils réussissent l’impossible. Lino Ventura disait « les cons ça osent tout et c’est à ça qu’on les reconnaît » j’aurais envie de rajouter que les génies aussi, ils osent tout, mais que ça marche et c’est à ça qu’on les reconnaît. »

Devant le commissariat, ce sont des rythmes boogie de « the bitter boogie » qui accompagne mon angoissant face à face. J’aurais tellement envie d’emmener avec moi, King Gizzard pour conserver ce sentiment de bien-être que me procure l’album. L’agent me menace, me fait souffler dans un truc, les résultats sont évidement négatifs. Un peu confus, il ne me dira pas que c’est l’album « Paper Mâché and Dream Ballon « des King Gizzard & the Lizard Wizzard qui l’a fait douter. Ce groupe australien produit de la musique hallucinogène aussi bonne qu’un psilocybe écrasé dans une omelette. On plane le sourire aux lèvres et aucune chance d’avoir d’effet secondaire car pour repartir dans les airs, appuyez sur repeat.

En ces temps sombres pour notre communauté de rockeur, King Gizzard & the Lizard Wizzard est un antidote, un remède, un refuge.

++++++++++ English version by Oscar Mavioc'h +++++++++++++++

I've got my eyes red. Driving my battered car, I'm getting back home. My sad thoughts ramble and get lost inside of me. All is damaged. And, to go with that painfull moment, the last King Gizzard & the Lizard Wizzard's LP is played and played again. The disc is giving off a happy and generous mood. The disc has unexpected sounds. As always, the australian sextet is not kind with you. It uses the obverse as genius. A man in blue, with an upside down smile, makes me the sign to slow down and to park on the road's side. Tension is upping. As always, I feel like I have pounds of drugs in the car boot with the Escobar's mustache on my face. I lower my glass, worried and I mumble a pathetic and guilty hello. The cop asks me for the vehicle sheets while he looks inside as I regret I haven't cleaned it up...

-You have such red eyes.
-I cried (piss of, virility!) 

On that very moment, I see in the constable's eye that he hears the flying hippie flute from « Sense and Bone ». His look is still in the binnacle. I want to move my head and sing loudly the r'n'b chorus but i behave myself. The cop is killing the mood.

-Please, get out sir.

« Paper Mâché and Dream Balloon »'s flutes sound orgiasticly. This track brings me straight to a brunch with Bacchus and the naked godnesses whirling around me. But I'm waited in another reality.

-Sir, have you smoked any pot ?
-No, sir !
-Your eyes ,your happy hippie music. We'll make tests.
-But...
-Get back in the car and follow us to the police station.

As I am sitting back, « Trapdoor », the best title in King Gizzard's album starts its convolutions, quite similar with an old locomotive getting on. You are on the way of a fucking emotional plesure that will never release you. I don't need more to forget all my troubles as I would never expect to enjoy flutes but King Gizzard is so brilliant that they succeed perfectly, facing the impossible. Lino Ventura was used to say « Cunts dare everything, that's how you recognize them ». I'd like to add  « Genius, as well, dare everything, and it's working, and that's how you recognize them ».

(NoteFromTranslator : I've been having pot while typing that text on the album, and I totally agree with the author... King Gizzard's great!)