JOHNNY MAFIA [INTERVIEW]

INTERVIEW - (Clamecy - 15 mars 2019) // par Nicolas Gougnot

Clamecy, Nièvre. Un nouveau festival qui préfère pour l’instant conserver l’anonymat. Une coproduction associant l’ACL, pluridécennale association culturelle locale et Dans Ton Chap, prestataire technique en matière de chapiteaux, de son et de lumières. Un beau chapiteau pour un événement organisé sur deux jours. Un petit miracle en ces tréfonds bourguignons. Le décor est planté. Grâces soient rendues à ces efficaces bénévoles, courageux promoteurs de la cause rock’n’roll.

L’occasion était belle de rencontrer les Johnny Mafia, qui se sont prêtés au jeu de l’interview Portobello Bones, du nom du groupe tourangeau punk-noise ayant officié dans les années 90 et dont la particularité était de ne pas écrire les textes de leurs chansons, mais de les piocher à droite et à gauche. Les jeunes Sénonais, sagement rangés dans un antique autocar tenant lieu de loges, se sont ainsi vus demander de répondre à des questions posées par d’autres que moi à d’autres qu’eux. Pour ce moment d’intimité entre Icaunais (pour les Pas-de-chez-nous, Icaunais est le gentilé de l’Yonne), il a semblé évident de puiser dans les pages du quotidien local, L’Yonne Républicaine. Une entrevue détendue, avant un concert impressionnant de maîtrise, bastonnade sonique implacable assénée en totale décontraction.

Que retenez-vous de ces cinq dernières années ? (F. Morales à MJ Delambly, procureure de la République au parquet de Sens, YR 12/12/2018)
William (basse) : Johnny Mafia au Printemps de Bourges.
Théo (guitare-chant): Le lycée de Sens, il y a cinq ans.
William : On a changé deux fois de batteur et on a trouvé la perle rare.
Enzo (batterie) : J’ai rien à dire.
Fabio (guitare) : C’est la meilleure réponse que t’as jamais donnée en interview.
Théo : On a rencontré Blue Orchid [duo garage-punk  local ouvrant le festival, à la prestation convaincante, pour ne pas dire enthousiasmante].
Fabio : On a sorti deux albums [Michel Michel Michel, en 2016, autoproduit, puis Princes de l’Amour en 2018, chez Dirty Water Records]. Et on a eu la chance d’aller faire une petite tournée au Canada.
Théo : Ouais. Avant, on était un groupe de village. Maintenant on est un groupe de ville. On est un groupe semi-pro départemental.

Les veillées au coin du feu ont-elles été propices aux confidences ? (P. Cabanes à Marine Lorphelin, Miss France 2013, YR 14/12/2018)
Théo : Depuis qu’il y a Enzo, les fins de concerts un peu arrosées sont propices à pas mal de petites confidences, de petites histoires (éclat de rires général)
[Les Johnny Mafia à cordes sont vraiment durs avec leur camarade à baguettes]

Avez-vous ce besoin d’être admirée ? (C. Fontana à Hélène de Fougerolles, comédienne, YR 6/12/2018)
William : Ça fait toujours plaisir.
Fabio : Ça encourage. Pas admirés, mais aimés. Je ne pense pas qu’on nous admire.
Théo : J’en ai eu énormément besoin, parce que je n’ai pas confiance en moi.

Comment vivez-vous votre nouvelle notoriété ? (JM Barenghi à Mélanie Robert, comédienne, YR 26/02/2019)
Boarf…
Baaaaah….
On est pétés de thunes, on s’achète des pompes à 14 € chez Leclerc rien que pour le concert de ce soir. [le chapiteau est implanté sur une parcelle originellement enherbée, que les aléas climatiques ont woodstockisée, au grand dam des organisateurs et des amateurs de chaussures impeccables]
On signe de petits autographes. Les gens ont besoin d’une valeur ajoutée quand ils achètent nos produits.

Craignez-vous de devoir mettre un terme à votre carrière pro ? (J. Ben Bouali à Jérémy Cabot, cycliste, YR 11/12/2018)
Théo : Moi je suis pas pro.
Les trois autres, en chœur : Moi non plus
William : Mais si un jour, on obtient ce statut de professionnels de la musique, on s’accrochera pour le garder.
Théo : Et une mauvaise blessure peut toujours arriver.
William : On est bien entourés. Avec Fred [leur manager, Exaequo Production, http://exaequo-production.com/ ], ça nous fait moins peur. On passe intermittents en juillet.
Enzo : Théo bosse au Garage, le studio municipal de Sens.
Fabio : J’ai été intermittent un an, et puis je suis retourné chez mes parents.
William : Je fais des petits boulots. Ce qui m’a valu une fois de venir répéter en costume trois pièces, je sortais d’un entretien d’embauche pour être agent d’accueil à Paris.

La dimension militante vous importe-t-elle ? (C. Fontana à Clémentine Célarié, comédienne, YR 2/2/2018)
Théo : Elle a dû répondre oui.
William : Pas du tout.
Enzo : Ouais, les gilets jaunes, les taxis tout ça.
Théo : Tu racontes vraiment de la merde !
Fabio : On est des romantiques.
Théo : On est les militants de l’amour.
Les autres, en chœur, sauf Enzo, qui boude : ouais, c’est ça la réponse !

Quid du regard du père ? (I. Mermin à Ionut Teianu, réalisateur TV, 3/12/2018)
[Huit yeux, vitreux d’incompréhension, me regardent fixement…
Après reformulation : ]
Enzo : Aaaaaaaaaah…
William,assez fayot : Ils sont contents, ils sont fiers de nous. C’est des gens bien.
Fabio : Ils nous poussent…
Théo : … hors de chez eux !
William : C’est des bobos de gauche, la culture, tout ça…
Théo : J’ai eu le droit d’arrêter mes études le jour où on a eu un article dans Télérama. Du coup, on attend impatiemment l’interview de France-Inter et le documentaire sur Arte !

Êtes-vous optimiste ? (question posée à Axel Maurin, pilote de course moto sénonais, 19/12/2018)
Ah ouais, Axel Maurin, c’est çui qui fait des roues arrières à la ZUP de Sens !
Toujours.
Il faut.
William : je ne suis ni optimiste, ni pessimiste, je suis tragique.

Que voudriez-vous que les Icaunais retiennent à la fin de votre mandat ? (C. Lambertini à Patrick Gendraud, président LR du Conseil Départemental, YR 14/12/2018)
William : Nous, c’est mandat à vie !
Fabio : Que Sens, c’est quand même mieux qu’Auxerre. Sens, c’est la capitale du monde.
Enzo : Et que Joigny, c’est entre les deux.
Théo : Joigny, on n’en parle pas.
Fabio : Qu’on retienne que si un groupe a marqué les années 10… Nan, c’est de la merde…

Aujourd’hui, estimez-vous cette mission réussie ? (C. Carton à Hervé Aubergé, directeur de l’Ecole de Gestion et de Commerce de Sens, YR 14/12/2018)
Fabio : On dit juste oui.
[Enzo souffre à nouveau des remarques de ses camarades.]
Théo : Objectifs atteints, compétences validées.

Qu’aimeriez-vous jouer après ? (J. Bourdin à Bruno Wolkowitch, comédien, YR 21/02/2019)
Théo : Je regardais PJ tous les vendredis avec PJ.
William : on a découvert Premiers baisers en Suisse le soir du premier concert d’Enzo. [Le bilan collectif concernant les qualités intrinsèques de cette production audiovisuelle est absolument sans appel].
Enzo : Du clavier et de la basse.
Fabio : J’aimerais bien apprendre le clavier.
William, singeant Fabio : J’aimerais bien apprendre le métal symphonique.
Théo : Je ferai de la pop.
William : Moi, j’aime rien d’autre.
Théo : De la musique, c’est toute notre vie, tout simplement.
Théo & William : On fait un autre groupe, on joue de la variété, ça s’appelle Johnny Variété, mais c’est pas facile à trouver sur Youtube. [Je confirme, j’ai laissé tomber, saloperie de Johnny Halliday]
Fabio : Et on a fait Johnny Nashville, aussi, on a fait un concert de country.
 

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Johnny Mafia - Big Brawl (clip), by Laetitia

Concerts à venir :
Jeudi 28 mars : Lyon (69) - Le Farmer + Psychotic Monks
Vendredi 29 mars : Mouscron (BE) - La Faune
Samedi 30 mars : Sequedin (59) - Pôle Culturel + Reverend Beat-Man
Vendredi 5 avril : Niort (79) - L’Alternateur
Samedi 6 avril : Châteaubriant (44) - Festival la Rue Râle
Mardi 9 avril : Chef-Boutonne (79) - Festival Musiqolycée
Vendredi 12 avril : Guyancourt (78) - La Batterie + Pogo Car Crash Control
Samedi 13 avril : Cognac (16) - Les Abattoirs
Samedi 20 avril : Chalon sur Saône (71) - LaPéniche
Samedi 27 avril : St-Jory-Las-Bloux (24) - Festival Grobar
Vendredi 24 mai : Bretigny sur Orge (91) - Le Rack’Am
Mercredi 29 mai : Strasbourg (67) - Espace Django
Samedi 8 juin : Dijon (21) - VYV les Solidarités
Samedi 29 juin : St Gilles du Mène (22) - Festival M’ne Le Barouf
Vendredi 11 octobre : Paris (75) - Le Trabendo