Par Laetitia Lacourt
Psychotic Reaction // Jaromil Sabor - Sorry Sorrow Swims - Chiens de Faïence | L'International | 10 février 2016
Alors !!! C’était comment Jaromil Sabor ?
C’est comme tomber amoureux au fil d’une relation épistolaire et décider de se rencontrer pour de vrai. Y’a un truc qui te taraude : le risque d’être déçu. Mais tu y vas quand même.
Ecouter un disque pendant des mois, en connaître le track listing par cœur, le moindre petit instrument, chérir inlassablement les breaks et les refrains fétiches créent des automatismes, un équilibre stable, une accoutumance que le concert va obligatoirement bouleverser. Gestuelle, attitude, fatigue, son, scène, public, taille de la salle, ambiance, début ou fin de tournée, jour de la semaine, météo, humeur : chaque ingrédient rentrera en ligne de compte et fera, selon ces critères, la mixture malheureuse du concert moyen ou l’alchimie d’un bon live.
Ce mercredi soir à l’International, on a eu la formule alchimie.
C’est Chiens de Faïence qui ouvre le bal. Du chien, le groupe n’en manque pas mais on regrette leur prestation un peu timide : ils mériteraient clairement d’aboyer davantage dans le micro. Une bière et une clope plus tard, on file voir les autres copains de Jaromil Sabor, les Sorry Sorrow Swims, un duo de Caenais. Des bouilles sympas – (et puis j’aime bien, spontanément, les types avec des bonnets même si il fait 42°c dans la salle) et surtout une putain de bonne pop, un grain de voix fêlé (celui d’Inaniel Swims) et l’art de vous embarquer dans des mélodies branchées sur des électrocardiogrammes irréguliers, reflets de l’activité électrique peu commune de ces deux mecs là. Le coup de foudre.
C’est au tour de Jaromil Sabor. A la scène comme à la ville, la tenue reste la même : chemise lambda, fut’ beige, vans pourries. Comme pour ses albums, il est plutôt bien entouré et la petite scène de l’Inter se remplit vite avec Antoine Sapparrart (Prêcheur Loup) à la guitare, Bart De Vraantijk (Skeptics, Double Cheese et boss de Frantic City) à la basse, Stéphane Jach (Jach Ernest) au clavier et Stéphane Gillet à la batterie.
Le set démarre avec Nuclear Flower (un titre exclusif qui était sur notre première compil Casbah Records, la Ramdam été 2015), et enchaîne avec deux morceaux du dernier album (Until the End of the World et Knocked-Out Circus). Jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici tout va bien…
Mais le show prend une saveur et une texture différente, un peu comme quand la crème commence à monter en Chantilly, avec Double Couple. Je ne reconnais pas le morceau et le principal intéressé m’apprendra que c’est à la base un titre acoustique de "Marmelade Sculpture" (premier album), qu’il re-sauce actuellement et qui devrait sortir dans une version 45t un peu plus musclée. Grand bien lui fasse à ce titre. C’est une bombe. L’enchaînement sur les 3 titres suivants est diablement efficace, et pour cause, une petite reprise de Buddy Holly (Oh Boy), puis deux titres de La Santa Roja : Blourk et They told me Kafka slept here. Et la combinaison de ces 4 titres, en live, est une vraie réussite car elle puise davantage dans le garage fifties, un genre dans lequel Jaromil Sabor excelle.
Du coup, ça danse dans les premiers rangs. Du coup, je me retrouve avec mes relous préférés en concert : en général celui qui saute-saute-saute (le type monté sur ressort), la groupie qui te balance ses grands cheveux blonds dans la gueule, le géant ou la girafe (qui sont grands mais qui sont myopes, donc au premier rang) – Ce soir, ça ne loupe pas, j’ai le droit au couple ultra love. Qui danse langoureusement ou énergétiquement mais sans jamais se décoller et en te donnant régulièrement des coups de culs au passage tout en célébrant leur amour naissant devant Jaromil Sabor.
Je suis, en réalité, assez surprise de l’aisance de Jaromil sur scène, exercice qui lui semble assez naturel, ultra souriant, les yeux rieurs et complices avec ses acolytes. La suite du set se poursuit sur une bonne lancée, plus garage que pop dans l’ensemble avec une alternance de titres balancés pied au plancher (Aedion et Seagrave Station) et de ballades (Midnight Cat et la balade Story of Lisa). On sent la fin du set arriver avec What I'm Saying.
Et là, Bim. La faille. Voici Becky was a carrion siren part II charcutée et amputée de sa partie I. Délestée de son intro pop et religieuse, le titre le plus génial du troisième album est coupé en deux, tombe comme un cheveu sur la soupe et perd toute sa force. Ce sera le seul regret, minime, avouons-le.
En guise de rappel, Jaromil fait revenir sur scène Chiens de Faïence pour rejouer Until the End of the World (la version originale leur appartient), puis Sorry Sorrow Swims pour une version bien débraillée d’Aedion, et qui ressemble, du coup, de plus en plus à Steppin’ stone des Monkees. Tout le monde gueule dans les micros, y’a plus un pet de place sur scène : c’est à l’image de Jaromil Sabor, multiple et généreux.
Alors !!! C’était comment Jaromil Sabor ?
C’est comme tomber amoureux au fil d’une relation épistolaire et décider de se rencontrer pour de vrai. Y’a un truc qui te taraude : le risque d’être déçu. Mais tu y vas quand même.
Ecouter un disque pendant des mois, en connaître le track listing par cœur, le moindre petit instrument, chérir inlassablement les breaks et les refrains fétiches créent des automatismes, un équilibre stable, une accoutumance que le concert va obligatoirement bouleverser. Gestuelle, attitude, fatigue, son, scène, public, taille de la salle, ambiance, début ou fin de tournée, jour de la semaine, météo, humeur : chaque ingrédient rentrera en ligne de compte et fera, selon ces critères, la mixture malheureuse du concert moyen ou l’alchimie d’un bon live.
Ce mercredi soir à l’International, on a eu la formule alchimie.
C’est Chiens de Faïence qui ouvre le bal. Du chien, le groupe n’en manque pas mais on regrette leur prestation un peu timide : ils mériteraient clairement d’aboyer davantage dans le micro. Une bière et une clope plus tard, on file voir les autres copains de Jaromil Sabor, les Sorry Sorrow Swims, un duo de Caenais. Des bouilles sympas – (et puis j’aime bien, spontanément, les types avec des bonnets même si il fait 42°c dans la salle) et surtout une putain de bonne pop, un grain de voix fêlé (celui d’Inaniel Swims) et l’art de vous embarquer dans des mélodies branchées sur des électrocardiogrammes irréguliers, reflets de l’activité électrique peu commune de ces deux mecs là. Le coup de foudre.
C’est au tour de Jaromil Sabor. A la scène comme à la ville, la tenue reste la même : chemise lambda, fut’ beige, vans pourries. Comme pour ses albums, il est plutôt bien entouré et la petite scène de l’Inter se remplit vite avec Antoine Sapparrart (Prêcheur Loup) à la guitare, Bart De Vraantijk (Skeptics, Double Cheese et boss de Frantic City) à la basse, Stéphane Jach (Jach Ernest) au clavier et Stéphane Gillet à la batterie.
Le set démarre avec Nuclear Flower (un titre exclusif qui était sur notre première compil Casbah Records, la Ramdam été 2015), et enchaîne avec deux morceaux du dernier album (Until the End of the World et Knocked-Out Circus). Jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici tout va bien…
Mais le show prend une saveur et une texture différente, un peu comme quand la crème commence à monter en Chantilly, avec Double Couple. Je ne reconnais pas le morceau et le principal intéressé m’apprendra que c’est à la base un titre acoustique de "Marmelade Sculpture" (premier album), qu’il re-sauce actuellement et qui devrait sortir dans une version 45t un peu plus musclée. Grand bien lui fasse à ce titre. C’est une bombe. L’enchaînement sur les 3 titres suivants est diablement efficace, et pour cause, une petite reprise de Buddy Holly (Oh Boy), puis deux titres de La Santa Roja : Blourk et They told me Kafka slept here. Et la combinaison de ces 4 titres, en live, est une vraie réussite car elle puise davantage dans le garage fifties, un genre dans lequel Jaromil Sabor excelle.
Du coup, ça danse dans les premiers rangs. Du coup, je me retrouve avec mes relous préférés en concert : en général celui qui saute-saute-saute (le type monté sur ressort), la groupie qui te balance ses grands cheveux blonds dans la gueule, le géant ou la girafe (qui sont grands mais qui sont myopes, donc au premier rang) – Ce soir, ça ne loupe pas, j’ai le droit au couple ultra love. Qui danse langoureusement ou énergétiquement mais sans jamais se décoller et en te donnant régulièrement des coups de culs au passage tout en célébrant leur amour naissant devant Jaromil Sabor.
Je suis, en réalité, assez surprise de l’aisance de Jaromil sur scène, exercice qui lui semble assez naturel, ultra souriant, les yeux rieurs et complices avec ses acolytes. La suite du set se poursuit sur une bonne lancée, plus garage que pop dans l’ensemble avec une alternance de titres balancés pied au plancher (Aedion et Seagrave Station) et de ballades (Midnight Cat et la balade Story of Lisa). On sent la fin du set arriver avec What I'm Saying.
Et là, Bim. La faille. Voici Becky was a carrion siren part II charcutée et amputée de sa partie I. Délestée de son intro pop et religieuse, le titre le plus génial du troisième album est coupé en deux, tombe comme un cheveu sur la soupe et perd toute sa force. Ce sera le seul regret, minime, avouons-le.
En guise de rappel, Jaromil fait revenir sur scène Chiens de Faïence pour rejouer Until the End of the World (la version originale leur appartient), puis Sorry Sorrow Swims pour une version bien débraillée d’Aedion, et qui ressemble, du coup, de plus en plus à Steppin’ stone des Monkees. Tout le monde gueule dans les micros, y’a plus un pet de place sur scène : c’est à l’image de Jaromil Sabor, multiple et généreux.