Jaromil Sabor et Prêcheur Loup

You shall use your time… and your mama’s too (Frantic city records) // par Lætitia Lacourt
Vous connaissez Tintin chez les garagistes ? Non ? Alors filez écouter Jaromil Sabor et Prêcheur Loup. Derrière ces deux pseudos schizo et compliqués à retenir, il y a Loïk Maille (Jaromil Sabor) et Antoine Sapparrart (Prêcheur Loup),  deux musiciens qui se rencontrent en 2007 à Bordeaux. Ils jouent ensemble dans divers groupes (The Magical Jumblies Club et Captain Kidd & the Dreamers) puis hiver 2010, se posent dans un canapé et enregistrent un morceau par jour. A la fin des vacances, abreuvés de John Lennon, des Fresh & Onlys, de Mr David Viner et de Wilson Pickett, ils partent faire la tournée des bars et salles bordelaises avec leurs morceaux fraichement composés. Les deux acolytes passent ensuite plusieurs années éloignés l’un de l’autre et se retrouvent été 2014. Et c’est au fond d’un jardin qu’ils pondent ce petit bijou aussi mystérieux que le diamant bleu. You shall use your time… and your mama’s too s’ouvre sur une intro country puis vous embarque avec « Indian Hill » pour des aventures façon Tintin en Amérique qui chevauche la Vallée des Peaux-Rouges avec The Animals. Le voyage continue dans des contrées plus folk avec des ballades dingues et Régaliennes comme la sublime « Nicole » et son intro à la guitare sèche, ou la très Velvet et planante « Pony in the swimming tool ».  Sur le chemin, on y trouve aussi des pépites punks comme « Calcomatraque » apte à hérisser droit comme un i la houpette de Tintin, ou encore « Sir Angel Ender ». Evidemment, nos deux personnages principaux sont aussi très habiles et prolixes dès lors qu’il est question de pur rock garage : « Spectrum Eyes » et  « Shit Sandwich » sont deux belles productions lo-fi joliment crasseuses et défroquées de toute pureté. Le trip n’est pas fini : « Nobody’s Business », plus country, est une sérieuse prétendante au titre de la chanson de l’été pour glander au volant, le coude sur la fenêtre. Diablement addictif, ce premier album fait preuve d’un éclectisme rare et d’une unité naturelle : une vraie pochette surprise blindée de petits cadeaux musicaux qui font toujours plaisir.
En revanche, You shall use your time… and your mama’s too est aussi la seule bonne raison de se racheter une voiture équipée d’un autoradio K7 avec equalizer - histoire d’obtenir encore un son plus immonde - puisque ces 10 pistes ne sont dispos que sur ce format là.