GOLDEN DAZE

Golden Daze (Autumn Tone Records 2016) // Par Buddy Drongo
Que la hype vous emporte !

    Plus de signal. Tout s'était arrêté net. Une démission générale. Même les climatosceptiques avaient fini par avoir raison d'eux-mêmes après l'achat de diffuseurs d'huile essentielle de pétrole pour leur intérieur sur les conseils avisés de leur femme ravies. Il ne semblait alors plus rien rester de l'ancien monde. Seul le chiourme d'une cabine Leslie, l'enfant chorus salvateur laissait plané sur Los Angeles sa trainée vaporeuse dont la provenance était difficile à évaluer : fuite de méthane abondante, smog résiduel, avions farceurs ? Nos experts de la nouvelle ère menaient l'enquête. 

    Les résultats ne se firent pas attendre. Une échographie du ciel nous permit dans un premier temps de remonter la piste de deux hommes officiant sous l'influence d'étourdissements liés à une exposition aux éruptions solaires prolongée. Une étude plus approfondie finira par démontrer une pollinisation vibratoire d'origine auditive à de nombreux genres s'étirant du folk psychédélique au shoegaze en passant par le Kilimandjaro, l'indie pop et l'importance d'un sommeil de qualité.

    A l'instar de ses contemporains que sont Wild Nothing, Deerhunter, Connan Mockasin pour ne citer qu'eux, Golden Daze creuse le sillon de l'oeuvre hybride, grand mix de l'épopée pop au-travers des âges : la nonchalance à trois accords bourrée d'ingéniosité mélodique et sonore. A la fois très british et très américain dans la composition et la production, les frontières s'effacent dans une vague 90's moderniste à l'affût des compressions 70's purifiées de tout soupçon. L'on renverra ici le lecteur à l'écoute de « Something on my mind » de l'immense Karen Dalton pour ce traitement particulier de la batterie si typique de l'idéal studio de l'époque, Fred Neil sur « The Dolphins » et ses incursions dans le monde des effets en milieu folklorique, et puis en vrac : The Smiths, My Bloody Valentines et The Verve sans qui aucun de nous n'aurait survécu au traumatisme de la vache folle. 

    Qu'on se le dise, c'est encore un tableau cubiste qui est mis aujourd'hui aux enchères avec toute l'indolence et l'excitation propre à la population dont sont issus nos deux responsables musicaux comparaissant à la barre, mon capitaine. Coupable peut-être de ne pas innover bonbon pour le dire simplement, l'expérience qu'ils nous proposent pourrait toutefois dans l'appareillage new-age être qualifiée de quantique dans le sens où tout le connu serait désormais disponible sur un même plan, le paradoxe d'un passé éternellement présent dont toutes les facettes nous sauteraient aux oreilles.

    S'il n'y a plus de futur, c'est qu'il y a du chorus. Directement revenu d'entre les morts de la new wave et en état de grâce depuis quelques années, cet effet aussi repoussant que séduisant et qui traverse cet album de part en part sera alors symbole de cette musique indé, l'agent chaos permettant la superposition des temps. Un signal modifié (la reproduction d'un son passé par une perception particulière) est ajouté à son signal original (le son à la source d'une époque), une boucle temporelle en poupées russes utilisée pour donner l'impression d'un ensemble d'instruments, de voix alors qu'en réalité le choeur de l'armée rouge n'est qu'un solo de pipeau de Jetrho Tull. 

    Conseil beauté du jour : agissez dans la confusion dorée.