GLORIA

« In Excelsis Stereo » (Howlin Banana 2016) // Par Super Poncho
     « Album de la semaine, un son du pick-up, un live-report, pis un deuxième et maintenant un review d'album. Dis-moi, y'a un partenariat Gloria-Casbah en ce moment ? » Partenariat sans doute pas mais une affection toute particulière pour ces Lyonnais tout droit sortis d'une communauté de chevelus mal-odorants. Encore une signature Howlin Banana, forcément.

     Deux ans que cet album est prêt. Oui oui, vous avez bien lu, deux ans. Et attention, un album clefs en main façon Renault 5 Turbo Diesel, sièges baquets et moumoute sur le volant. Un album, une tracklist, une pochette et un clip. Alors allez savoir pourquoi il ne sort maintenant... Le grand mystère de la musique psychédélique.
 
L'anachronique Kid Victrola
 
     Gloria. Te voilà. Toi qui fait fantasmer la Terre entière depuis soixante ans, te voilà enfin. Surprise, tu n'es pas seule. 3 femmes, 3 hommes, le groupe d'un futur musical paritaire. Dix centimètres de plus qu'annonçant la prophétie. A ta tête, le génial Kid Victrola, qui semble – et quelle chance – n'avoir pas réussi à passer le tournant des seventies. Parce qu'attention, Gloria, c'est pas du tout venant psychédélique, c'est du millésime années 66-69.

Le son Gloria
 
     Le chanteur d'un des groupes les plus connu et reconnu d'Howlin Banana me confiait lors d'une interview : « dans le genre, c'est pas à la sauce de, ça veut pas sonner comme, ça sonne comme ça. Et c'est là où ce disque est cool. C'est que du coup, t'es pas en train d'écouter une imitation. Le mec, il a le jeu, la sonorité, la production et les morceaux qui font le truc. Tu n'es pas en train d'écouter une copie et c'est ce qui fait la force de ce disque ».
 
« Dîtes, c'est du cristal vos voix ? »

     Mais alors, ça sonne comment Gloria ? Niveau voix. Prenez trois cantatrices made in 60's. Grace Slick, Catherine Ribeiro et Jacqueline Taïeb par exemple – google translater les deux dernières et on y est  -  et imaginez une symbiose de leurs incroyables voix. Vous êtes pas loin. Ecoutez pour comprendre. Prenez le temps de vous poser, écouter The Highlight et laissez-vous embarquer par les harmonies vocales des trois chanteuses de Gloria, y'a rien de mieux à faire en cette saleté de mois de janvier. Opération à répéter avec les titres Show Me et l'ultime morceau Requiem for a Witch où la pedal steel  - un de ses pêchés mignons – de Kid Victrola fait merveille.
 
La guitare de Kid Victrola directement alimentée par une centrale électrique
 
     Eh oui, parce que derrière cet angélique cerbère féminin se cache le jeu de guitare de Kid Victrola. Quand on connait l'amour du boss d'Howlin Banana pour le garage sixties pur sucre, on comprend la raison de la signature de Gloria sur son label. L'électricité de la guitare est poussée à son paroxysme. Chaque solo est un violent coup de fouet, ça cingle. Les trois premiers titres sont ceux où le guitariste-compositeur s'exprime le mieux. Que ce soit Braindead ou Shelter, le rythme est enlevé, on est comme le cul entre deux chaises entre suivre la guitare ou les voix, on hésite pour finalement tout prendre en pleine face et prendre un pied pas possible.
 
     Mais LE TITRE,  LE HIT à la portée planétaire, c'est Beam Me Up. Le genre de morceau qui convertirait n'importe quel haut-fonctionnaire du Ministère des Finances au flower power. Rien ne sert de disserter, il faut l'écouter pour le croire.
     Au final, c'est cet amour des sixties allié à une patte musicale à la forte personnalité qui font le son Gloria. Je parlais tout à l'heure d'un tube à la porte planétaire... en 1967, aurais-je dû préciser. Et c'est bien là tout le drame de la musique psychédélique d'aujourd'hui.